Ce samedi, Migros a vécu une assemblée générale bien particulière. En effet, les 2,2 millions de membres de la coopérative avaient leur mot à dire sur un sujet sensible: la vente d'alcool. Ils ont entamé les délibérations aux alentours de 13h, et ont (enfin) pris une décision dans ce dossier émotionnel. Une majorité de deux tiers était nécessaire.
La majorité de l'assemblée des délégués Migros a voté samedi à Zurich pour une modification des statuts qui pourrait permettre la vente d'alcool dans les succursales Migros.
Les délégués Migros viennent de prendre la décision d’ouvrir la procédure démocratique sur la question de la vente d'alcool dans les magasins Migros. De plus amples informations suivront. pic.twitter.com/8CRyYIh9TE
— Migros (@migros) November 6, 2021
Mais ce n'est pas fini. La procédure est encore longue.
Pas tout de suite, il est temps de passer à la deuxième étape. L'Administration et les dix coopératives régionales doivent se prononcer. A nouveau, il faudra que des majorités des deux tiers sortent dans chacun de ces organes avant que la base des coopérateurs puisse voter à son tour. Ces votes, s'ils ont lieu, sont prévus le 4 juin 2022.
Les coopératives régionales qui se seront prononcées à plus de deux tiers en faveur de la levée de l'interdiction pourront autoriser leurs points de vente à proposer des boissons alcoolisées. Et cela pourrait venir dès l'année prochaine.
Jusqu'à présent, les statuts de la Migros interdisent la vente d'alcool dans les succursales du géant orange.
Cinq délégués de la Fédération des coopératives Migros (FCM) ont proposé à l'assemblée des délégués de modifier les statuts afin d'abolir l'interdiction sur l'alcool.
Pour l'ancien directeur financier de Migros, Mario Bonorand, il s'agit d'une question sacrée qu'il imagine mal être remise en question. De nombreux délégués se considèrent comme les gardiens de la vision de Gottlieb Duttweiler. Des majorités assez nettes se sont déjà prononcées contre la levée de l'interdiction dans des sondages du Blick et des journaux de CH Media.
Pour l'ancien patron de Migros, Anton Scherrer, en revanche, le fait de renoncer à l'alcool n'est «plus le point d'ancrage de Migros». «Il faut tenir compte de l'esprit du temps», aussi à l'égard des jeunes, selon lui. Pour Migros, le business serait de toute façon lucratif. Selon Mario Bonorand, le chiffre d'affaires pourrait augmenter de 1,5 à 2 milliards de francs. (jah/ats)