Elle est jaune, imposante et protège les ouvriers du tunnel de base du Saint-Gothard contre d'éventuelles collisions avec les trains: la porte de changement de voie. Mais elle est désormais en ruines, un wagon s'y est encastré. Des palettes et des débris jonchent le sol.
C'est l'une des raisons pour lesquelles la circulation des trains n'est plus possible: «Nous ne pourrons circuler à nouveau dans le tunnel de base que lorsque les installations de sécurité auront été réinstallées correctement», a déclaré vendredi dernier Rudolf Büchi, responsable adjoint de l'infrastructure aux CFF. Mais pourquoi?
Walter von Andrian, rédacteur en chef du magazine que les fans de train apprécient, Eisenbahn-Revue, nous éclaire: «Le tunnel de base du Saint-Gothard se compose de deux tubes à une voie chacun. Entre les deux, il y a quatre galeries de liaison dans lesquelles les trains peuvent changer de tube. Celles-ci doivent être impérativement fermées lors de travaux». Le problème, on l'aura donc compris, c'est que l'une de ces portes n'est actuellement plus opérationnelle.
C'est bien là tout le problème: «Dans chacune de ces quatre galeries, il y a une telle porte de changement de voie, mais les CFF n'ont pas de porte de remplacement à disposition. La compagnie n’était pas préparée à ce genre de situation.»
Jusqu'à ce qu'une nouvelle porte soit installée, il faudra certainement plusieurs semaines, explique l'expert en chemin de fer. Cela aurait pour conséquence que le tunnel de base ne serait pas prêt à l'utilisation à la fin des vacances d'été italiennes, comprendre mi-septembre. Pour les entreprises de transport, cela aurait des conséquences désastreuses, car le trafic de marchandises va sensiblement augmenter durant les semaines à venir.
«Heureusement, c'est le Ferragosto en Italie», explique l'entrepreneur de transport Benjamin Giezendanner à CH Media. Selon lui, le volume de transport est actuellement plus faible et il est possible de se rabattre sur le tunnel du Lötschberg ou sur le réseau routier:
Se pose alors la question de savoir comment les CFF comptent résoudre le problème de la porte défectueuse dans un délai raisonnable.
Une solution envisageable serait d'utiliser une porte mobile. En effet, la société Elkuch, qui fabrique des portes à changement de voie, en propose. C'est un dispositif sur rails équipé d'une porte qui permet de fermer la section transversale du tunnel. On en utilise déjà pour les travaux de maintenance.
L'entreprise fait la promotion de son produit comme suit: «L'objectif principal de la porte est de contrôler la ventilation. Elle sépare deux secteurs de ventilation indépendants du tunnel. Selon la situation, la porte peut être placée dans le tunnel principal lui-même ou entre les deux tubes du tunnel de liaison.»
Cet élément mobile semble donc être une option intéressante pour séparer les deux tubes. Selon l'expert ferroviaire, sa mise en place ne prendrait probablement pas beaucoup de temps. Mais normalement, les portes mobiles sont installées sur des sites aménagés à cet effet. Et notre expert de constater son ignorance:
Notre transporteur, Benjamin Giezendanner, trouve l'approche de la porte mobile intéressante, mais aimerait bien que ça bouge. L'homme, également conseiller national UDC commente:
Les CFF n'ont pas voulu nous répondre quant à savoir s'ils comptaient utiliser une porte mobile. Le porte-parole Reto Schärli a renvoyé à la conférence de presse d'hier. La porte à été seulement évoquée par Ruedi Büchi, responsable de l'infrastructure aux CFF qui a bien confirmé que la porte de sécurité d'un des deux tubes de liaison a été brisée dans l'accident: «Ce n'est que lorsque celui-ci sera à nouveau fermé que le trafic pourra reprendre», a-t-il confirmé. Plus d'informations sur l'évolution de la situation concernant cette fameuse porte sont donc à venir.