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Abus dans l'église: l'abbaye de Saint-Maurice sous enquête

La chasse aux sorcières a commencé à l'abbaye de Saint-Maurice (VS)

Une vue de l'Abbaye de Saint-Maurice le mercredi 22 novembre 2023 a Saint-Maurice. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)
Keystone
Tout a débuté par une étude de l'Université de Zurich, mandatée par la Conférence des évêques suisses sur les abus commis en Suisse. Puis il y a eu la diffusion de l'émission Mise au point sur la RTS. Place à l'enquête judiciaire.
23.11.2023, 23:3324.11.2023, 06:53
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Le ministère public valaisan et la police cantonale se sont rendus mercredi soir et jeudi matin à l’abbaye de Saint-Maurice dans le cadre d'une enquête préliminaire. Ils ont entendu le père-abbé par intérim, accusé d'abus sur un novice, et eu accès aux archives.

«Nous investiguons pour savoir s'il y a des faits relevant du pénal»
Déclaration du procureur général valaisan, Nicolas Dubuis

Dans l'émission Mise au point de la RTS, le père-abbé par intérim de l'abbaye de Saint-Maurice Roland Jaquenoud est accusé par un ancien religieux d'abus sexuels sur un novice majeur. Des actes homosexuels consentis entre adultes, selon l'abbaye qui s'est exprimée jeudi lors d'un point-presse à Bex (VD).

Cette investigation de la justice valaisanne s'inscrit dans le cadre d'une procédure préliminaire ouverte par le ministère public à la suite de l'enquête préliminaire de l'Université de Zurich mandatée par la Conférence des évêques suisses (CES) sur les abus commis en Suisse et leur dissimulation au sein de l'Eglise catholique romaine. Son objectif est de savoir si des faits poursuivis d'office, non traités et non prescrits ont eu lieu sur le territoire cantonal.

«La visite de la police visait à rencontrer l'archiviste de notre maison et faire un repérage géographique de nos archives», souligne le chanoine Antoine Salina, porte-parole désigné de la communauté religieuse:

«Tous les chanoines seront mis à disposition du ministère public»

Pas d'instruction ouverte

«Il n'y a pas d'instruction pénale formellement ouverte contre une personne particulière à ce stade en Valais liée à des infractions de nature sexuelle impliquant des religieux», ajoute Nicolas Dubuis.

Quelques jours avant l'émission de la RTS, l'abbaye de Saint-Maurice lui a bien dénoncé le cas d'un chanoine ayant lui-même avoué des abus sexuels sur des enfants, mais les faits ont eu lieu à Porrentruy dans les années 1970. Le dossier a été transmis à la justice jurassienne, précise le procureur.

Un autre cas lui est parvenu par le Diocèse de Sion, non lié à St-Maurice, celui d'une personne ayant confessé à un curé de paroisse avoir subi des attouchements alors qu'elle était enfant:

«Nous allons enquêter. Nous appelons instamment les victimes à saisir la justice, même si nous comprenons leur difficulté à le faire.»
Le procureur, Nicolas Dubuis

Le ministère public rappelle encore «que les personnes mises en cause bénéficient de la présomption d’innocence durant la procédure préliminaire».

Le cas Scarcella

A la suite de l'enquête préliminaire de l'Université de Zurich, le père-abbé de l'abbaye, Jean Scarcella, soupçonné d'abus sexuels et de leur dissimulation, avait quitté son poste «afin de garantir l'indépendance de l'enquête», lui-même étant membre de la CES. C'est son successeur par intérim qui fait désormais l'objet de révélations.

Le chanoine est aussi sous la loupe de la justice canonique. «A ce jour, nous n'avons aucun moyen de donner plus d'éclaircissement à ce sujet», précise encore l'abbaye.

Dans un communiqué diffusé jeudi, le Diocèse de Sion et les responsables de l'abbaye ont demandé au curé-doyen du secteur de Saint-Maurice qui officiait pour les deux institutions, de se mettre en retrait le temps d'établir les faits. Ce qu'il a accepté. Le chanoine est l'un des neuf cas dénoncés dans l'enquête de la RTS. (ats/jch)

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