Suite à l'apparition d'Omicron, tant Pfizer que Moderna ont annoncé vouloir développer une dose de rappel pour ce variant. Vaut-il mieux attendre avant d'aller se faire injecter une troisième dose?
Didier Pittet, infectiologue: La réponse est claire: non. En réalité, les laboratoires se préparent depuis un an et demi à l'éventualité d'un nouveau variant pour lequel il faudrait adapter le vaccin actuel de manière à mieux cibler les éléments du virus.
Tactiquement, c'est une bonne idée que les laboratoires pharmaceutiques développent une version adaptée de leur vaccin. Il y a un risque que la nouvelle formule ne soit pas utile si Omicron disparaît de la carte dans trois mois. Mais il est normal que les compagnies qui ont fait des monceaux d'argent durant la pandémie réinvestissent une partie de leurs bénéfices dans ce domaine.
Mais alors, à titre individuel, pourquoi est-ce qu'il ne vaut pas mieux attendre pour avoir la version la plus à jour?
Quel est le problème actuel dans les hôpitaux et au sein de la population? Ce n'est pas Omicron, c'est Delta. La véritable urgence est là. La population doit faire la troisième dose pour s'en protéger. Malheureusement, dans notre pays, nous avons pris au minimum deux mois de retard sur la vaccination de rappel et un Suisse sur trois n'est pas vacciné. Donc:
Si on se fait injecter une troisième dose maintenant, potentiellement, on risque de devoir en faire une quatrième contre Omicron ensuite, non?
À ce jour, personne ne pourra vous l'affirmer. On pourra vous le dire dans deux semaines ou peut-être dans trois mois, le temps d'avoir les preuves que les personnes vaccinées font ou pas des infections graves à ce variant. Pour l'instant, Omicron est décrit comme ne causant que des infections mineures en Afrique du Sud.
Que pensez-vous des annonces de Pfizer et de Moderna? N'est-ce pas un peu maladroit dans un contexte où les gouvernements cherchent à inciter leur population à se faire vacciner rapidement?
Comme d'habitude, ce sont des entreprises d'abord orientées vers les ressources. Les dirigeants vont saisir toutes les opportunités pour faire monter leurs actions en bourse. Il est évident que de dire «nous travaillons sur une nouvelle dose adaptée à Omicron», c'est positif pour leur image.