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Odermatt est géant, mais est-il tant meilleur que les autres?

Le Suisse Marco Odermatt lors de sa victoire en géant à Adelboden.
Le Suisse Marco Odermatt lors de sa victoire en géant à Adelboden.Image: KEYSTONE

Odermatt est géant, mais ses écarts avec les autres sont-ils si exceptionnels?

Leader incontesté de la Coupe du monde, Marco Odermatt assomme les courses les unes après les autres, notamment en géant où il reste sur sept victoires de rang. Nous nous sommes intéressés aux écarts qu'il flanque à ses adversaires dans la discipline et aux temps de certaines légendes.
23.01.2024, 06:2123.01.2024, 10:40
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Marco Odermatt avance vite. A 26 ans seulement, le Nidwaldien totalise déjà 18 succès en Coupe du monde dans sa discipline de prédilection: le géant. Soit autant que le Français Alexis Pinturault, de six ans son aîné. Si le record de 46 victoires du Suédois Ingemar Stenmark semble loin, pour l'heure inatteignable, Odermatt se rapproche peu à peu des trois autres coureurs qui le devancent encore: Michael von Grünigen (23 succès), Ted Ligety (24) et Marcel Hirscher (31).

Intraitable cet hiver (il a remporté les quatre premiers géants du calendrier), «Odi» ne se démarque pas uniquement par ses nombreux succès. Les écarts qu'il colle à ses adversaires sur deux manches impressionnent. Marco Odermatt avait conclu la saison dernière à Soldeu par une victoire nette et sans bavure, plaçant tous ses concurrents à plus de deux secondes. Depuis, il conserve des standards élevés, n'ayant gagné qu'une fois par moins de 98 centièmes. C'était à Alta Badia, lorsqu'un grand Filip Zubcic mourrait à 0''19. Mais là encore, le troisième, Žan Kranjec, était relégué à 2''26.

Marco Odermatt lors du premier des deux géants d'Alta Badia en décembre dernier.
Marco Odermatt lors du premier des deux géants d'Alta Badia en décembre dernier.Image: keystone

Pour tenter de situer les performances du Suisse, nous les avons comparées avec celles des coureurs qui ont marqué la discipline ces dernières années. Loin de nous l'idée d'identifier le GOAT, la comparaison entre les époques étant toujours un exercice périlleux. Simplement une volonté de mieux comprendre le phénomène Odermatt, et de mettre en avant les prouesses qu'il réalise.

Méthodologie
Nous nous sommes d'abord intéressés aux 10 skieurs ayant le plus gagné en géant en Coupe du monde et n'avons retenu que ceux dont les victoires ont été établies en majeur partie ou en intégralité au 21e siècle. C'est ainsi que nous avons étudié les triomphes d'Alexis Pinturault (18), Marcel Hirscher (31), Ted Ligety (24) et Benjamin Raich (14, dont un en 1999). Hermann Maier, 14 victoires dont sept durant ce siècle, a lui aussi été sélectionné, au contraire de Michael von Grünigen, 23 succès - seulement sept après 2000. Les données concernant Ingemar Stenmark (46), Alberto Tomba (15) et Gustav Thöni (11) n'ont pas été recueillies. Cette volonté de se concentrer sur les meilleurs géantistes du 21e siècle s'explique par la très forte évolution du ski au fil des années; d'où une confrontation jugée non-pertinente. Une fois les skieurs retenus, nous avons calculé pour chacun d'entre eux les écarts moyens infligés aux deuxièmes et aux troisièmes (arrondis au centième), tout en relevant le nombre de fois où l'un des 10 géantistes les plus victorieux en Coupe du monde partageaient le podium.

Maier et Hirscher devant

Hermann Maier est celui qui, en moyenne, a gagné avec les plus grands écarts: 1''08 sur le deuxième et 1''48 sur le troisième, en ayant étant accompagné sur le podium 32,1% du temps par des membres de notre prestigieux Top 10 - principalement le Suisse Michael von Grünigen. Même s'il s'est imposé une fois en 2005 à Sölden, Herminator a surtout brillé en géant de 1997 à 2001, étant également souvent aux prises avec Stephan Eberharter. Il est le plus éloigné de Marco Odermatt, et les écarts qu'il a faits, si fous soient-ils, doivent néanmoins être interprétés avec un certain recul, l'hyper professionnalisation ayant tendance à homogénéiser le plateau et niveler les différences entre les athlètes.

Il suffit d'ailleurs de se rendre sur ski-db.com, une immense base de données dédiée au ski alpin, pour constater que les écarts max records enregistrés entre un vainqueur et son dauphin, quelle que soit la discipline, nous viennent majoritairement du siècle précédent. A l'inverse, les données qui touchent aux différences les plus infimes correspondent davantage à la période étudiée.

Hermann Maier lors du géant de Crans-Montana en 1998.
Hermann Maier lors du géant de Crans-Montana en 1998.Image: KEYSTONE

Un autre Autrichien apparaît ensuite: Marcel Hirscher. Le Salzbourgeois a triomphé en géant de 2009 à 2019 et a devancé en moyenne ses compagnons de 99 centièmes et 1''31. Il a été accompagné sur le podium 27,4% du temps par les Ligety, Pinturault et Raich, le tout en 31 victoires, c'est dire la concurrence. Hirscher détient également le plus grand écart enregistré entre un 1er et un 2e au 21e siècle - 3''28 sur Felix Neureuther à Garmisch en 2015. Il concluait alors une saison exceptionnelle: cinq victoires à plus d'une seconde.

Odermatt et Ligety en embuscade, «Pintu» et Raich derrière

Quand il gagne en géant sur le circuit de la Coupe du monde, Marco Odermatt le fait en moyenne avec 76 centièmes d'avance sur son dauphin et 1''17 sur le troisième. Depuis sa première victoire à Santa Caterina en décembre 2020, il est principalement concurrencé par Schwarz, Meillard ou Kristoffersen lorsqu'il monte sur la plus haute marche du podium. De très bons géantistes, mais il est vrai que leur palmarès n'est pas aussi garni que ceux de Marcel Hirscher et Ted Ligety. Pinturault, lui, n'est peut-être plus aussi tranchant qu'il ne l'a été, puisqu'il n'a accompagné Odermatt que quatre fois sur l'ensemble de ses 18 podiums.

Les écarts infligés par Ted Ligety à ses adversaires sont sensiblement les mêmes: 0''76 sur ses dauphins et 1''09 sur les troisièmes. L'Américain a gagné de 2006 à 2015 mais a surtout dominé entre 2012 et 2014, en pleine concurrence avec des coureurs de renom. D'ailleurs, lorsque Ligety gagnait, il y avait 50% du temps, à sa gauche comme à sa droite, Hirscher, Pinturault ou Raich. Par deux fois, «Monsieur Géant» a distancé tous ses adversaires à plus de deux secondes, à Sölden puis Alta Badia en 2012. Ce +2''75 imposé à Manfred Moelgg est même le deuxième plus grand écart enregistré au 21e siècle, derrière celui d'Hirscher flanqué à Neureuther.

De son côté, Alexis Pinturault repousse les autres à 54 puis 90 centièmes sur la moyenne de ses 18 succès. Il a souvent empêché Hirscher de gagner encore. Benni Raich, lui, s'imposait en moyenne par 0''45 et 0''77 sur les deux athlètes qui le suivaient.

Si pour la plupart des coureurs mentionnés, les différences sont désormais figées dans le temps, ce n'est pas le cas de Marco Odermatt. Ses marges augmentent au fil des saisons - sa moyenne est encore amenée à progresser tant il y a lui et les autres à l'heure actuelle en géant, et pas celui capable de le détrôner.

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