Suite au décès de l'ancien conseiller à la clientèle Patrice Lescaudron en 2020, le ministère public genevois a ouvert une procédure disjointe contre Credit Suisse. La banque zurichoise est accusée de blanchiment, a déclaré vendredi à AWP son porte-parole.
Cette procédure fait suite à une enquête qui était ouverte contre l'ancien prévenu, et qui s'est arrêtée lorsque celui-ci s'est donné la mort en 2020.
Jeudi, l'agence de presse Bloomberg avait révélé que le premier procureur Yves Bertossa avait identifié quelque 60 millions de dollars qui auraient été blanchis par Patrice Lescaudron. «Un manque de supervision de Patrice Lescaudron et des lacunes au niveau de l'organisation ont permis les actes de blanchiment», aurait déclaré le premier procureur lors d'une audition le 8 juin dernier. L'agence se réfère à des personnes «proches de l'enquête».
La justice aurait identifié huit transactions considérées comme relevant du blanchiment et effectuées entre 2008 et 2014. Il pourrait s'agir d'un prélude à une inculpation de la banque aux deux voiles.
Les agissements de Patrice Lescaudron auraient causé des pertes de 140 millions de francs chez ses clients, dont l'ancien premier ministre géorgien Bidzina Ivanishvili. Le conseiller avait été licencié avec effet immédiat en 2015, avant d'être condamné à cinq ans de prison par la justice genevoise pour escroquerie par métier, gestion déloyale et faux dans les titres.
Interrogé par AWP, le porte-parole du ministère public genevois a indiqué ne pas désirer commenter une enquête en cours. De son côté, une porte-parole de Credit Suisse a souligné vendredi que la banque estimait que son ancien employé avait agi seul et gardé ses agissements secrets.
En outre, il n'a pas été condamné pour blanchiment d'argent dans la procédure pénale close.
En mai dernier, Credit Suisse avait été condamné par un tribunal des Bermudes à verser quelque 600 millions de dollars dans le cadre du litige qui l'opposait à Ivanishvili. L'ancien client, lésé par les agissements de Patrice Lescaudron, réclamait des dommages et intérêts à la banque, qui a pour sa part annoncé qu'elle ferait appel de la décision. (ats/mndl)