Stupeur à Grandson (VD). La semaine dernière, un promeneur a croisé une tortue hargneuse près d'un étang. Une rencontre loin d'être anodine puisque le spécimen pesait 8,5 kilos et disposait d'une mâchoire suffisamment puissante pour sectionner un doigt. Originaire d'Amérique du Nord, elle a été signalée au service de la faune.
Ce n'est pas la première fois qu'une tortue hargneuse est retrouvée en liberté dans le canton de Vaud. Deux spécimens avaient déjà été capturés cette année, en avril, puis au début du mois de juillet. A d'autres endroits en Suisse, de nombreuses tortues ont également été aperçues. Le phénomène est en forte hausse, si l'on en croit la Fondation pour la protection des animaux de Bâle-Ville et Bâle-Campagne:
L'augmentation observée par l'organisme bâlois ne concerne pas les tortues hargneuses, mais d'autres espèces exotiques. Lesquelles pèsent généralement entre un et deux kilos. Le refuge héberge actuellement plus de 40 tortues terrestres – un nombre jamais atteint auparavant, contraignant ainsi la fondation à refuser l'accueil de nouvelles tortues.
La Fondation pour la protection des animaux n'est pas la seule dans laquelle la limite de capacité est atteinte. Tous les centres d'accueil suisses font face au même problème, indique le communiqué.
Contactée par watson, la Protection suisse des animaux (PSA) affirme ne pas être en mesure de fournir des chiffres à l'échelle nationale sur les tortues actuellement abandonnées. Selon elle, la statistique de la protection des animaux n'est établie qu'une seule fois par an. Du point de vue de Samuel Furrer, responsable du service de la faune à la PSA, ces trouvailles ne sont pas si surprenantes.
Et ce n'est pas la seule explication. Le nombre d'animaux domestiques abandonnés – qu'ils soient communs ou exotiques – augmente généralement avant les vacances. Ces derniers sont alors livrés à eux-mêmes, dans la nature.
Une pratique illégale et «irresponsable», comme le souligne Samuel Furrer. Le responsable du service de la faune à la PSA précise que certains animaux n'ont aucune chance de survie dans un environnement étranger, surtout lorsque le froid revient.
De plus, abandonner des tortues exotiques «hautement compétitives» dans la nature compromet la réintroduction de la Cistude d'Europe. Cette tortue est la seule espèce indigène en Suisse et est totalement inoffensive. Son poids, variant entre 400 grammes à un kilogramme maximum, est nettement inférieur à celui de la tortue hargneuse.
Les observations de tortues exotiques doivent être annoncées au garde-chasse ou aux services spécialisés compétents. Il est vivement déconseillé d'approcher sa main – pour le bien de ses doigts.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci
