Le petit score du IIIe acte mardi aux Vernets – 2-1 pour Bienne après prolongation – ne trompe pas: dans cette finale, les défenses sont solides. Et c'est presque un euphémisme quand on parle de celle de Genève-Servette en infériorité numérique.
C'est simple: les Aigles n'ont concédé aucun but sur les dix fois qu'ils se sont retrouvés à un homme – ou deux – de moins sur la glace dans cette série. Autrement dit, une efficacité de 100%. Un nombre qui a de quoi faire tomber à la renverse même le patineur le plus aguerri! D'autant plus quand on voit le talent du powerplay biennois en face, avec l'artiste et serial buteur Toni Rajala, pour ne citer que lui.
En comparaison, la moyenne de la saison régulière pour les quatorze clubs de National League était de 78%. Celle des Aigles était très légèrement supérieur (79%). Mais dans ces play-offs, ils ne font que monter en puissance dans ce domaine.
Face à Lugano en quarts, les hommes de Jan Cadieux ont gardé leur cage inviolée lors de 83% de leurs infériorités numériques. En demi contre Zoug, ce nombre est passé à 92% (un seul but encaissé en treize infériorités numériques). Il a fait de Genève le meilleur box play des quatre équipes encore en lice, et de loin.
Mardi, les Grenat ont ajouté trois nouveaux blanchissages dans cette situation spéciale (les deux buts biennois ont été inscrits à cinq contre cinq). Forcément, le défenseur Arnaud Jacquemet est fier d'appartenir à ce box play servettien:
C'est tout sauf un hasard si Genève excelle dans ce registre. Arnaud Jacquemet a raison: ses coéquipiers et lui sont très agressifs sur le porteur du puck, en plus de quadriller parfaitement leur zone défensive (et de pouvoir compter sur leur gardien Robert Mayer – très bon dans ces play-offs – quand il le faut). Résultat? Bienne n'arrive tout simplement pas à installer son jeu de puissance. «Ces situations spéciales sont un jeu d'échecs», résume le numéro 17 des Vernets.
L'entraîneur genevois Jan Cadieux était, logiquement, lui aussi satisfait du box play. «On a bien travaillé, les gars appliquent ce qu'on leur demande», s'est-il contenté d'analyser, déçu par la défaite.
Même s'ils sont pour l'instant excellents en infériorité numérique, les Aigles ont de fortes chances de se brûler les ailes à un moment donné dans cette série.
Parce que quand les Biennois sont en bonne position pour marquer, ils sont d'une précision chirurgicale. Mardi, ils ont été dominés durant la grande partie de la rencontre (28 tirs à 49) mais ont fini par s'en sortir grâce à leur réalisme devant la cage adverse. Et il n'y a aucune raison pour qu'ils deviennent maladroits dès qu'ils évoluent en powerplay, malgré tout le travail de sape des Genevois.