Habituellement utilisé pour faire de la crème chantilly, le protoxyde d'azote est devenu une drogue peu coûteuse qui rencontre énormément de succès chez les jeunes. Un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur, notamment en France où il est aujourd'hui la deuxième drogue la plus consommée chez les jeunes, après le cannabis selon la RTS.
En Suisse, l'Hôpital de Bâle a confirmé deux cas graves de surconsommation, avec des séquelles neurologiques aiguës:
«L'un de mes deux patients a même dû utiliser un fauteuil roulant entre-temps. Une consommation chronique de gaz hilarant désactive la vitamine B12 et provoque des perturbations sensorielles et motrices», précise Regina Schläger, médecin-cheffe à la Clinique de neurologie de l’Hôpital universitaire de Bâle au micro de la RTS.
En novembre dernier, un dramatique accident de voiture lié à l’usage de cette drogue a eu lieu près de Bâle. Selon plusieurs témoignages, cinq jeunes auraient acheté et consommé du gaz hilarant avant de prendre la route. L'accident a fait un mort et quatre blessés.
Disponible dans le commerce et sur internet, le gaz hilarant est légal en Suisse et ne tombe pas sous le coup de la loi sur les stupéfiants. Comme si ce n'était pas suffisant, plusieurs bars et clubs vendent ces ballons de protoxyde d'azote, sans soucis.
Selon la RTS, plusieurs exploitants de boîtes de nuit profitent de cette zone grise pour faire des affaires: à 5 francs le ballon, c’est une mine d'or. Une bonbonne de gaz hilarant de 50 litres permet de gonfler jusqu'à 5000 ballons et réaliser un chiffre d’affaires de 25'000 francs.
A Bâle, le Laboratoire cantonal, responsable du contrôle des produits chimiques, veut agir: «Avec l'aide de la police, nous avons contrôlé plusieurs bars et une trentaine de magasins de quartier», confirme Yves Parrat, chef de l'unité de contrôle de la sécurité chimique et biologique au Laboratoire bâlois, à la RTS.
Après plusieurs contrôles et perquisitions, les autorités bâloises ont décrété une interdiction de vente de ce produit, détourné de son usage courant.
Inhalé par le biais d'un ballon, préalablement gonflé au protoxyde d'azote, le gaz hilarant provoque des réactions euphorisantes immédiates: fou rire, sensation d'ébriété, distorsions auditives ou visuelles. Des effets rapides, qui ne durent que quelques minutes, mais pour lesquels les séquelles à long terme sont irréversibles.
Ces séquelles peuvent être de nature psychiatrique ou cardiaque, mais bien souvent neurologique. Selon RMC, 76% des appels au centre antipoison liés au protoxyde d’azote concernent des atteintes neurologiques. Parfois, les séquelles nécessiteraient même une rééducation: «certains n’arrivent pas à se lever le matin, à marcher normalement, à descendre un escalier», alerte Cécile Chevalier du centre antipoison de Lyon.
C'est le cas pour Tchikita, une influenceuse de la région parisienne qui a témoigné dans Mise au Point sur sa consommation de protoxyde d'azote. Suite à sa consommation, elle développe plusieurs effets secondaires: au début ce ne sont que des fourmillements et des pertes d'équilibres, puis elle ne sent plus ses doigts et développe des troubles neurologiques qui l'empêchent de marcher. Aujourd'hui, elle alerte sur les dangers de cette drogue et ne touche plus aux ballons.
En France, si la vente de gaz hilarant a été interdite aux mineurs en juin 2021, la consommation et les cas graves continuent. Les jeunes n'auraient aucun mal à se procurer des bonbonnes entières et ils seraient de plus en plus jeunes et inconscients des risques selon RMC.
En Suisse, une interdiction au niveau national a également été initiée par les autorités bâloises. «Nous aimerions que les personnes privées puissent continuer à se fournir en petites capsules pour faire de la crème fouettée. Par contre, il n'est pas normal que des jeunes se procurent facilement des bouteilles de grande contenance et inhalent des ballons dans les parcs», précise Yves Parrat dimanche dans Mise au Point.
Dans un entretien pour l'émission Mise Au Point, Jean-Félix Savary affirme qu'il ne faut pas paniquer: c'est une drogue qui existe depuis longtemps et «elle a de très faibles capacités addictives». Selon lui, les urgences en Suisse romande restent rares: «Aujourd'hui, on n'a aucun cas. On n'a pas de cas dans les services addictions et on ne déplore aucun décès», a-t-il expliqué à la RTS.