Passer du jaune au vert. Telle est la devise de la Poste qui, selon ses propres indications, s'est fixé un «objectif climatique ambitieux»: A partir de 2023, La Poste veut être «climatiquement neutre» dans sa propre exploitation, et à partir de 2040 sur l'ensemble de la chaîne de création de valeur, c'est-à-dire également pour toutes les activités des processus en amont et en aval. La Poste répond ainsi aux attentes de la politique et fait en même temps quelque chose pour sa propre survie, comme son directeur, Roberto Cirillo, l'a récemment constaté lors d'un entretien avec les médias:
Ainsi, des panneaux solaires sont installés sur les centres de tri du courrier et des colis, les véhicules à énergie fossile sont remplacés par des scooters électriques et le système de chauffage changé. Dans les villes de Berne et de Zurich, la Poste a déjà converti l'ensemble de sa flotte pour la distribution du courrier et des colis. Les villes de Bâle et de Genève suivront au plus tard d'ici fin 2024. Dès 2030, l'ensemble de la flotte de distribution de la Poste devrait être équipée de moteurs alternatifs, c'est-à-dire fonctionnant à 100% avec de l'électricité issue de sources d'énergie renouvelable.
Mais cela ne suffit pas pour atteindre les objectifs fixés. Selon Cirillo, seuls 90% des émissions de CO2 peuvent être réduits de cette manière. Les 10% restants devraient donc être compensés sous une autre forme – ou extraits de l'atmosphère ailleurs. Pour cela, la Poste a fondé une société anonyme sous le nom de CDR - pour «Carbon Dioxide Removal» afin d'«extraire activement le CO2 de l'atmosphère par différentes mesures et le fixer à long terme», explique le directeur.
La CDR, filiale donc de La Poste, compte déjà deux collaborateurs. En cas de besoin, ils sont soutenus par des experts internes ou externes, indique l'entreprise fédérale. Leur tâche consiste à mettre en place ce que l'on appelle un «portefeuille de neutralisation». Dans ce domaine, la Poste se concentre actuellement sur des «méthodes naturelles», c'est-à-dire sur la gestion des forêts et l'exploitation du bois ainsi que sur le stockage du CO2 au moyen de charbon végétal.
Le «portefeuille de neutralisation» en question comprend jusqu'à présent deux projets: le premier est un accord avec la société de conseil First Climate, qui aide les entreprises à réaliser leurs objectifs climatiques. Concrètement, la Poste soutient un projet de l'entreprise Inkoh à Maienfeld, dans le canton des Grisons, pour la production de charbon végétal permettant de stocker du CO2 dans les sols.
Le deuxième projet se situe à l'étranger: en effet, La Poste vient de signer un contrat pour l'achat de 2400 hectares de forêt dans le Land allemand de Thuringe. L'acquisition proprement dite de la surface forestière est prévue pour l'automne 2023. Ni le prix d'achat ni ses conditions ne seront divulgués.
Mais qu'est-ce que ce projet? Il s'agit d'une forêt mixte, composée de pins, mélèzes, épicéas et hêtres que La Poste veut exploiter de manière durable afin de s'approcher au maximum de l'objectif climatique fixé.
Pour que la stratégie de la Poste soit efficace, elle doit bien sûr trouver des surfaces suffisamment grandes. C'est pourquoi l'entreprise publique ne se contente pas de regarder en Suisse, mais aussi dans «les pays européens présentant une stabilité politique et juridique comparable». Et là, le succès est manifestement plus grand que dans notre propre pays.
L'achat de la forêt allemande est peut-être bon pour la mission «objectif zéro» de La Poste, mais il ne change pas grand-chose pour le climat. En effet, cette forêt allemande n'absorbera pas plus de CO2 simplement parce qu'elle appartient désormais à l'entreprise fédérale.
De tels projets forestiers, autrefois fortement pratiqués, sont désormais extrêmement controversés sur la question climatique, notamment parce qu'on ne sait pas combien de temps les arbres stockent le gaz carbonique indésirable. De plus, les organisations de protection du climat comme Myclimate déconseillent désormais aux entreprises d'utiliser les termes «climatiquement neutre» et «compenser», car ils prêtent à confusion. Il s'agit plutôt d'informer la clientèle sur les efforts de réduction réalisés au sein de sa propre entreprise.
Mais pour l'instant, le calcul interne de La Poste n'est pas entièrement satisfaisant. En effet, malgré tous ses efforts pour réduire les émissions nocives pour le climat, La Poste a enregistré une hausse des émissions de CO2 l'année dernière. Roberto Cirillo justifie cette hausse par la croissance de l'entreprise fédérale.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)