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Les amphibiens meurent par milliers en Suisse

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Ce crapaud n'a pas été écrasé par des pneus, mais il est tout de même mort sur la route.Image: shutterstock

Comment éviter «le massacre des grenouilles» en Suisse

Actuellement, les amphibiens comme les grenouilles, les crapauds, les salamandres et les tritons meurent par milliers sur nos routes. Pourtant, il suffirait de peu d'efforts pour les sauver de la mort.
04.03.2024, 11:50
Yasmin Müller
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Pendant les premières soirées humides et sans gel de la fin février et du mois de mars, les grenouilles, crapauds, salamandres et tritons quittent leur cachette hivernale et se mettent en route vers leurs plans d'eau de reproduction. Et comme chaque année, nombreux sont ceux qui périssent au cours de leur migration.

Bien que les amphibiens soient officiellement protégés dans toute la Suisse, des dizaines de milliers d'animaux meurent chaque année sur les routes. En raison de l'urbanisation croissante, de plus en plus de routes à fort trafic coupent leurs itinéraires de migration. Des mesures de protection sont certes prises en de nombreux endroits, mais les amphibiens sont bien plus vulnérables qu'il n'y paraît. Pourtant, il existe des solutions très simples pour les protéger, sans presque aucun effort. Voici comment:

La vitesse de 30 km/h sauve des vies

Depuis plus de dix ans, rien ne peut empêcher Katharina Vogt de sauver grenouilles, crapauds et tritons. Pendant la migration des amphibiens, elle sillonne les routes soir après soir pour recueillir les animaux hors de la zone de danger et informer les automobilistes sur la protection des amphibiens. Et l'information tient particulièrement à cœur à cette jeune femme de 36 ans, car la vitesse de 30 km/h sauve des vies, et tout le monde devrait le savoir à ses yeux. La protectrice de la nature explique:

«Au début, beaucoup d'automobilistes ne comprennent pas la réduction de la vitesse, car ils pensent qu'ils vont de toute façon tuer les animaux. C'est vrai — mais seulement en partie! En effet, les animaux ne meurent pas seulement à cause des pneus, mais aussi à cause de l'onde de choc de la voiture qui, en roulant vite, fait éclater les animaux fragiles à l'intérieur. En réduisant la vitesse à 30 km/h, cette pression est atténuée et les amphibiens qui ne passent pas sous les roues ont une chance de survie.»
tote Kröte, Strömungsdruck
La mort de ce crapaud aurait pu être évitée en réduisant la vitesse à 30 km/h.Image: shutterstock

Ralentir est crucial si l'on veut sauver des amphibiens sur les routes. En effet, lorsqu'un véhicule se déplace dans l'air, cela entraîne des frottements. Une partie de l'air entraînée par le véhicule est ainsi mise en mouvement, ce qui crée des courants dans lequels les amphibiens sont entrainés. Ces turbulences font tourbillonner ou écrasent les amphibiens de l'intérieur. Plus on roule lentement, moins on met donc en danger ces animaux fragiles.

Ralentir est donc la mesure la plus simple pour protéger les espèces d'amphibiens, déjà partiellement menacées d'extinction, et ainsi contribuer à la préservation de la biodiversité. Il est bien sûr encore plus efficace de s'arrêter — et de ramasser les animaux sur la route. Mais là aussi, il y a certaines choses à respecter:

S'arrêter et sortir de la route — mais correctement

Lorsqu'ils sont éclairés, les amphibiens restent souvent immobiles. On les voit donc relativement mal à distance. Benedikt Schmidt du Centre national de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles (Karch) conseille donc:

«Il faut regarder directement devant le capot»
Benedikt Schmidt
Feuersalamander Amphibie
Elles aussi se déplacent et ont besoin de protection: les salamandres tachetées. Il est possible de les toucher, mais il faut ensuite se laver les mains.Image: zvg (Susi Rebetez)

Pour éviter de blesser ces animaux, le mieux est de s'arrêter et porter les amphibiens hors de la route. Il est important de les porter du côté de la route vers lequel ils regardent, souligne le spécialiste. Toutefois, sa propre sécurité ainsi que celle des autres automobilistes est centrale.

«Pensez à porter un gilet de sécurité lors de votre opération de sauvetage»

On peut toucher les animaux avec nos mains sans crainte. Mais il ne faut pas les embrasser, «sinon nous aurons trop de princes en Suisse», plaisante Benedikt Schmidt.

Häufig lassen sich "Doppeldecker" ausmachen. Das Männchen sichert sich dabei sein Weibchen bereits auf der Wanderung – und lässt sich von diesem huckepack tragen.
Il n'est pas rare d'observer des «doubles ponts». Ici, deux crapauds communs dans un tunnel pour amphibiens.Image: zvg (Arthur Rohrbach)

Des tunnels pour amphibiens et des bénévoles

«Le massacre des grenouilles est si répugnant qu'il incite à agir», confie Benedikt Schmidt. Lui-même en a été témoin:

«Quand j'étais enfant, j'allais dans la maison de vacances de mon oncle à Morgins, en Valais. Il y a là un lac et une route à côté. A un moment donné, je me suis retrouvé dehors, près du lac et de la route. Il y avait des tas de grenouilles mortes sur la route. Il y en avait tellement qu'on ne voyait plus l'asphalte. Je n'ai plus aucun autre souvenir de ces vacances. Il ne reste que la route avec les grenouilles mortes.»

«Si l'on ne fait rien, une population peut être complètement exterminée», explique l'expert. Raison pour laquelle les services de génie civil des communes et des cantons aident activement à sécuriser la migration nuptiale des amphibiens.

Entre autres, des panneaux d'avertissement sont placés aux endroits connus des migrations, des filets sont tendus, des tunnels pour amphibiens sont aménagés sous les routes ou des bennes sont creusées dans la terre pour que les animaux puissent y plonger afin de pouvoir les transporter plus tard en toute sécurité de l'autre côté de la route.

Einstieg in den Amphibientunnel an der Zugstelle in Bad-Schauenburg. Erdkröten, Grasfrösche und ein Salamander haben sich versammelt.
Ce tube permet aux animaux de passer en toute sécurité sous la route pour rejoindre leur lieu de ponte.Image: zvg (Arthur Rohrbach)

Alors que les défenseurs des animaux, les communes et la population ne sont pas toujours d'accord quand il s'agit de protéger la nature, tout le monde tire à la même corde lors des migrations d'amphibiens. Benedikt Schmidt le remarque avec reconnaissance:

«Ce qui m'impressionne, c'est que tant de gens se mobilisent chaque année pour sauver des grenouilles. Ce sont souvent des gens qui ne sont pas follement 'verts' par ailleurs, mais qui veulent quand même faire quelque chose dans ce domaine.»

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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