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Alexis Pinturault: «Didier Cuche m'a apporté des réponses»

«Pintu» rêve d'une première victoire en descente.
«Pintu» rêve d'une première victoire en descente. Keystone

Alexis Pinturault: «Didier Cuche m'a apporté des réponses»

Le Français de 32 ans se tourne vers la descente. Une décision qu'il a prise, après avoir notamment consulté l'ancien skieur neuchâtelois.
30.11.2023, 18:4830.11.2023, 21:59
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Alexis Pinturault, vainqueur du gros globe de cristal en 2021, a fait de la descente son nouvel objectif. Engagé à Beaver Creek, sur la redoutable piste de la «Birds of Prey», il défiera ce week-end les spécialistes de l'épreuve reine, pas de «simples combinards».

S'il compte bien briller dans un futur proche en descente, Pinturault reste lucide. Il voit cette première saison complète dans la discipline comme un nouveau challenge à aborder, et s'élance surtout sur un cycle de trois ans, le conduisant jusqu'aux Jeux olympiques de 2026, à Milan-Cortina.

Le programme de Beaver Creek 🍿
Les hommes sont aux Etats-Unis pour un week-end de vitesse. Deux descentes sont prévues, vendredi et samedi, avant un super-G dimanche. Les trois départs seront donnés à 18h45, heure suisse.

Le Français est le seul skieur à comptabiliser des victoires dans six disciplines (slalom, géant, super-G, combiné, city event et parallèle), et il tient à en claquer une en descente d'ici la fin de sa carrière. Il ferait ainsi jeu égal avec Mikaela Shiffrin, mais surtout, il rejoindrait au panthéon du ski les cinq coureurs masculins (Marc Girardelli, Pirmin Zurbriggen, Günther Mader, Kjetil-André Aamodt et Bode Miller) qui détiennent au moins un succès dans chacune des épreuves traditionnelles de la Coupe du monde, à savoir le slalom, le géant, le super-g, la descente et le combiné. Le défi est de taille, mais Alexis Pinturault met tout en œuvre pour le relever.

Alexis Pinturault a pris la 9e place du premier entraînement des descentes de Beaver Creek, mardi.
Alexis Pinturault a pris la 9e place du premier entraînement des descentes de Beaver Creek, mardi.Keystone

Les bons conseils de Didier Cuche

Le skieur de Courchevel n'a pas pris sa décision sur un coup de tête. Il y songeait depuis deux ans, il a d'ailleurs beaucoup échangé avec son staff et son entourage.

Pour être certain de faire le bon choix, Pinturault s'est également entretenu avec l'un des meilleurs descendeurs de l'histoire du ski, le Neuchâtelois Didier Cuche, vainqueur du petit globe de la spécialité en 2007, 2008, 2010 et 2011, et petit gabarit, comme lui.

«J'ai discuté avec Didier Cuche l'année dernière, preuve que je me posais déjà cette question. J'avais beaucoup d'interrogations par rapport à mon poids, ma taille. Didier Cuche a été l'un des plus grands descendeurs de l'histoire de notre sport et il m'a apporté beaucoup de réponses. Il n’a pas essayé de me convaincre, mais il a été dans le débat, dans la discussion. En fin de compte, il est assez naturel de passer des disciplines techniques aux disciplines de vitesse. Beaucoup d'athlètes sont passés du slalom, du géant au super-G et à la descente»
Alexis Pinturault, au Comité international olympique

Alexis Pinturault a toujours été attiré, intrigué même par la discipline reine du ski alpin. Mais il cherchait des réponses, pour savoir s'il n'était pas «fou», comme il le dit si bien dans Pinturault: le goût du risque, un docu «L'Equipe Explore» réalisé par Jean-Pierre Bidet.

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Didier Cuche sur la Streif de Kitzbühel.Image: keystone

Une nouvelle équipe et une préparation physique colossale

Le champion du monde du combiné s'est entouré de nouveaux entraîneurs, dès la fin de la saison dernière, pour mettre toutes les chances de son côté. Martin Sprenger est ainsi devenu le coach référent de la cellule personnelle d'Alexis Pinturault. Au sein de la fédération autrichienne, l'homme était en charge de plusieurs spécialistes de vitesse, également à l'aise en géant.

«On est partis à l'entraînement tous ensemble, en fin de saison, les anciens et nouveaux entraîneurs. C’était pour faire une certaine forme de passation de flambeau (...) Ça a donné beaucoup de sens et une certaine fluidité dans la transition»
Alexis Pinturault, au Comité international olympique

Son été, «Pintu» l'a passé à la salle de musculation. Il y a travaillé ses lacunes, surtout les hanches, impliquées dans la position de recherche de vitesse, et essentielles à la stabilisation du corps. Dans le documentaire que L'Equipe lui dédie, on le voit se préparer physiquement, à encaisser les sauts et les aspérités de la piste. Pinturault évoque «l'image du tank», une enveloppe qui le protègera des coups, des réceptions et des chutes. Son préparateur, l'Autrichien Martin Hager, a voulu faire de lui un véritable «panzer».

Inspiré par un autre Suisse

Alexis Pinturault a pris près de 4 kilos de muscle durant sa préparation estivale. La balance vacille désormais autour du chiffre 88, encore loin de ses principaux concurrents.

«Le poids moyen reste de 95 kilos chez les descendeurs, j'en suis encore très loin»
Alexis Pinturault, à Eurosport

Néanmoins, le Français ne cherche pas une transformation radicale, car même s'il ne prendra plus les départs en slalom, il souhaite conserver ses aptitudes en géant, et doit pour cela garder une certaine explosivité, qu'un profil plus «lourd» lui ferait perdre. Une situation complexe, car comme il le confiait à Eurosport, il glisse bien (les tests effectués à Zermatt ont été plutôt bons), mais reste déficitaire par rapport aux «gros».

Le skieur est conscient de ne pas pouvoir déjouer les lois de la physique, mais sait qu'il peut tirer son épingle du jeu ailleurs, notamment «sur les parties techniques et stratégiques, où il faut emmener le plus de vitesse possible pour les plats». Le Suisse Didier Cuche, qui intervient à plusieurs reprises dans le documentaire réalisé par L'Equipe, est également de cet avis.

«La loi physique est ce qu'elle est. Plus on est lourd, plus sur une pente on est censé aller vite. Mais c'est un mélange justement entre cette loi physique, et les autres, celle de la technique par exemple. Comment on négocie un virage, comment on fait les angles»
Didier Cuche

Toujours pour Eurosport, Alexis Pinturault déclare s'inspirer d'un autre suisse, en l'occurrence Marco Odermatt, dont le physique se rapproche du sien. Il veut suivre son exemple, «prendre des repères pertinents», pour l'aider à aller «plus vite, plus loin, plus haut».

«Marco Odermatt fait à peu près mon poids aujourd'hui, et ça ne l'empêche pas de pouvoir être régulièrement sur le podium en descente»
Alexis Pinturault
France's Alexis Pinturault and Switzerland's Marco Odermatt react after completing an alpine ski, men's World Cup giant slalom in Kranjska Gora, Slovenia, Sunday, March 12, 2023. (AP Ph ...
Alexis Pinturault (à droite) et Marco Odermatt sur le podium du géant de Kranjska Gora. Keystone

«Pintu» a toujours été excellent physiquement, mais ce n'est pas sur ce terrain là qu'il fera toute la différence en descente. Expérimenté, il ne part pas de zéro, la preuve avec ses départs en combiné, et quelques apparitions sur l'épreuve reine, en course ou aux entraînements, les saisons précédentes. Le skieur de Courchevel a toutefois encore beaucoup à apprendre, notamment au niveau de la lecture du terrain, de la glisse et des courbes à tailler. Il doit aussi trouver un certain «feeling» en piste, comme le mentionne Aksel Lund Svindal. C'est sans doute pour toutes ces raisons que Pinturault ne s'attend pas à gagner en descente dès cet hiver.

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