Un homme retrouvé mort au petit matin, sur le bitume, à deux pas de la gare de Lausanne, à quelques mètres de larges taches de sang — l'enquête est en cours. Un autre qui dégaine un long couteau de cuisine en plein après-midi à la Riponne et blesse un homme à la jambe dans une bagarre, raconte Blick. Les derniers jours ont été mouvementés dans la capitale vaudoise.
Les hasards du calendrier sont parfois tels que deux faits divers sans aucun lien se suivent d'un jour à l'autre. Il n'empêche, il règne un soupçon de suspicion sur la Capitale olympique depuis ce week-end: la ville est-elle encore sûre?
«On remarque une augmentation de la violence et de la délinquance avec des armes blanches», note Marlène Bérard, cheffe du groupe libéral-radical au Conseil communal de Lausanne.
«Il y a beaucoup de passage dans cette ville, notamment sur la scène de la drogue», continue l'élue. «L'ouverture du second local d'injection de la Riponne va pérenniser la présence de marginaux dans ce secteur.»
«Mais on y voit aussi beaucoup de groupes violents. On a pu le voir lors des émeutes de juin dernier, où la foule est devenue hors de contrôle, alors que les organisateurs avaient prévu une simple manifestation», note Marlène Bérard.
De l'autre côté de l'hémicycle lausannois, le président du groupe socialiste, Louis Dana, propose une autre analyse: «Satistiquement, la criminalité est en baisse à Lausanne depuis 2010 environ.» Il n'empêche, le conseiller communal abonde dans le sens de Marlène Bérard au sujet des couteaux:
Le 21 février dernier, c'est un jeune de 17 ans qui a grièvement blessé un autre durant une bagarre, au couteau justement. Et on se souvient, en septembre 2021, de ce jeune Neuchâtelois, poignardé à mort au petit matin au Flon en sortie de boîte.
Pratiquement, que faire? «Peut-être faudrait-il avoir une réflexion sur le port du couteau et la répression de cette pratique», avance Louis Dana. «Car le phénomène dépasse la ville de Lausanne, on le retrouve ailleurs en Suisse ou dans d'autres pays. Au Royaume-Uni, cette tendance est visible auprès des jeunes.» L'élu y va de son analyse sociologique:
Du côté du Municipal en charge de la sécurité, c'est silence radio. Le libéral-radical Pierre-Antoine Hildbrand se refuse à tout commentaire, précisant qu'il ne se prononce pas sur les cas particuliers. Marlène Bérard, qui semble préférer éviter d'esquinter son collègue de parti à l'Exécutif, demande à renforcer les effectifs policiers. «Les moyens sont extrêmement limités, notamment pour surveiller la place de la Riponne. Les équipes de police sont en manque d'effectif et sous tension.»
Elle dénonce ainsi la majorité de gauche au Conseil communal, «qui ne souhaite pas l'action policière forte» voulue par la droite. «On ne peut pas dire qu'il n'y a pas assez de policiers», rétorque Louis Dana, qui indique de nombreux efforts ont été faits pour recruter au sein de la police depuis plusieurs années.
Le socialiste précise qu'il reste d'ailleurs des postes ouverts, «mais on n'arrive pas à embaucher assez». Et de compléter: «Mais la solution n'est pas que policière.» Marlène Bérard concède à ce propos que la surveillance et la répression doivent être accompagnées d'un accompagnement social adapté pour être efficace. Toutefois, elle note que le manque de places dans les prisons vaudoises ne facilite pas la situation: «Elles sont pleines. Et il faut de la place pour les personnes en détention.» En conséquence: