Des militants propalestiniens manifestent lors d'un appel à la mobilisation alors que des étudiants propalestiniens occupent l'Unil, le samedi 4 mai 2024 à Lausanne.Keystone
L'Université de Lausanne a répondu aux revendications des étudiants propalestiniens et à leur occupation. Elle dit en substance qu'«elle ne peut autoriser plus longtemps l’installation jour et nuit du collectif».
06.05.2024, 18:0106.05.2024, 18:27
L'Université de Lausanne a répondu, ce lundi, aux revendications des étudiants propalestiniens et à leur occupation. L'institution vaudoise dit réitérer «sa volonté d’éviter le recours à une intervention policière». Cependant, elle annonce, en substance, qu'«elle ne peut autoriser plus longtemps l’installation jour et nuit du collectif dans des bâtiments conçus pour une activité de recherche et d’enseignement». Elle indique toutefois chercher une solution pour qu'ils poursuivent leurs actions.
En effet, l'université est disposée à accorder au collectif un espace pour poursuivre ses activités pendant les heures d'ouverture des bâtiments. Pour entamer les discussions à ce sujet, elle demande au collectif de désigner une délégation de six personnes.
L'accès à cet espace est conditionné au respect des points suivants par le collectif:
- Le collectif doit être composé uniquement de membres de l'Unil.
- Le collectif doit respecter le bon déroulement des activités de recherche et d'enseignement sur le campus.
- Le collectif doit respecter l'intégrité des personnes et des infrastructures.
Pourquoi cette décision?
Dans son communiqué, l'université assure que la détresse de la population à Gaza la touche profondément, tout comme celle des Israéliens retenus en otages. Elle est sensible au fait que le nombre de morts, de blessés, de détenus et de personnes déplacées ne cesse d'augmenter chaque jour.
«L’Unil joint sa voix à toutes celles qui exigent le respect de la vie et de l’intégrité physique et morale de toutes les populations et personnes civiles exposées aux attaques : ces dernières doivent être protégées et le droit international humanitaire respecté en tout temps.»
En tant qu'institution universitaire, elle dit manifester un soutien particulier envers les communautés scientifiques, universitaires et étudiantes touchées par cette situation. Elle assure exprimer avant tout son empathie envers les membres de l’Unil directement impactés ou dont les proches et familles sont concernées dans leur pays. Cependant, la direction veille à éviter que cette situation ne provoque une division au sein de sa communauté, où les avis sur la manière de réagir sont partagés.
A propos des revendications des étudiants
Dans un communiqué détaillé, l'université de Lausanne a répondu point par point aux revendications des étudiants. Voici ce qu'elle dit.
Revendication: Une politique proactive d’accueil et de soutien envers les palestinien·ne·s, similaire à ce qui avait été mis en place suite à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe
La réponse de l'Unil 👇
- «L’Unil est membre depuis plusieurs années du réseau Scholars at risk, qui vise précisément à proposer des séjours de recherche pour des chercheur·e·s dont la vie, la liberté et le bien-être sont menacés dans leur pays. Les chercheur·e·s palestinien·ne·s peuvent bénéficier de ce service, à l’Unil.»
- «De manière similaire, des étudiant·e·s palestinien·ne·s qui viendraient en Suisse pour poursuivre leur cursus que les conditions à leur domicile rendraient impossible, peuvent bénéficier des dispositifs de soutien et d’accueil développés à l’Unil, dès l’obtention de leur autorisation de séjourner en Suisse.»
- «En cas d’afflux de demandes, la Direction réactivera sa cellule interne réunissant les services concernés pour gérer avec efficacité les cas soumis, ce qu’elle avait fait au moment de l’éclatement du conflit ukrainien.»
Revendication: L’élaboration d’une liste des collaborations en cours avec des institutions israéliennes.
La réponse de l'Unil 👇
- Les accords passés par l’UNIL avec d’autres institutions sont publiés sur les pages suivantes du site web du service des relations internationales, consultable ici.
- Trois accords suivants sont actuellement en vigueur entre l’Unil et des institutions académiques israéliennes. «L’objectif de chacun de ces accords est de créer des conditions-cadre d’échanges entre étudiant·e·s ou chercheur·e·s ; ils ne fixent pas les conditions de réalisation d’un projet de recherche spécifique.»
- «Le communiqué du collectif fait mention de collaborations d’universités suisses qui contribueraient à l’effort de guerre israélien, dans le domaine de l’économie et de la technologie, en lien avec l’industrie d’armement. On constate que ceci n’est pas le cas des trois programmes de collaboration de l’Unil, qui favorisent des échanges estudiantins ou de possibles collaborations entre chercheur·e·s, à petite échelle et sans flux financiers.»
- «En plus de ces trois accords institutionnels, six projets de recherche impliquant des membres de l’Unil et des partenaires israéliens ont été identifiés, et feront l’objet d’une analyse.»
Revendication: L’interruption immédiate [des accords] et ce, jusqu’à ce qu’Israël respecte un cessez-le-feu permanent, le respect du droit international, la fin de l’apartheid.
La réponse de l'Unil 👇
- «En tant qu’institution scientifique, l’Unil doit offrir un environnement qui favorise et garantit l’émergence et la transmission de savoirs fondés sur des méthodes critiques et rigoureuses, la confrontation des idées, la réflexion éthique et le respect de la déontologie scientifique.»
- «Les collaborations en cours avec des institutions universitaires israéliennes ne contreviennent pas à ces principes. Partant de ce constat, la Direction considère qu’il n’y a pas de raison d’interrompre ces relations.»
- «La Direction de l’Unil est consciente de la nécessité de rester vigilante au respect des critères académiques ; elle sensibilisera ses membres à cette question. Dans sa démarche elle pourra s’appuyer sur l’expertise de la Commission d’éthique de la recherche.»
(jah)
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