Le «niveau de sécurité visé» n'est «pas encore atteint» pour les trains de marchandises. C'est ce qu'a constaté l'Office fédéral des transports, en 2019, après avoir effectué des contrôles d'exploitation.
L'office fédéral a écrit dans un rapport: les exigences de qualité que le secteur s'est imposé lui-même et qui ont été fixées dans un contrat applicable dans toute l'Europe n'étaient pas atteintes dans une large mesure.
Concrètement, l'office avait indiqué que lors de contrôles des trains, il avait notamment découvert des «semelles de frein défectueuses», des «trous dans les bâches des unités de chargement» ainsi que des «défauts sur les roues».
Ce dernier point est particulièrement intéressant: jeudi, sur le train de marchandises qui a déraillé dans le tunnel de base du Gothard, on a décelé que la roue d'un wagon était défectueuse et elle s'est donc cassée. Le train a continué sur quelques kilomètres avant de dérailler après un aiguillage du côté tessinois de l'ouvrage.
L'Office fédéral des transports dénonce des «défauts sur les roues», puis un train de marchandises est victime d'un accident dû à la rupture d'une roue, ce qui entraîne l'arrêt du trafic dans le tunnel de base pendant plusieurs jours. Interrogé à ce sujet, Mark Siegenthaler, porte-parole de l'office, explique que les déficits constatés à l'époque concernaient des «dommages sur les bandes de roulement».
Suite aux résultats insatisfaisants des contrôles d'entreprises, l'office fédéral a annoncé, en 2019, qu'il allait renforcer la collaboration avec les autorités de surveillance étrangères. Près des deux tiers du trafic de marchandises transitent par la Suisse. En 2020, l'office a de nouveau critiqué le fait que le secteur des transports et de la logistique n'avait pas encore fait ses devoirs.
Le train de marchandises qui a déraillé la semaine dernière dans le tunnel du Gothard était apparemment en provenance d'Italie et à destination de l'Allemagne.
Les questions suivantes se posent à présent: quelle entreprise pilotait le train? Qui est le détenteur du wagon dont une roue s'est brisée? Quand le wagon accidenté a-t-il été révisé pour la dernière fois, et où? Christoph Kupper, du Service d'enquête de sécurité suisse, ne fournit aucune réponse. Il explique cela par le fait que le ministère public tessinois mène une enquête.
Lundi soir, les CFF ont annoncé une autre mauvaise nouvelle: le projet de rouvrir le tunnel de 57 kilomètres entre Erstfeld et Bodio d'ici à mercredi n'a pas abouti. Sur les 30 wagons du train de marchandises, 25 avaient déraillés et 16 étaient toujours sur les lieux de l'accident lundi soir.
Selon les CFF, il n'existe pas encore d'aperçu détaillé de l'ampleur des dommages subis par le tunnel. Il n'est donc pas possible de prévoir combien de temps prendra la réparation. Les Chemins de fer fédéraux avaient d'abord envisagé d'ouvrir le deuxième tube du tunnel, qui n'a pas été endommagé, aux trains de marchandises à partir de mardi. Mais cela n'est pas possible. Pour que la partie intacte du tunnel puisse être remise en service, la circulation de l'air entre les deux tubes doit être séparée. C'est la seule manière de garantir la sécurité des forces d'intervention sur le lieu de l'accident.
Le trafic voyageurs emprunte désormais l'ancienne ligne du Gothard, ce qui rallonge les temps de trajet d'une heure en Suisse et jusqu'à deux heures à l'international. Le transport combiné de marchandises par conteneurs et par camions ne peut pas emprunter l'ancien itinéraire, car les tunnels n'y sont pas assez hauts.
Désormais, une partie du trafic marchandises se déplace sur l'axe Lötschberg-Simplon, une autre partie essaie de transférer son fret via la route, mais cela ne suffit pas. Les CFF indiquent:
Le trafic marchandises est donc désormais partiellement bloqué. Et on ne sait pas quand le tunnel de base sera à nouveau ouvert. Les CFF ont annoncé de nouvelles informations pour mercredi.
Traduit et adapté par Noëline Flippe