Bruxelles propose d'arrêter d'ici six mois les importations européennes de pétrole russe, qui représentent environ un quart des importations pétrolières de l'UE. C'est ce qu'a annoncé mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
En comparaison internationale, la Suisse présente une consommation élevée de sources d'énergies liquides. En effet, combustibles pétroliers et carburants représentent environ 50% de la consommation totale d'énergie en Suisse, selon les chiffres du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Au vu de cette forte consommation de pétrole, une question s'impose: la Suisse devrait-elle suivre les dernières sanctions de l'Union européenne? Ou une telle décision mettrait-elle en danger notre approvisionnement en pétrole?
Fabian Bilger, de l'association des importateurs de combustibles et de carburants «Avenergy Suisse», n'est pas inquiet. Interrogé par Keystone-ATS, il s'est dit prêt à donner son feu vert à la Confédération, si celle-ci décide de suivre les sanctions européennes. Et la raison est simple: le pétrole brut importé ne provient pas de Russie, mais principalement d'Afrique du Nord et du continent nord-américain.
Le DFAE cite en effet le Nigeria, le Mexique et les Etats-Unis comme les principaux pays exportateurs. Selon Bilger, l'importation de pétrole brut ne représente en outre que 25% du total. 75% des importations sont constituées de pétrole déjà raffiné en provenance de l'UE.
Le marché du pétrole apparaît toutefois très variable, reconnaît le spécialiste. Le pétrole russe pourrait être remplacé par du pétrole d'autres pays producteurs. Car contrairement au gaz, qui en Europe ne peut presque être acheminé seulement par pipelines depuis certains pays producteurs, la logistique du marché pétrolier est plus flexible:
Les raffineries individuelles seraient confrontées à des défis logistiques en cas d'embargo, mais le marché global se révélerait capable de s'adapter.
En ce qui concerne le prix du pétrole, Fabian Bilger suppose qu'une partie des effets des sanctions a déjà été anticipée. Il fait notamment référence au prétendu écart Oural-Brent, un indicateur qui montre la différence de prix entre le pétrole russe et norvégien.
Si l'on en croit l'expert, cette différence de prix est généralement inférieure à un dollar le baril. «Mais actuellement, il est de moins 35 dollars». Cela signifie qu'un baril de pétrole russe est 35 dollars moins cher qu'un baril de pétrole norvégien.
«Les négociants en matières premières en Europe semblent donc déjà avoir réagi à la menace d'un embargo en achetant nettement moins de pétrole russe», conclut Fabian Bilger. (sda/mndl)