La Suisse est, selon le ministre de la Santé, sur de bons rails pour tordre le cou à l'épidémie. «Les perspectives sont bonnes, notamment grâce à la vaccination.» Et Alain Berset de se voir déguster une bonne bière, cet été, sur la terrasse d'un restaurant. Mais avant cela, retour sur une année tumultueuse.
Revenant sur la première année de pandémie, Alain Berset, le ministre en charge de la Santé relève que la Suisse n'était pas si mal préparée. «Nous avions tiré les enseignements du Sras de 2003 et de la grippe H1N1 de 2009, et mis en place la loi sur les épidémies dès 2012-2013.»
Malgré tout, le pays n'était pas tout à fait prêt à faire face à une crise de cette ampleur. Alain Berset reconnait un certain manque de préparation. «Mais pas seulement de la Confédération. Les cantons, les hôpitaux, les citoyennes et les citoyens: tout le monde a été pris de court.»
Des masques ou encore des respirateurs artificiels ont manqué. «Il a fallu corriger un à un les problèmes liés à la nature imprévisible de la pandémie». D'autres sont encore en suspens. A l'image de la digitalisation de certains services. Le ministre espère que la crise permettra de faire un saut vers l'avant dans ces domaines.
Mise à l'épreuve du feu lors de la crise, la loi sur les épidémies a aussi montré ses failles. «Elle ne prévoit pas de soutien financier», note Alain Berset. Or, les entreprises, qui ne sont pour rien dans la situation, en ont besoin. La loi devra donc probablement être adaptée. Et un bilan tiré à la fin de la pandémie.
Personnellement, le ministre a aussi été beaucoup éprouvé. «J'ai atteint des limites physiques que je n'avais jamais touchées auparavant, en travaillant tout le temps. De jour comme de nuit et aussi durant les weekends. Il y a eu des moments extrêmement difficiles.» Comme le jour où le Conseil fédéral a dû fermer les écoles. «Je ne le souhaite à personne.»
Le salut est venu de la course. «J'ai la chance grâce au sport d'assez bien me connaitre et de savoir comment faire pour ne pas perdre pied». Le ministre assure aller mieux maintenant. «Mais je serai très content quand tout cela sera fini.»
«J'ai beaucoup appris durant la pandémie», ajoute le conseiller fédéral. Tout comme le reste du pays. «Si une situation similaire devait se représenter dans dix ou quinze ans, nous saurions comment réagir.»
Le fédéralisme a régulièrement été éprouvé durant la crise du coronavirus. Pour le ministre de la Santé, c'est l'un des points noirs de la pandémie. «La culture politique suisse doit être préservée et non mise à mal». Et de poursuivre: «Essayer de monter les membres du gouvernement les uns contre les autres ou tenter de personnaliser les décisions prises n'est pas suisse. Ce n'est pas comme ça que cela fonctionne chez nous». Il tacle, ainsi, les récentes critiques des partis de droite. PLR et UDC ne mâchent en effet pas leurs mots à l'encontre du ministre socialiste.
«Notre force, c'est notre culture politique. Ce sont les gouvernements collégiaux», poursuit Alain Berset. C'est d'ailleurs grâce au travail des cantons et de la Confédération que la Suisse peut traverser la crise.
«Dans les moments de fortes tensions, le Conseil fédéral répond présent. Il fonctionne comme une autorité collégiale», insiste le Fribourgeois. Dernière illustration en date: les deux ministres UDC, Guy Parmelin et Ueli Maurer, ont volé au secours de leur collègue lors du dernier point de presse. Si l'attitude est attendue de Parmelin, le président de la Confédération, elle a plus surpris venant de Maurer, le doyen du gouvernement, nettement moins collégial tout au long de la crise. (Delphine Gasche, ats)