Michelle Gisin skie actuellement à des milliers de kilomètres, sur la neige canadienne où elle prépare les deux géants à Tremblant (samedi 2 et dimanche 3 décembre). Nous l'avons attrapée par téléphone, dans une gymnastique horaire, alors qu'elle venait de rallier la station canadienne.
L'Obwaldienne a (déjà) enchaîné cinq courses depuis le début de saison: deux géants à Sölden et Killington (19e et 14e) et trois slaloms (21e, 15e et 6e). Ses résultats démontrent qu'elle monte en puissance. «C'est un bilan très positif, surtout en slalom, avec le peu d'entraînement accordé lors de la préparation estivale, renseigne-t-elle. En géant, je suis sur le bon chemin, alors que je n'ai pas skié de très bonnes manches. Les deux épreuves (réd: deux géants) de Tremblant arrivent à point nommé.»
Pour l'une des leaders de l'équipe nationale féminine, cette nouvelle saison semble être un bon millésime au vu de ses premiers coups de carre. Un été intensif et un nouveau groupe d'entraînement, celui de vitesse, qu'elle considère comme «une équipe très cool», pour donner la pleine mesure de son potentiel sur cet exercice 2023/2024.
Si elle se réjouit de chausser les longs skis et combler son caractère de descendeuse, il lui faudra attendre le 8 décembre et Saint-Moritz, date des premières épreuves de vitesse. Elle arrivera avec sept courses au compteur. La polyvalente obwaldienne relevait le rythme effréné d'un calendrier trop chargé, elle qui a aligné 42 courses l'an dernier. «Je ne me plains pas, mais c'est vrai que j'aimerais bien avoir une semaine off pour me reposer pendant l'hiver. En même temps, j'adore avoir un dossard sur le dos.» Tant qu'elle se sent compétitive, pas de place pour le repos, ni pour écarter une discipline.
Au sortir d'une saison en demi-teinte, peu de changements ont été apportés. Sûre de son fait, compétitrice dans l'âme, la double championne olympique de combiné alpin balaie d'un revers les questions concernant les problèmes rencontrés avec son matériel.
Son passage de Rossignol à Salomon l'année dernière coïncidait avec sa baisse de régime. Plusieurs athlètes ont décidé de quitter Salomon (Camille Rast et Mathieu Faivre). Mais Michelle Gisin n'a jamais ne serait-ce que pensé quitter la marque française. «L'année dernière, il fallait être patiente et beaucoup de monde n'avait pas cette patience. J'ai dû m'adapter au nouveau matériel et j'ai la chance de sentir un total soutien de Salomon.»
Autre sujet évoqué avec l'une des stars de l'équipe féminine, la (fameuse) polémique concernant les courses Zermatt/Cervinia. Daniel Yule nous confiait être un peu harassé par les critiques qui lui «pesaient sur le moral». Gisin appuie cette sensation désagréable: «On ne parlait plus de sport, tout était négatif. Ça vous touche, parce que notre sport est frappé de plein fouet par le dérèglement climatique».
Même si elle ne partage «pas à 100%» le traitement médiatique autour de Zermatt/Cervinia et Sölden, Gisin est consciente des enjeux climatiques qui pèsent sur son sport. «Il faut un travail plus en profondeur concernant l'empreinte carbone du monde du ski.»
Elle avance une première solution pour diminuer l'empreinte carbone du cirque blanc: «Il faudrait que les organisateurs et la FIS se penchent sur un système de transports publics, par exemple».
Michelle Gisin va plus loin encore et déclare avec une ironie perceptible: