Le mouvement d'occupation du hall du bâtiment universitaire Geopolis à Lausanne se poursuit après l'échec des négociations. Le collectif pro-palestinien a donné un nouveau rendez-vous au rectorat de l'université de Lausanne ce mardi à 18h. Retour sur un bras de fer qui se prolonge.
Lundi 17h, l'entrée de Geopolis se remplit de plusieurs centaines de personnes. Une foule bigarrée coiffée de keffieh par dizaines et portant des drapeaux palestiniens converge vers le hall où se sont installés les militants. Les chants et les slogans retentissent, des militants demandent à tous les journalistes de quitter le hall du bâtiment, car les négociations prévues à 18h avec le rectorat «se feront sans la présence des médias», nous indique un membre du collectif. On tente d'interviewer les participants, mais rien n'y fait, il faut passer par le collectif et celui-ci communiquera à la suite des négociations. Nous n'avons donc personne à interroger, enfin, presque personne.
En effet, seul devant un petit groupe de journalistes, Bernard Voutat, professeur à l'Unil, se prête à l'exercice de l'interview. Le professeur en sciences politiques tient à nous préciser qu'il n'a aucun rôle dans l'organisation de l'occupation, mais qu'il a signé avec 200 confrères la lettre de soutien au collectif.
Bernard Voutat nous explique qu'il soutient totalement les étudiants qui «demandent une transparence sur les collaborations scientifiques entre l'Unil et les universités affiliées à l'Etat d'Israël» et qu'en tant que professeur, il est «mal à l'aise» à l'idée que l'université de Lausanne puisse «entretenir des collaborations scientifiques avec des institutions liées à l'Etat d'Israël».
Vers 17h, le bruit court que l'Unil «a refusé de négocier», un communiqué officiel de la direction de l'Université de Lausanne tombe dans les boîtes e-mails des journalistes. La direction de l'université de Lausanne annonce qu'«elle ne peut autoriser plus longtemps l’installation jour et nuit du collectif dans des bâtiments conçus pour une activité de recherche et d’enseignement».👇🏽
Malgré le refus de la direction de venir rencontrer les militants dans le hall, les manifestants ont organisé un sit it, pour montrer l'ampleur de leur soutien. En effet, plus de 500 personnes (1300 selon les organisateurs ) ont rejoint le meeting sous les slogans «Israël criminel, Unil complice» et «Nous sommes tous des enfants de Gaza». Les militants semblent galvanisés par l'ampleur de la participation, le hall du Geopolis gronde au son des slogans.
Mais la clameur et les appels au recteur de l'université: «Herman t'es où? On t'attend», n'y changeront rien, la direction ne s'assiéra pas au milieu de la foule pour négocier. La réponse du rectorat est distribuée aux centaines de participants, les organisateurs de la mobilisation nous donnent rendez-vous dans le quart d'heure pour une conférence de presse collective, les militants se dispersent et nous nous empressons d'interroger le professeur de sociologie politique Olivier Fillieuil qui se rend à une réunion des enseignants soutenant le collectif.
Spécialiste des mouvements sociaux et expert en maintien de l'ordre, le professeur souligne le pacifisme de la mobilisation, mais craint toutefois qu'une évacuation policière augmente le mécontentement et «amène les militants à la radicalisation».
Le politologue explique qu'il est encore possible pour la direction de l'université de «sortir par le haut», soit de revenir à la table des négociations et de trouver un compromis.
Le collectif pro-palestinien a répondu d'une seule voix aux journalistes en début de soirée. Les militants ont expliqué s'être sentis trahis par le rectorat, mais que l'occupation sera prolongée tant que l'Unil n'apportera pas des réponses concrètes à leurs revendications.
Les étudiants ont fixé un nouveau rendez-vous de négociation à la direction de l'université de Lausanne, soit ce mardi 7 mai à 18h. Et si l'Unil ne s'y présente pas, demande une journaliste. «L'université sera donc indigne de la condition académique et du débat universitaire, en bref, de tout ce qui nous réunit», conclut une porte-parole du mouvement.