Les tensions qui gangrènent la commune de Nyon ne sont pas récentes. Mais c'est un article publié dimanche dans Le Temps qui a jeté une lumière crue sur la tourmente que traverse la quatrième ville du canton de Vaud.
Dans l'administration de la commune, depuis quelques mois, rien ne va plus. Rapports, enquêtes, audits, heures de médiation, départs, licenciements et congés maladie en masse... Un climat délétère au point qu'une enquête administrative a été ouverte cet été. Il s'agissait de faire la lumière sur divers problèmes:
Vendredi 17 décembre, l'affaire, jusque-là plutôt confidentielle, prend une dimension publique: la municipalité de Nyon annonce qu'elle dépose une plainte pénale pour violation du secret de fonction contre l'une de ses membres, la municipale verte Elise Buckle. L'exécutif réclame sa suspension auprès du Conseil d’Etat.
Il la soupçonne d'être responsable de fuites sur l'enquête et d'avoir divulgué des informations confidentielles.
Le Temps a accès à des éléments du dossier d'enquête. Dans un article publié dimanche, il évoque l'existence du «système Rossellat», du nom du syndic et président du Paléo Festival, Daniel Rossellat, qui aurait mis en place une véritable «omerta» au sein de la commune.
Citée par Le Temps, Letizia Pizzolato, syndicaliste du SSP, évoque un système «mis en place par le syndic depuis des années est celui d’une gestion de l’administration par la bande, souterraine et opportuniste».
L'ancienne conseillère municipale nyonnaise Elisabeth Ruey-Ray renchérit: «Daniel Rossellat est devenu intouchable. Personne n’ose critiquer, en partie par manque de courage. Mais j’ai aussi l’impression qu’à Nyon, tout le monde se doit quelque chose. Le premier qui bouge a perdu».
Lundi, lors d'une conférence de presse, la Municipalité de Nyon a tenu à afficher son unité. Ses membres se sont présentés tous ensemble, à l'exception de leur collègue Elise Buckle.
Les municipaux ont relevé que la cohabitation avait été difficile dès son entrée en fonction durant l'été. «Sans vouloir entrer dans les détails, elle a eu un comportement qui n'est pas admissible», a affirmé Stéphanie Schmutz.
La principale concernée a déjà réagi «à chaud» ce week-end, dans les colonnes du Temps et de La Côte et nié farouchement les accusations de fuite. Selon elle, elle n'a «rien à se reprocher». Pour l'instant, elle reste en poste et continue à participer aux séances de la Municipalité. La municipale a officiellement pris position mardi. 👇
Dans un communiqué, elle nie donc «catégoriquement» les accusations d'orchestrations de fuites. Elle dénonce des «soupçons choquants et infondés». Elle réfute tout en bloc:
Elle revient également sur la chronologie des événements:
La balle est maintenant dans le camp du Ministère public. Si ce dernier considère que l’ouverture d’une enquête pénale à l’encontre de la municipale se justifie, alors la procédure de suspension pourra être ouverte.
De son côté, le Conseil d'Etat vaudois connaissait les difficultés à la Ville de Nyon puisque le préfet avait été sollicité pour ses bons offices, a dit lundi soir sur les ondes de la RTS la ministre en charge des communes Christelle Luisier. Le gouvernement se prononcera sur une suspension éventuelle uniquement si le Ministère public ouvre une enquête pénale, a-t-elle indiqué.
Quant à Daniel Rossellat, mis en cause par l'article du Temps, il a été fermement défendu par ses collègues.
Daniel Rossellat s'est lui-même dit «choqué» par cet article. «Toutes ces allégations ne correspondent pas à la réalité», a-t-il affirmé.
Concernant les résultats de l'enquête administrative débutée en août, Pierre Wahlen a indiqué que des sanctions (mais pas de licenciements) étaient envisagées contre les deux personnes en conflit, notamment pour des propos «dénigrants et inappropriés».