Pour une fois, ce n'étaient pas les coureurs qui étaient la star du récent rendez-vous médiatique organisé par l'équipe professionnelle «Thömus maxon», mais leur vélo. Rien de plus normal: Mathias Flückiger et Alessandra Keller, les figures de proue de l'équipe, n'avaient pas grand-chose à raconter sur leur saison puisqu'aucune course n'a encore été disputée et que leur grand objectif de l'année (les Jeux olympiques) n'est que dans cinq mois.
C'est la raison pour laquelle, une fois n'est pas coutume, les projecteurs étaient braqués sur un engin à deux roues de 9,8 kilos. Trois ans et demi ont été nécessaires pour développer «le meilleur VTT du monde», comme l'a décrit avec assurance le CEO Thomas Binggeli. Le fabricant de vélos bernois a 33 ans d'expérience. Il est particulièrement fier du fait que plusieurs composants sont produits en Suisse. Pour le développement des vélos, qui a coûté environ 1,3 million de francs, il a notamment pu compter sur l'expertise de la Haute école spécialisée bernoise et de l'EPF de Zurich.
Ce VTT sera bientôt disponible dans le commerce à un prix variant entre 6000 et 12 000 francs selon la configuration. Mais il doit surtout apporter le pour cent d'avantage décisif pour les coureurs professionnels dans la lutte pour la victoire. L'actuel numéro 1 mondial, Mathias Flückiger, ne vise rien d'autre que le titre olympique cet été à Paris.
Ce n'est pas la première fois que Flückiger participe de manière déterminante au développement d'un nouveau vélo. Il l'avait déjà fait pour le modèle précédent, qui avait connu son baptême du feu aux Jeux olympiques de Tokyo, ou auparavant pour le prototype des Jeux olympiques de Rio en 2016. A l'époque, il était encore au service de Stöckli. Le chef d'équipe Ralph Näf affirme qu'il est «un monstre» dans ce domaine.
Avec son bagage d'apprenti mécanicien en machines de chantier, le Bernois de 35 ans sait même laminer le carbone, un matériau high-tech.
Lorsqu'on interroge le médaillé d'argent de 2021 à Tokyo sur le vélo et sa participation, les explications fusent. Il qualifie déjà son nouvel outil de travail de «highlight de l'année».
Flückiger affirme que l'effort supplémentaire consenti dans le processus de développement en vaut la peine et il s'enthousiasme pour la collaboration chez Thömus, «où tout le monde parle la même langue. Une petite marque peut ainsi développer un vélo beaucoup plus rapidement».
Le Bernois se souvient de son passage chez Trek, une marque internationale de premier plan, «où dix ingénieurs décidaient et où mes possibilités de conception étaient très limitées». Le sportif qualifie la version de son nouveau vélo de «parfaite».
Mais quelles sont les particularités qui rendent ce vélo si spécial? Le poids a encore été réduit d'environ 600 grammes par rapport au modèle précédent (image ci-dessus). Malgré cela, la machine de course est plus stable, plus durable et plus efficace que toutes les versions précédentes. Et grâce à la forme conique du cadre, elle est également plus aérodynamique, tout en permettant moins à la saleté d'adhérer au cadre.
Douze ans après le développement du premier vélo entièrement carbone chez «Thömus», la marque a même trouvé un potentiel d'amélioration dans ce matériau. Le centre de gravité nettement plus bas que celui des VTT traditionnels et la possibilité de modifier l'angle du jeu de direction en fonction des exigences du parcours participent également à la renommée de ce nouveau vélo.
Médaillé d'argent de Tokyo, Mathias Flückiger semble convaincu que son nouvel outil de travail lui permettra de réaliser de grandes choses à Paris, et que d'ici aux Jeux olympiques, il pourra laisser derrière lui les accusations de dopage qui pèsent encore sur ses épaules.
Rappelons qu'en août 2022, le Bernois avait été suspendu provisoirement pour un «résultat atypique» après que des traces de Zeranol avaient été retrouvées dans ses urines. Swiss Olympic avait levé cette suspension quatre mois plus tard, mais la procédure est toujours en suspens auprès de la chambre disciplinaire.