Tout d'abord, il faut savoir que le Qatar possède la moitié de la planète (façon de parler), et qu'un boycott complet peut conduire tôt ou tard à une vie ascétique. Le fonds souverain Qatar investment authority (QIA) revendique 461 milliards de dollars d'actifs sous gestion, plus de la moitié du PIB suisse, dans différents pays, secteurs et portefeuille.
Par conséquent, il existe une quantité infinie de boycotts possibles sans en passer nécessairement par la Coupe du monde de football, dont le coût ne représente «que» huit milliards de dollars*, soit 1,7 % des investissements souverains (façon de calculer). A l'intention des insurgés et autres néo-censeurs romands, nous avons recensé sept façons aisées de devenir «Qatar free».
L'émirat fut pendant longtemps le principal actionnaire de CS Group. Après l'augmentation de capital présentée ce lundi, sa participation sera ramenée à 5,026%, derrière Saudi national bank (9,9%), Harris associates (5,17%) et Blackrock (5,06%). En difficulté, Credit Suisse reste très dépendant de son vieil allié qatari.
Le Qatar figure au 63e rang des partenaires commerciaux de la Suisse, loin derrière l'Allemagne. Parmi les gros exportateurs: l'horlogerie. Toutes les enseignes du «made in Switzerland» ont pignon sur rue à Doha, où les affaires restent florissantes. Selon les chiffres de juin dernier, les ventes de montres suisses vers le Qatar ont augmenté de 22,2%.
Le parc immobilier de QIA compte plusieurs fleurons de l'hôtellerie suisse. Selon Bilanz, l'achat de ces palaces, puis leur remise en état, aurait coûté un milliard de francs aux Qataris. Outre des investissements dans des fonds immobiliers, l'émirat a mis la main sur le Royal Savoy de Lausanne, où les travaux de rénovation auraient atteint 100 millions de francs. QIA détient encore le Schweizerhof de Berne, où les chefs d'Etat ont leurs habitudes. Mais il a surtout acquis le vénérable Bürgenstock Resort, une sorte de hameau juché sur une colline, accessible en bateau, funiculaire ou ascenseur, au-dessus du Lac des Quatre-Cantons. Ce domaine de 60 hectares propose 3 hôtels de 383 chambres et suites, 8 restaurants, plusieurs spas et centres médicaux.
Après quatre annulations successives à Palexpo, officiellement pour des raisons conjoncturelles, le Geneva international motor show (GIMS) aura lieu à Doha en 2023. L’accord prévoit une alternance entre les deux villes, a minima un Salon tous les deux ans à Doha.
Au premier semestre de cette année, le Qatar est devenu le premier client de l'industrie suisse de l'armement. L’émirat a acheté pour 117,5 millions de quincaillerie militaire, majoritairement des systèmes de défense antiaérienne destinés à protéger les stades pendant la Coupe du monde.
Ce matériel est fourni par la société Rheinmetall air defence, anciennement Oerlikon-Bührle, l'un des plus gros contribuables de la ville de Zurich. L'entreprise emploie un bon millier de collaborateurs, dont la moitié habite dans la cité et y paie ses impôts. Pour Zurich, les recettes fiscales attribuables aux achats militaires du Qatar atteignent des montants à sept chiffres.
Le 22 mars dernier, le Conseiller fédéral Ueli Maurer s'est rendu à Doha pour négocier la livraison de gaz naturel liquéfié à la Suisse. Les stocks sont actuellement épuisés mais les premiers échanges sont espérés à l'horizon 2025.
Le Qatar possède 1% du groupe français de luxe LVMH, où figurent plusieurs joyaux de l'horlogerie helvétique (Bulgari, Tag Heuer, Zenith, Hublot) mais aussi les fameux champagnes Moët et Chandon, Dom Pérignon, Krug, Canard-Duchêne, Ruinart, Pommery et Veuve-Cliquot. Pour un boycott absolu du Qatar, ou plus idéalement encore, pour un retour aux sources, nous pouvons conseiller le Germanier (VS), le Mauler (NE) ou encore le Baccarat (GE).
*Hors infrastructures extrasportives telles que routes, aéroports, métros ou hôtels, dont le coût total est estimé à 210 autres milliards de dollars.