C'est une liste qui est discutée dans les plus hautes sphères des entreprises et des gouvernements du monde entier, affirme le site Internet de l'université d'élite américaine Yale School of Management. Elle aurait ainsi contribué à accélérer l'exode massif des entreprises de Russie.
En l'espace de quelques jours, des centaines d'entreprises auraient annoncé leur retrait. Et l'université de poursuivre: «Nous sommes fiers que notre liste ait contribué à sensibiliser des millions de personnes à travers le monde et à les inciter à se retirer.»
Mercredi, l'université a mis à jour sa liste. Auparavant, il n'y avait que deux catégories: les entreprises qui se sont retirées et celles qui restent. Celles qui restent se trouvaient dans un «Hall of Shame» (hall de la honte), selon le professeur d'économie de Yale Jeffrey Sonnenfeld, qui établit la liste avec une équipe.
Il existe désormais cinq catégories. Il y a les entreprises qui ont complètement cessé leurs activités ou qui ont quitté le pays. Selon Yale, elles ont fait «une coupure nette». Dans cette catégorie, on trouve 166 entreprises ou associations. L'Union des associations européennes de football (UEFA) y figure, tout comme le groupe horloger suisse Rolex ou le service de streaming américain Netflix.
La deuxième catégorie regroupe 186 entreprises qui ont suspendu leurs activités, mais qui gardent la possibilité de revenir. Adidas fait partie de cette catégorie, tout comme Amazon et Apple, Coca-Cola et Burger King ou Citi Bank et Deutsche Bank et, en Suisse, le groupe horloger Swatch Group.
Dans la troisième catégorie, on trouve 28 entreprises qui maintiennent leurs activités en Russie mais les réduisent, parmi lesquelles de nombreuses banques: Goldman Sachs, HSBC ou JP Morgan.
Dans la quatrième catégorie, nous trouvons 54 entreprises qui veulent plus ou moins continuer comme avant, mais qui ne veulent pas faire de nouveaux investissements et ne veulent pas non plus développer leurs affaires. Selon Yale, les entreprises de cette catégorie «gagnent du temps», sans doute dans l'espoir d'une fin rapide de la guerre.
La dernière catégorie créée par Yale s'intitule: «Creuser». Selon l'université, ces 33 entreprises résisteraient aux demandes de retrait ou de réduction des activités en Russie. Elles obtiennent la note F, ce qui signifie aux Etats-Unis «failed», c'est-à-dire «raté».
Parmi ces 33 entreprises du monde entier, nous trouvons trois entreprises suisses: la grande banque Credit Suisse, le groupe de technique sanitaire Geberit, parce qu'il gagne 2% de son chiffre d'affaires en Russie; et le groupe de matières premières Glencore, qui possède toujours une participation dans l'entreprise pétrolière Rosneft.
Que dit le Credit Suisse à propos de cette mauvaise publicité? Interrogée, la banque renvoie à une déclaration antérieure de son patron, Thomas Gottstein:
Un porte-parole de la Yale School of Management explique à nos confrères de CH Media pourquoi elle a classé le Credit Suisse parmi les (très) mauvais élèves:
Il a également précisé que la banque avait une équipe de 125 personnes à Moscou avec des avoirs nets avoisinant 1,1 milliards de dollars en Russie. «Mais elle n'a pas fait d'autres démarches que de déclarer qu'elle regrettait profondément la guerre.»
En ce qui concerne Geberit, le porte-parole de l'université de Yale a déclaré: «Le groupe de technologie sanitaire a explicitement déclaré qu'il continuerait à être actif en Russie, tout en gardant mystérieux son retrait d'Ukraine». Et de poursuivre:
Geberit se défend contre ce classement médiocre. «Nous sommes intervenus auprès de l'université de Yale», déclare le porte-parole Roman Sidler. Selon lui, le classement dans la catégorie des entreprises qui s'opposent à la réduction de leur chiffre d'affaires en Russie est «définitivement faux». Selon lui, Geberit a considérablement réduit ses activités en Russie. Les activités liées aux produits haut de gamme tels que les WC et dans le segment du luxe, comme l'hôtellerie haut de gamme, ont été suspendues.
Sidler précise:
Et d'enchaîner sur les activités marketing de la société:
Les conséquences que peut avoir la pression publique ont été illustrées précédemment par le cas Nestlé. Le groupe alimentaire a été attaqué par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le Premier ministre Denys Shmyhal a écrit sur Twitter: «Payer des impôts à un Etat terroriste signifie tuer des enfants et des mères sans défense.»
Nestlé a donc dû réagir, et rapidement pour préserver une image déjà écornée. L'entreprise cesse de vendre des marques comme Kitkat et Nesquik en Russie et se limite à la fourniture de produits alimentaires de base comme les aliments pour nourrissons et les aliments médicaux.
Nestlé ne s'attend pas à faire des bénéfices en Russie dans un avenir proche - et si c'était le cas, ils seraient intégralement reversés à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).