Qu'il compte sur la task force. Sur l'immunité collective. Sur la quarantaine, le semi-confinement, le bon sens, les cantons, les vaccins. Et sur ses doigts pour le nombre de cas. Un an que grâce à un effort collectif, nous pourrons sortir de cette crise. Un an qu’Alain Berset comprend nos angoisses et nos frustrations. Un an que les conférences pressent. Un an que les chiffres sont mauvais. Que les chiffres sont encourageants. Qu’on va vers le mieux, mais que le pire est à venir. Que la 2e ou la 3e vague guettent. Qu'en fait c'est pas le début d'une nouvelle vague mais la fin de la précédente. Que tout ça, c'est surtout un peu vague. Et qu'on boit la tasse.
Un an que se laver les mains peut sauver l’humanité, mais que le virus s’en lave les siennes. Qu’il nous faut à tout prix éviter l’engorgement des hôpitaux. Qu’on ne doit pas se rendre aux urgences, qu’il faut appeler d’abord, mais ne pas ignorer notre cancer non plus. Un an que le travail est sédentaire. Qu'on l'est tout autant. Un an que les cantons devraient. Que le Conseil fédéral ne doit pas. Un an que c'est politique. Non, c'est sanitaire. Non, sociétal. Que tout ça, c'est la faute du réchauffement climatique, du capitalisme, de notre mode de vie, de Bill Gates, d'un pangolin ou à pas de chance.
Un an que ça monte. Ah, non: ça descend. Un an que, bon, rester chez soi devant Netflix, ça n'est pas non plus la Seconde Guerre mondiale. Un an qu’il en va de la responsabilité de tous. Un an que les réunions en famille sont possibles, mais. Un an que les aides vont arriver, mais. Un an que la culture est plus dangereuse qu’une supérette et un an qu'on voudrait scientifiquement savoir si c'est vrai. Un an que les restaurants vont rouvrir sauf s’ils ne rouvrent pas. Un an qu’on connaît mieux le virus aujourd’hui. Un an que la vigilance est un devoir. Que les devoirs se font sur un écran. Et que l’écran est total. Un an qu’on se relâche, mais qu’on nous comprend, mais qu’on se relâche quand même. Un an qu'il faut y mettre un peu du sien. Que la solidarité, c’est la clé.
Un an qu’on a perdu la clé.
Un an que le semi-confinement n’est pas un vrai confinement mais que ça devrait probablement suffire. Un an qu’on Zoom sans y voir forcément plus clair. Un an qu’on sait parfaitement ce que représente 1m50 dans l’espace. Qu’on prend des mesures mais qu’on ne construit plus grand chose. Un an que la balade en forêt c’est mieux qu’une fondue entre amis. Un an que les nuits ne sont plus en boîte. Que les jeunes tournent comme dans une cage. Que le sport aligne les mi-temps. Un an que les ceintures se serrent puisque les mains c'est interdit. Un an qu’un aspirateur n’est pas aussi essentiel qu’une bouteille de vodka.
Un an que les quarantaines permettront de maîtriser l’épidémie. Que les tests permettront de maîtriser l’épidémie. Que les traçages permettront de maîtriser l’épidémie. Que les masques permettront de maîtriser l’épidémie. Que maîtriser l’épidémie permettra de maîtriser l’épidémie. Un an que le télétravail est obligatoire sauf quand ce n’est pas possible. Un an qu’on se demande bien ce qui est vraiment possible.
Mais que plus rien d’autre ne l’est vraiment. Un an qu’on doit protéger nos aînés. Un an qu'on doit protéger les personnes à risque. Un an qu'on a peut-être découvert qu'on l'était. Un an qu’on réalise qu’on en a dans notre entourage. Et que notre entourage est source de contamination. Un an que certains voudraient le courir, le risque. Que d’autres s'indignent des inconscients ou des égoïstes. Qu’il se peut qu’on soit immunisé, mais jusqu’à quand? Un an que « tu l’as eu ou pas finalement? ». Un an que les voyages sont possibles, mais pas ici, et pas là non plus. Enfin, pas tout de suite.
Un an que la population comprend malgré tout, une fois déconnectée des réseaux et des conférences de presse, que ça ne doit pas être tout simple de diriger un pays quand c'est un virus qui décide.
Bref, joyeux anniversaire, cher Covid. On n’a pas acheté de cadeau, ce n’est pas essentiel paraît-il. (Et puis, on se rattrapera l'année prochaine.)