Le secrétariat du Grand Conseil vaudois vérifie: «Non, il n’y a eu ni question écrite, ni question orale, ni interpellation d’aucun député en rapport avec le drame de Montreux.» La tragédie survenue le 24 mars, il y a un mois, faisant quatre morts et un blessé grave au sein d’une même famille, n’a pas pris pour l’heure de tour politique. Cela pourrait changer.
Mais d’abord: pourquoi, jusqu'à présent, ce silence des élus cantonaux sur une affaire hors norme pouvant intéresser divers services de l’Etat?
«La période était extrêmement chargée, avec les élections cantonales et la guerre en Ukraine», donne pour explication Graziella Schaller, la présidente du groupe vert’libéral au Grand Conseil et candidate battue à l’élection au Conseil d’Etat des 20 mars et 10 avril. La députée entend désormais examiner «s’il y a matière à poser une question» à l’exécutif.
«Je vais préparer une interpellation pour le mardi 2 mai», affirme, pour sa part, le président de la députation UDC au législatif cantonal, Yvan Pahud.
«Il n’est pas exclu qu’il se passe quelque chose au Grand Conseil», suppute le président du groupe socialiste, Jean Tschopp. Actuellement en vacances, le législatif cantonal siégera à nouveau dans une dizaine de jours.
Le député libéral-radical Aurélien Clerc fait l’hypothèse que la «forte émotion» suscitée par le drame de Montreux, ajoutée à l’enquête judiciaire en cours, a pu retenir les élus d’agir dans le cadre de leurs prérogatives.
Les questions sont là: de quelles informations la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) disposait-elle sur la famille? La crise sanitaire liée au Covid a-t-elle empêché la DGEO d’effectuer des contrôles au domicile de cette dernière? Le service de la protection de la jeunesse était-il au courant de quoi que ce soit afférent à cette même famille? A propos de celle-ci, le canton a-t-il cherché à entrer en relation avec le contrôle des habitants de la commune de Montreux? Y a-t-il un environnement sectaire dans ce dossier, qui prendrait racine dans la région de Montreux, par exemple?
Des interrogations pour le moment absentes de l’échelon politique. Seule la police communique, laquelle parle d’une possible dérive «survivaliste» qui aurait débouché sur un «suicide collectif». La police ouvre des pistes, en referme d’autres plus ou moins définitivement. Un mois après les faits, les résultats des analyses toxicologiques ne sont toujours pas connus publiquement.
«Cette affaire m’a immédiatement fait penser à celle du Temple solaire, qui était certes d’une ampleur bien plus grande par le nombre de morts», commente le président du groupe Les Libres au Grand Conseil, le Veveysan Jérôme Christen, un voisin de Montreux. Le 5 octobre 1994, 48 corps sans vie étaient découverts à Salvan (VS), ainsi qu’à Chéry (FR). L’Ordre du temple solaire, une secte, ferait d’autres victimes, en France notamment.
Le 6 avril, le conseil communal (législatif) de Montreux se réunissait pour la première fois depuis le drame du 24 mars. L’exécutif municipal était présent. «Nous avons observé une minute de silence en début de séance en hommage aux victimes», rapporte un conseiller communal souhaitant garder l’anonymat. Aucune question relative à cette tragédie n’a été posée au cours de la séance, essentiellement consacrée à des aspects d’urbanisme. «Une enquête est en cours», rappelle le conseiller communal.