Lundi dernier, la brasserie bernoise Lorraine a annulé un concert du groupe Lauwarm. Au programme: des chansons bernoises, des éléments de reggae, de pop ainsi que de world music... et certains membres du groupe composé de cinq hommes blancs portant des dreadlocks blondes. Du côté du public, l'allégresse a alors laissé place au malaise.
La polémique a pour origine une accusation d'appropriation culturelle - soit, le fait de réduire à l'état de tendance esthétique l'histoire ou le mode de vie d'une population. Pour les personnes offensées, elle porte alors, le plus souvent, une connotation «d'exploitation» et de «domination».
Comme précise 20 minutes, les membres du groupe ne sont d'autant plus «pas des indigènes jamaïcains dont les ancêtres ont connu l’exclusion. Une exclusion thématisée dans la musique reggae. Ces musiciens ne seraient donc pas légitimes, aux yeux de certains, pour jouer du reggae», et encore moins à porter une telle coiffure, si l'on en croit la polémique.
Nous tenons à nous excuser auprès de tous ceux qui se sont sentis mal durant le concert, a insisté la brasserie qui accueillait le groupe Lauwarm. L'établissement bernois a estimé qu'il n'avait pas su aborder correctement le sujet en amont.
Le restaurant prévoit d'organiser, le 31 juillet prochain, une table ronde sur le thème de l'appropriation culturelle.
Pourtant, le spectacle n'a pas semblé toucher l'ensemble des spectateurs de la même manière. Dans les commentaires de la publication de la brasserie, un utilisateur affirmant y avoir assisté a écrit qu'il avait été choqué de voir le concert être annulé: «J'ai pensé à Bob Marley et à ce qu'il dirait du fait que le reggae ne peut être joué que par des Jamaïcains ?!», a-t-il poursuivi.
Une position que Dominik Plumettaz, leader du groupe Lauwarm a soutenue durant son entretien mardi 26 juillet avec 20 minutes. D'après lui, l'ambiance pendant le concert était «super». La majorité du public aurait voulu que le concert se poursuive, ajoutant que «le public était en délire. Les gens n'ont pas compris que le concert soit interrompu».
Le groupe serait ensuite resté trois heures à la brasserie et aurait eu des discussions avec le public qui, selon Dominik Plumettaz, l'a soutenu. Aucune critique ne se serait manifestée, a-t-il affirmé. «Jusqu'à aujourd'hui, je ne sais ni qui a lancé la polémique ni qui parmi les clients s'est senti mal à l'aise par le fait que des hommes blancs chantent avec des dreadlocks.» (cma)
(Traduit de l'allemand par mndl)