Le Ministère public requiert une peine privative de liberté à vie pour assassinat contre l'auteur présumé, âgé de 25 ans, de l'homicide d'une femme de 19 ans en 2017 à Cheyres (FR). La défense demande une peine moins sévère pour homicide involontaire. Verdict mercredi.
Le procès s'est tenu lundi devant le Tribunal pénal de l'arrondissement de la Broye, délocalisé à Granges-Paccot (FR) pour cause de Covid. L'auteur présumé est prévenu d’assassinat (subsidiairement de meurtre), mais aussi:
L'accusé a été confronté à ses propos entre ses versions, lors de l'enquête et les paroles prononcées au cours des débats. «Difficile de faire le tri entre les moments où vous avez menti ou pas», a fait remarquer la présidente du tribunal Sonia Bulliard Grosset. «J'ai reconnu les faits et contribué à l'enquête», a-t-il rétorqué.
Ses contradictions sont apparues notamment sur le rôle de l'adrénaline lors de son acte et du recours à une taie d'oreiller pour recouvrir la victime au moment de l'abandonner, sans contrôler si elle était morte ou vivante.
Un héritage de la victime, sa mère soi-disant décédée, avec 450'000 francs promis à l'auteur présumé, est à l'origine de l'affaire selon le prévenu. En la conviant à Cheyres le 22 novembre 2017, ce dernier a dit avoir voulu lui mettre un «coup de pression» pour récupérer les 10'000 francs qu'il avait versés pour régler la pseudo-succession.
Le corps de la jeune femme sera trouvé le 17 janvier 2018 par des promeneurs, dans les roseaux au bord du lac de Neuchâtel. La victime était ligotée et présentait une blessure à la tête. L'accusé a été interpellé le surlendemain et est emprisonné préventivement depuis, en suivant un traitement psychothérapeutique.
Le prévenu a rapidement admis être l’auteur des faits. Les deux jeunes gens se connaissaient depuis leur enfance au Lignon, à Genève. «Avec du recul, je ressens une honte profonde et des regrets infinis», a déclaré l'accusé, qui ne s'est pas excusé auprès de la famille. «C'est bien plus insultant qu'autre chose.»
L'auteur présumé a motivé son discours contradictoire «parce que son attention était portée ailleurs» lors des faits. Lors du rendez-vous, il avait accueilli la jeune fille venant de Genève à la gare vers 23h15, avant de rallier le bord du lac. Suite à un différend, la victime a voulu regagner la gare.
C'est à ce moment que le prévenu a frappé la jeune femme avec un maillet. Puis, il l'a entravée au moyen de serre-câbles autour des poignets et des jambes. L'accusé a nié avoir dévêtu la victime, laquelle a été retrouvée sans pantalon, ni culotte et avec son soutien-gorge coupé net sur le devant.
Le prévenu a finalement abandonné sa victime inconsciente, mouillée et ligotée, par une température entre 5 et 8 degrés. Il était retourné sur place à une seule reprise, un mois plus tard. Vu l’état de décomposition du corps, l’autopsie n’a pas permis de déterminer avec précision ni la cause, ni le moment de la mort.
L'accusé s'est décrit comme de plus en plus isolé à l'été 2017, malgré son travail dans un restaurant local et sa propension à «faire la fête». Son ex venait de le quitter et le cancer de son père d'être annoncé. Sa vie était alors rythmée par les joints et une grosse consommation d'alcool (rhum et whisky).
Le triptique drogue, travail et loisirs constituait une «façon de vivre», a précisé l'auteur présumé, pour qui l'histoire de l'héritage a duré deux ans. Peu avant le drame, il a proposé à la jeune femme d'emménager avec lui, même si à l'époque «on ne parlait plus tout le temps de l'héritage».