La Suisse met en oeuvre les sanctions contre la Russie de manière «trop hésitante», estime l'ancien procureur général de la Confédération, Michael Lauber:
S'il n'en tenait qu'à lui, la Confédération participerait à la task force internationale chargée de traquer l'argent des oligarques russes, souligne l'avocat de 57 ans dans cet entretien mis en ligne dimanche soir. Il n'a pas été plus précis sur ce point.
Une commission du Congrès américain a demandé vendredi au gouvernement américain d'imposer des sanctions contre trois Suisses, dont l'ex-magistrat. Elle les accuse d'avoir aidé des Russes visés par des sanctions à accéder à des fonds gelés en Suisse. Il est aussi reproché aux trois Suisses d'avoir accepté des cadeaux et des voyages offerts par des responsables et des oligarques russes.
Dans une interview aux journaux alémaniques du groupe Tamedia, le natif d'Olten (SO) a une nouvelle fois rejeté les accusations, comme il l'avait fait samedi par la voix de son avocat. Pour la commission américaine, l'objectif est la mise en oeuvre des actuelles sanctions économiques contre la Russie, a-t-il expliqué:
En cas de sanctions, il pourrait être interdit d'entrée aux Etats-Unis. S'il devait effectivement être inscrit sur la liste des personnes visées par des sanctions, l'ancien procureur général devrait réorienter sa carrière professionnelle, dit-il, jugeant qu'il serait difficile de poursuivre ses activités actuelles.
Michael Lauber a notamment des mandats avec les gouvernements américain et canadien pour des consultations sur l'intégrité financière:
L'avocat de formation entend contacter l'ambassadeur des Etats-Unis à Berne, Scott Miller, pour être entendu.
Le Suisse a été procureur général de la Confédération de 2012 à la fin août 2020. Il a notamment été critiqué pour sa gestion du Ministère public de la Confédération (MPC) dans le cadre de l'affaire FIFA. Le Tribunal administratif fédéral lui a reproché de ne pas avoir protocolé plusieurs rencontres avec le président de cette instance, Gianni Infantino.
La commission judiciaire du Parlement avait ouvert une procédure de destitution, avant que ce dernier ne présente sa démission. Une procédure pénale était alors en cours. (ats/jch)