Il ne vous a pas échappé que le Covid a eu de grands effets sur nos conditions de travail. Et, selon le baromètre du syndicat Travail.Suisse, publié mardi, ces changements sont loin d'être toujours positifs: inégalités, stress, progression de carrière entravée... On vous dresse le tableau, et, scoop (ou pas): il est tout spécialement sombre pour les femmes.
Ben oui, non seulement le Covid est stressant, clivant, agaçant... mais en plus, il est sexiste. Les femmes sont les grandes perdantes de la pandémie. Elles sont surreprésentées dans les branches ayant connu une évolution négative:
Contrairement aux branches dites «masculines», qui ont bénéficié de meilleures conditions de travail, avec notamment davantage de possibilités de télétravail. Parmi ces domaines:
Sur les six «dimensions» étudiées dans le baromètre de Travail.Suisse, les femmes sont donc significativement moins satisfaites de leurs conditions de travail que les hommes. En 2017, ce n'était le cas que pour le critère du stress.
Par ailleurs, le stress au travail n'a «jamais été aussi élevé». Selon l'étude, 44,1% des salariés sont souvent ou très souvent stressés par leur emploi.
Pour l'heure, les trois quarts des salariés parviennent à concilier travail et vie privée.
Mais l'immense majorité (83,1%) est, au moins occasionnellement, trop épuisée après une journée de travail, pour encore s'occuper des affaires privées ou familiales. Pour près d'un tiers des travailleurs (32,8%), c'est même souvent ou très souvent le cas.
Alarmé par ces chiffres, le syndicat a exigé des mesures pour lutter contre le stress au travail.
Le stress au travail a particulièrement augmenté pour les femmes, sans compter que les possibilités d'être déchargées ont diminué en parallèle.
Dans le même temps, on constate un manque de sensibilité à l'égard de l'égalité entre les sexes dans le monde du travail. Les femmes sont confrontées à des obstacles majeurs à la progression de leur carrière.
Près d'un salarié sur cinq (18,4%) estiment que les femmes et les hommes n'ont pas les mêmes chances d'accéder à des postes à responsabilités au sein de leur entreprise.
Un constat similaire apparaît en matière de salaires: 40% des travailleurs ne voient pas l'égalité salariale respectée (14,9%) ou ne peuvent pas l'évaluer par manque de transparence (28,5%), dénonce Léonore Porchet, conseillère nationale (Verts/VD) et vice-présidente du syndicat.
Beaucoup de travailleurs s'attendent à une forte augmentation de la charge de travail «dans un avenir proche».
Toutefois, à noter que, pendant la pandémie, les salariés se sont moins rendus au travail quand ils étaient malades: le présentéisme a reculé.
En 2021, 28,5% des salariés ne sont jamais allés travailler en étant malades, alors que 23,8% le faisait régulièrement. La proportion s'est donc inversée en comparaison à la période prépandémie. Reste à voir s'il s'agit d'une tendance durable ou si elle n'est due qu'au coronavirus, souligne Travail.Suisse.
En ce qui concerne le grand gagnant de la crise, c'est-à-dire le télétravail, le syndicat Travail.Suisse exige une réglementation claire:
En outre, Travail.Suisse dénonce l'absence d'offre d'accueil extrafamilial et scolaire facilement disponible et abordable.
A ses yeux, chaque enfant devrait avoir le droit de disposer d'une crèche dans un rayon de 30 minutes de son lieu de résidence au moins deux jours par semaine.
Le syndicat demande aussi des mesures en faveur des proches aidants. Pour l'instant, seul un tiers des plus de 800 000 personnes soutenant un proche adulte bénéficient d'un soutien de leur employeur.
Plus globalement, la pandémie aurait plutôt amélioré les conditions de travail et le syndicat relève plusieurs aspects positifs:
Ces bonnes nouvelles n'empêchent pas Travail.Suisse de formuler des exigences: la reprise doit se faire «sous le signe de l'égalité». Il réclame des réformes «rapides et ambitieuses» pour garantir l'égalité dans le monde du travail et la société:
Pour le président du syndicat Travail.Suisse, Adrian Wüthrich, il est aussi nécessaire d'augmenter sensiblement les salaires, en particulier dans les professions dites féminines - qui sont fondamentales pour faire tourner le système.