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13e rente AVS: Pierre-Yves Maillard ou la revanche du peuple

La victoire du «oui» à la 13 rente AVS ce 3 mars 2024 doit beaucoup à la bête politique qu'est Pierre-Yves Maillard. Désormais. il incarne un Blocher de gauche.
Pierre-Yves Maillard, heureux. Berne, 3 mars 2024.Image: KEYSTONE
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Pierre-Yves Maillard ou la revanche du peuple

La victoire du «oui» à la 13 rente AVS doit beaucoup à la bête politique qu'est Pierre-Yves Maillard. Il triomphe et prend à partir d'aujourd'hui la dimension d'un tribun social. D'un Blocher de gauche?
03.03.2024, 18:3004.03.2024, 08:11
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Mystérieuse Suisse, où le peuple a si longtemps semblé voter contre ses intérêts. Pour une partie des opposants à la 13ᵉ rente, plébiscitée dimanche, ce vote marque le début du détricotage de l’exception helvétique. Bientôt la Suisse dans l’Otan? Au train où vont les choses… Mais ce résultat, dont l’ampleur dépasse sans doute les espérances de la gauche, marque surtout la consécration de la ligne Maillard. Celle qui se tait sur le genre et l’écriture inclusive, pour mettre le paquet sur les fins de mois.

Comment ne pas voir dans la victoire historique du «oui» à la 13e rente, non seulement la revanche du peuple, comme affranchi de la morale des trois sous mis de côté pour deux dépensés, mais celle, aussi, de Pierre-Yves Maillard sur un certain 14 décembre 2011, quand les Chambres fédérales lui avaient préféré Alain Berset pour succéder à Micheline Calmy-Rey au Conseil fédéral?

Ne pouvant accéder à l’Olympe, Pierre-Yves Maillard s’est comme fait une raison. En décembre dernier, il nous disait:

«Si j’avais voulu à tout prix être conseiller fédéral, je n’aurais jamais entrepris les combats qui sont les miens depuis bientôt trente ans. Je sais très bien que ces combats me rendent inéligible au Conseil fédéral pour une majorité du Parlement»
Pierre-Yves Maillard

Blocher de gauche

Ayant tout prouvé à l’échelon cantonal, bloqué à la porte du Conseil fédéral, Pierre-Yves Maillard aurait pu se contenter d’être un habile tireur de ficelles, ce que le couloir est à l’avenue. Non, il a pris les rênes de l’Union syndicale suisse, une «cinquième colonne» tout ce qu’il y a de plus officielle. Charismatique – il l’a été dans toutes ses fonctions –, il est devenu le tribun social de la Suisse. Son Blocher de gauche?

Savoure-t-il une quelconque revanche en ce jour de triomphe? Il se dit sûrement que le destin l’a placé à un poste qui lui permettra de rester dans l’histoire suisse d’une manière plus marquante que bien des conseillers fédéraux socialistes. Il aurait peut-être été gênant au Conseil fédéral, mais pas autant qu’aujourd’hui aux yeux de ses adversaires politiques.

La tentation populiste

L’écueil, pour Maillard, l’homme du 3 mars 2024, c’est bien sûr de tomber dans l’hubris, ce sentiment de puissance qui dure au-delà des lendemains de victoire. L’autre écueil, certains s’en réjouiraient, après tout la politique est aussi affaire d’opportunités, serait d’aller vers ce qui lui tend les bras: le populisme, qui n’est ni de droite ni de gauche, ou des deux à la fois. Le vote favorable à la 13ᵉ rente AVS excède de loin les seules voix de gauche. Que faire des voix UDC qui ont approuvé l’initiative? Rien? Ce serait trop bête, alors qu’arrive en juin la votation sur le plafonnement des primes d’assurance-maladie.

Mais après? On reparlera en Suisse de logement, d’asile, de population étrangère: l’alliance contre nature, mais combien tentante, avec la droite nationaliste, offrirait des perspectives électorales auxquelles il faudra savoir résister.

Rien, dans le parcours progressiste et universaliste de Pierre-Yves Maillard, ne laisse augurer d’un tel rapprochement programmatique. Mais le peuple, lui, a pris ce dimanche le visage d’une évidence politique à venir.

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