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Le récap'

Ukraine: Les Suisses Nordmann, Kälin et Nidegger à la guerre

La première citoyenne du pays, Irène Kälin, plutôt à l'aise entourée de kalaches et de treillis.
La première citoyenne du pays, Irène Kälin, plutôt à l'aise entourée de kalaches et de treillis.keystone
Le récap'

«On n'a pas été manipulés»: des élus suisses sont allés voir la guerre

Un quatuor du parlement suisse a passé quarante-huit heures en Ukraine. Le voyage aurait dû rester secret, il s'est terminé en opération séduction. Au programme, diplomatie, solidarité, micro-blogging et selfies. A Kiev et Irpin. Et Boutcha? «Non, parce que le train a eu du retard». Roman-photo.
28.04.2022, 14:1228.04.2022, 16:21
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Roger Nordmann: «Il s’agit de signaler le soutien de la Suisse à l’Ukraine.» Mission accomplie. Une mission qui n'aurait dû être ébruitée qu'au retour, jeudi matin, de cette petite délégation de parlementaires suisses. C'était sans compter l'indiscrétion d'un journal alémanique. En compagnie du député socialiste vaudois? La première citoyenne du pays Irène Kälin (Les Verts-AG), l'UDC genevois Yves Nidegger et le Zurichois Nik Gugger (PEV).

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Image: keystone

Ce voyage, c'est «de la politique de neutralité», selon Roger Nordmann, sur Forum mercredi soir. «Chaque premier ou première citoyenne effectue ce genre de voyages officiels. Le fait que l’Ukraine soit en guerre colore le dossier, mais cela fait partie du mandat de parlementaire», se justifie de son côté le genevois Yves Nidegger, au Temps, alors qu'il tacle le manque de neutralité de la Suisse depuis le début de la guerre. Là, c'est humanitaire. «On parle de souffrance humaine, ici.» Noté.

Mardi matin, le quatuor s'envole donc de Berne pour la Pologne. Première escale d'un voyage ardemment désiré par le président du parlement ukrainien, Rouslan Stefantchouk.

C'est lui. (A droite)

Parce que, à gauche, c'est Roger Nordmann.
Parce que, à gauche, c'est Roger Nordmann.keystone

Dans leurs bagages, quelques bouteilles d'eau, de la solidarité à revendre, deux ou trois journalistes (aucun romand) et un service de sécurité maigrelet. La présidente du Conseil national a d'ailleurs ronchonné, mercredi. Irène Kälin n'a pas pu compter sur l'Office fédéral de la police pour assurer ses arrières. «Si je vais à un spectacle à Thoune, on m'accompagne. Mais pas dans une zone de guerre!», se plaindra-t-elle au Blick. Les troupes de Fedpol ne seraient «ni équipées ni formées» pour aller bosser en zone de guerre. Voilà.

Mardi soir, les élus grimpent dans un train de nuit à Przemysl, direction Kiev. Un long (et écologique) voyage qui les occupera toute la nuit. De quoi potasser les dernières infos, piquer un roupillon ou faire quelques selfies pour la postérité. Comme Roger Nordmann depuis son compartiment 78.

«Coucou à tous depuis Przemysl.»
«Coucou à tous depuis Przemysl.»Image: keystone
Nationalrat Yves Nidegger liegt in seinem Schlafwagenabteil im Nachtzug von Przemysl, Polen nach Kiew in der Ukraine, am Dienstag, 26. April 2022. Eine Schweizer Delegation mit Nationalratspraesidenti ...
«C'est quoi déjà mon mot de passe Netflix?»Image: KEYSTONE
«Je crois qu'elles ne trouvent pas mon demi-tarif.»
«Je crois qu'elles ne trouvent pas mon demi-tarif.»image: keystone
On s'approche de Kiev.
On s'approche de Kiev.Image: keystone

Mercredi, à l'aube, l'Ukraine. Les quatre parlementaires suisses auraient dû faire une halte à Boutcha la dévastée, «mais notre train avait du retard», raconte Irène Kälin à 24 heures. Ce sera donc Kiev, Irpin et l'aérodrome de Gostomel, totalement détruit par les troupes russes.

«On voit la violence des combats... tout le matériel... c'est détruit... c'est... pour le reste c'est du matériel de guerre russe»
Roger Nordmann, depuis l'aérodrome de Gostomel.

Pour la première citoyenne du pays, il est surtout question de représenter le parlement suisse. De faire bonne figure. De montrer que la Suisse n'est pas insensible à l'horreur qui se déroule en Ukraine. Ont-ils été instrumentalisés? «On savait, en partant, que le but de cette visite pour les Ukrainiens était de montrer qu’ils étaient soutenus par des responsables politiques occidentaux», raconte Irène Kälin à 24 heures. Elle avouera aussi dans un média alémanique avoir pas mal hésité avant de faire ses bagages.

De l'aérodrome de Gostomel...

Irene Kaelin, President of the Swiss National Assembly, center, surrounded by members of the Ukrainian military, leaves the Hostomel airfield near Kiev, Ukraine, which was destroyed by Russian invader ...
Pour ce qui est de faire bonne figure, on peut dire que la présidente du conseil national, Irène Kälin, a maîtrisé l'exercice.Image: KEYSTONE

A la ville d'Irpin.

Irène Kälin, entourée de Rouslan Stefantchouk, président du Parlement ukrainien, Florin Citu, président du Parlement roumain, Talat Xhaferi, président du Parlement de Macédoine du Nord et de quelques  ...
Irène Kälin, entourée de Rouslan Stefantchouk, président du Parlement ukrainien, Florin Citu, président du Parlement roumain, Talat Xhaferi, président du Parlement de Macédoine du Nord et de quelques soldats armés.Image: keystone
«Sur le chemin, nous avons vu d’innombrables chars brûlés et des camions détruits, raconte le conseiller national Roger Nordmann. On nous a dit qu’il y avait encore des corps dans les décombres»
Roger Nordmann, à Blick

Zelensky, en personne

Mercredi après-midi, Irène Kälin a même pu s'entretenir, à Kiev et en coup de vent, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une poignée de main et un échange qui a impressionné la présidente de Conseil national.

Volodymyr Zelensky à droite, Irène Kälin au centre.
Volodymyr Zelensky à droite, Irène Kälin au centre. Image: keystone
«Cet homme qui trouve les mots justes dans les médias, je l'ai retrouvé dans cet entretien bilatéral: un président incroyable pour ce pays dans ces temps difficiles»
Irène Kälin, au sujet du président Zelensky, dans le 24 heures.

Irène Kälin a ensuite passé un bon moment au parlement ukrainien avec son homologue Rouslan Stefantchouk. Au programme, les besoins humanitaires de l'Ukraine ou encore l'honneur qu'il a eu de recevoir cette délégation suisse. «Il faut du courage pour entreprendre ce déplacement, qui est un signe clair de soutien», dira-t-il en conférence de presse, à Kiev, en fin de journée. Dans Le Temps, Roger Nordmann précise enfin que «les Ukrainiens saluent le fait que la Suisse ait pris position sans ambiguïté sur le caractère illégal de l’attaque».

Le retour en Suisse

De retour aujourd'hui, jeudi, la délégation du parlement suisse s'ajoute donc à l'interminable liste des visites d'élus occidentaux en Ukraine, comme Boris Johnson tout dernièrement. Un voyage symbolique que le quatuor, marqué par ce qu'ils ont vu, devront sans doute raconter (expliquer? Justifier?) ces prochaines semaines.

Die Mitglieder des Nationalrats, Yves Nidegger, SVP-GE, Niklaus Nik Gugger, EVP-ZH, Nationalratspraesidentin Irene Kaelin, GP-AG, und Roger Nordmann, SP-VD, von links, berichten ueber ihren Besuch in  ...
Image: KEYSTONE

En conférence de presse, à 13h, Roger Nordmann s'est déjà défendu d'avoir été utilisé par les autorités ukrainiennes et Irène Kälin a rappelé que la Suisse a tout ce qu'il faut pour filer un coup de main au pays une fois la guerre terminée.

Manipulation?

«Non. C'est important d'y aller pour montrer que c'est la guerre»
Roger Nordmann

Reconstruire l'Ukraine?

«Nous avons le savoir-faire et l'argent pour le faire»
Irène Kälin

Boris Johnson en visite à Kiev:

Vidéo: watson
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Video: watson
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