
Durant la conférence du Conseil fédéral, le 30 mars 2022, le ministre de la Santé Alain Berset a annoncé la fin des dernières mesures de lutte contre le Covid au niveau fédéral.source: keystone/shutterstock
Vendredi 1er avril, c'est officiel: les dernières mesures Covid vont tomber et le Conseil fédéral rendra leur pouvoir aux cantons. Toutefois, le gouvernement reste sur le qui-vive et propose une stratégie jusqu'en... 2023.
30.03.2022, 16:0430.03.2022, 17:16
Deux des mesures encore en vigueur en Suisse pour lutter contre le Covid-19 tomberont ce vendredi: le port du masque obligatoire partout et l'obligation d'isolement pour les personnes infectées. Toutefois, la pandémie n'est pas finie et le Conseil fédéral a mis sur pied «une phase de transition» jusqu'en 2023.
Le Covid en Suisse, résumé
Pourquoi le Conseil fédéral abolit-il les dernières mesures anti-Covid?
Le gouvernement, dans sa communication, fait le constat suivant:
«Grâce au niveau élevé d’immunité dans la population, les hospitalisations aux soins intensifs de personnes atteintes du Covid-19 n’ont pas augmenté de manière significative au cours des dernières semaines, alors que le nombre d’infections était en hausse.»
En effet, les autorités fédérales s'étaient laissé de la marge pour apprécier les effets de la levée des mesures annoncée le 16 février. Allaient-elles conduire à une hausse de l'occupation des lits en soins intensifs? Après plus d'un mois, la réponse est claire: non. Il est donc temps de lever les dernières mesures. En effet, selon les autorités:
«Une détérioration est peu probable au cours des prochains mois»
Alain Berset s'est montré optimiste mercredi après-midi en conférence de presse: «Fin mars, nous avons traditionnellement des températures plus douces. Cela joue en notre faveur», a indiqué le ministre avant de constater:
«On peut dire que la phase aiguë de la crise est terminée»
Alors, le Covid est-il fini? Ce n'est pas si simple...
Clairement, non. Les autorités rappellent que l’évolution de la pandémie demeure impossible à prévoir. Le Sars-Cov-2 ne devrait pas disparaître, mais devenir endémique. Autrement dit: il fera partie de nos vies. Le gouvernement rappelle, encore une fois, qu'il craint les vagues saisonnières. Alain Berset a d'ailleurs asséné:
«On ne sait toujours pas ce qui va se passer ces prochains mois. De nouvelles vagues sont possibles. On ignore si l'immunité sera encore assurée à l'automne, ni si de nouveaux variants vont survenir»
D'ailleurs, le gouvernement fédéral garde le contrôle sur plusieurs éléments liés à la lutte contre le Covid, a précisé Alain Berset mercredi. Cela concerne par exemple:
- L'achat de vaccins et médicaments.
- L'entrée en Suisse des voyageurs.
- L'élaboration des certificats pour ceux qui en ont besoin.
- La prise en charge du coût des tests.
La surveillance de la pandémie sera, en principe, placée au niveau national. «Nous allons notamment poursuivre le système de déclaration obligatoire», a précisé Patrick Mathys, de l'Office fédéral de la Santé publique (OFSP). En effet, le coronavirus n'a pas disparu et Alain Berset a particulièrement rappelé, mercredi, l'importance de garder les bons réflexes, malgré la levée des mesures anti-Covid:
«Cela ne veut pas dire qu'il ne faut plus faire attention à rien. On invite les gens à se faire tester. Il faut une certaine prudence, en particulier vis-à-vis des personnes vulnérables. C'est une marque de solidarité.»
Alain Berset
Dans ce contexte, il serait irresponsable de se mélanger aux autres si l'on a des symptômes. Patrick Mathys de l'OFSP se montre clair (et un peu fataliste):
«Tant que l'on a des symptômes, on n'a pas sa place à l'école, ni au travail, ni en général dans les lieux publics. Mais il faut s'accommoder du fait qu'un certain nombre de personnes infectées se déplacent dans la sphère publique. D'autant plus qu'il y a aussi des contaminations sans symptômes.»
Alain Berset appelle, de son côté, les entreprises à faire également preuve de flexibilité et de compréhension avec les malades:
«Nous attendons une certaine souplesse de la part des employeurs pour les certificats maladie»
Le Conseil fédéral prévoit un plan de bataille anti-Covid jusqu'en 2023
Alain Berset est clair
«Nous devrons être prêts»
Alain Berset, ministre de la Santé
Mais à quoi? «La Confédération et les cantons prévoient une phase de transition jusqu’au printemps 2023», indique le gouvernement. En clair, elle consistera au maintien des structures dont confédération et cantons auraient besoin pour réagir rapidement à une nouvelle flambée, dans le détail:
- Le dépistage.
- La vaccination.
- Le traçage des contacts.
- La surveillance et l’obligation de déclaration des hôpitaux.
Le ministre de la Santé, Alain Berset a, d'ailleurs, précisé à ce sujet:
«On se prépare ensemble, c'est pourquoi nous avons mis au point un document avec différents scénarios. On ne veut pas de surprises cet automne pour savoir qui doit faire quoi.»
Qu'est-ce qu'il va changer pratiquement dès le 1ᵉʳ avril alors?
D'abord (et on l'a déjà dit), les deux dernières mesures imposées au niveau fédéral vont tomber:
- La suppression de l’isolement obligatoire pour les personnes infectées, mais elles sont invitées à ne pas multiplier les contacts. Les employeurs doivent, de leur côté, se montrer flexibles.
- L’abandon du port du masque dans les transports publics et les établissements de santé.
Concernant les établissements de santé, la tendance penchait plutôt en faveur de continuer l'obligation du port du masque, mais le gouvernement a choisi le contraire. Toutefois, libre à ces institutions de continuer d'imposer son port.
Concrètement, qu'est-ce que le retour à la «situation normale» implique? La Confédération explique:
«Les cantons sont à nouveau responsables au premier chef de la plupart des tâches liées à la gestion de la pandémie de Covid-19, comme le prévoit la loi sur les épidémies.»
La responsabilité de gérer au jour le jour le Covid leur incombera donc intégralement. «La Confédération a élaboré un document qui fixe les objectifs et la répartition des tâches pendant la phase de transition». Elle le soumet pour consultation aux cantons, aux partenaires sociaux et aux commissions parlementaires jusqu’au 22 avril 2022.
En quoi cela consistera? Quelques indices ont été révélés. Par exemple, en cas d'apparition d'un nouveau variant, il incombera aux cantons de gérer la situation. Alain Berset a donné une réponse limpide en conférence de presse:
«Oui, c'est l'idée. Les cantons doivent pouvoir gérer eux-mêmes une telle situation après deux ans et demi de crise. Nous avons acquis le savoir-faire nécessaire.»
Deux éléments auxquels quoi le Conseil fédéral renonce également
- Le Conseil fédéral a également décidé de ne plus payer pour les tests répétitifs effectués dans les camps et colonies de vacances et de «faciliter l’accès aux médicaments pour certaines catégories de personnes fortement immunosupprimées.»
- Le Conseil fédéral a également décidé de désactiver temporairement l’application SwissCovid. L’application pourra, toutefois, être remise en service rapidement si la situation épidémiologique l’exige. Pour ce faire, les infrastructures informatiques requises continueront d’être maintenues en arrière-plan. En revanche, les données des utilisateurs enregistrées dans les systèmes de la Confédération seront supprimées.
Historien, proche du Parti libéral-radical, Olivier Meuwly commente les derniers chiffres, en hausse, de la population suisse. Il explique le rôle politique joué par la démographie au fil des décennies, comment ce qui était un atout est devenu une source d'angoisse.
watson: C’est officiel. La Suisse compte 9 millions d’habitants, 3 millions de plus qu’il y a trente ans. Cette augmentation, perçue plus ou moins comme inéluctable, provoque des angoisses de surpopulation. A-t-on connaissance dans le passé d’un rapport angoissé des Suisses à leur démographie?
Olivier Meuwly: Cette angoisse est assez récente. Elle n'était pas présente au 19e siècle. Il s’agissait à l'époque de construire quelque chose de nouveau, qui allait de pair avec un accroissement de la population. L'émergence de la population comme un possible problème s'est faite avec l’immigration. Fallait-il ou pas l’encourager? Le faut-il ou non aujourd'hui? Mais longtemps ce fut moins une question tenant aux chiffres qu’à la composition du pays. Comment allait-on s’y prendre pour accueillir les ouvriers venus d’ailleurs? Je n'ai donc pas souvenir qu’il y ait eu, au 19ᵉ siècle, comme au début du 20ᵉ, et par la suite aussi, une angoisse par rapport à l’extension de la population proprement dite.