Mercredi 29 mars. Tout semble normal dans la patinoire du HC Bienne. Le quotidien d'une équipe de hockey à l'heure des play-offs. L'entraîneur Antti Törmänen (52 ans) dirige l'entraînement. C'est la dernière session avant le début des demi-finales contre les ZSC Lions, jeudi soir. Pourtant, rien n'est plus comme avant.
La veille, peu après 20 heures, le club annonçait qu'Antti Törmänen devra prochainement se soumettre à un nouveau traitement contre le cancer pendant six mois.
Dans le couloir des vestiaires, le directeur sportif Martin Steinegger (51 ans) est visiblement bouleversé. Le sort de son entraîneur le touche profondément. Mais, en même temps, il rayonne de la volonté de surpasser cette situation. Il n'en reste pas moins conscient de la tragédie humaine qui touche le HC Bienne ces jours:
Il y a cette formule pour résumer la réalité du quotidien sportif, et plus largement de la vie: «The Show must go on». Le HC Bienne est caractérisé, à tous les niveaux, par une cohésion familiale exceptionnelle dans le sport professionnel du 21e siècle. Cette culture particulière se manifeste aussi, surtout en ce moment, par le calme et la franchise avec lesquels Martin Steinegger explique ces circonstances difficiles.
Le directeur sportif assure qu'Antti Törmänen reste entièrement responsable de l'équipe, qu'il poursuit donc son travail et qu'il continuera à coacher l'équipe contre Zurich. «Il sera également disponible après les matchs pour répondre à toutes les questions sportives.»
Martin Steinegger ne sait pas encore s'il viendra à la bande pour soutenir son coach. «Je laisse la question ouverte. Mais je serai plus proche de l'équipe», précise-t-il. Les play-offs sont une situation extrême dans le hockey sur glace. Les Biennois sont donc dans une situation extrême pendant une situation extrême. «Oui, on peut dire ça comme ça», valide le directeur sportif.
Il aurait été théoriquement possible de cacher l'état de santé d'Antti Törmänen jusqu'à la fin de la saison. Martin Steinegger l'avoue: la décision de rendre l'information publique n'a pas été prise à la légère.
Des rumeurs auraient probablement circulé d'une manière ou d'une autre dans les jours à venir.
Reste une question: quel impact aura cette situation sur les performances sportives? Les joueurs vont-ils se battre encore plus pour leur entraîneur? Martin Steinegger n'aime pas cette formulation. «Les joueurs ne se battent pas pour ou contre un entraîneur, mais en fin de compte pour eux-mêmes.» La maladie de Törmänen les touche tous. Mais il ne s'agit donc pas d'un combat pour l'entraîneur. «Je vois plutôt ça comme une source d'inspiration», philosophe Martin Steinegger.
Une motivation toute particulière, donc. Le directeur sportif a confiance dans la capacité de son équipe à surmonter cette situation difficile. «L'autonomie des joueurs fait partie de notre culture», se félicite-t-il. Selon lui, il n'est pas nécessaire d'expliquer constamment aux hockeyeurs ce qu'il faut faire ou comment se comporter. Il est persuadé que cette autonomie aide à gérer la situation.
Ce n'est pas la première fois que Bienne tremble pour son entraîneur. Antti Törmänen avait dû interrompre son travail pendant une année dès l'été 2020 en raison, déjà, d'un traitement contre le cancer. Lars Leuenberger avait assuré l'intérim pendant toute la saison. Mais Martin Steinegger ne veut pas faire de parallèle avec ce que traverse le club ces jours:
Le capitaine Gaëtan Haas a expliqué brièvement comment ses coéquipiers et lui avaient appris la triste nouvelle: ils ont été informés lors d'une réunion chargée émotionnellement.
Mais, désormais, les employés du club ont convenu que la maladie d'Antti Törmänen ne sera plus abordée. Qu'il faut se concentrer sur le sport. C'est ce retour à la routine quotidienne – au hockey sur glace, justement – évoqué par le directeur sportif qui aide tout le monde à gérer cette situation.
Et il y a des choses à dire sur l'aspect sportif avant cette demi-finale contre Zurich. Il y a un an, les Biennois ont perdu un quart de finale dramatique contre ces mêmes Zurichois au 7e match, après avoir pourtant mené 2-0 et 3-2 dans la série.
Mais la confiance du défenseur Yannick Rathgeb est grande. Elle était déjà inébranlable pendant le quart de finale contre le CP Berne. Malgré le souvenir de l'échec de 2019 contre le grand rival cantonal (les Biennois avaient mené, là-encore, 2-0 puis 3-2), il n'a jamais douté et Bienne a finalement remporté pour la première fois de son histoire une série de play-offs contre les Ours.
Il est également confiant avant la demi-finale contre les Zurichois. «On est meilleurs par rapport à l'année dernière», prévient le numéro 27 seelandais. Il considère la cohésion de l'équipe comme une qualité particulière, qui a permis de progresser.
C'est cette cohésion qui, ces jours-ci au HC Bienne, aide tout le monde au-delà du sport.
Adaptation en français: Yoann Graber