Monté en flèche dès le début de la guerre en Ukraine, le prix de l'essence stagne au-dessus de la barre des 2 francs depuis plusieurs semaines. Ça gratte dans le porte-monnaie, notamment pour ceux effectuant de longs trajets quotidiens en voiture.
Toute l'Europe est touchée, mais à des degrés divers. Selon les chiffres du TCS, le sans-plomb 95 coûte en moyenne 2,17 francs en Suisse, contre 2,05 en France, 1,87 en Allemagne 2,03 en Autriche. L'Italie est à notre niveau, avec un prix moyen de 2,18 francs au litre.
Alors, comment la situation va-t-elle évoluer? Massimo Gonnella, porte-parole du TCS, répond à nos questions.
«Les prix de l’essence dépendent principalement de l’évolution sur les marchés internationaux du pétrole.
En cause, les nombreuses influences géopolitiques qui affectent les prix du pétrole brut et des évolutions du marché du raffinage — l’essence étant produite à partir du pétrole brut.»
«L’évolution des marchés internationaux suite à la forte demande en énergie des pays industrialisés ainsi que la guerre en Ukraine impliquant la Russie, qui compte parmi les principaux fournisseurs d’énergie, a progressivement provoqué une hausse des prix du pétrole.
Les prix de l’essence et du diesel à la pompe dépendent des prix du pétrole, des frais de raffinerie de ces huiles minérales et des prix de transport. Si les pays producteurs augmentent leur volume de production, les prix devraient baisser.»
«L’essence vendue dans nos pompes est la même qu’ailleurs, les normes et réglementations quant à la qualité étant valables dans toute l’Europe. Certains distributeurs proposent des carburants avec des additifs, et ils vendent ces carburants à des prix légèrement plus élevés. Mais sinon, nous consommons les mêmes produits qu’ailleurs.
Pour la Suisse, le transport a lieu majoritairement via le Rhin, et avec un niveau des eaux bas comme nous le vivons en ce moment, les transports coûtent plus cher, ce qui se reflète aussi dans le prix à la pompe. Depuis début juin, les tarifs de fret pour la navigation sur le Rhin ont augmenté de 43 francs par tonne à 135 francs par tonne en raison du faible niveau des eaux. Mais ce n'est pas ce qui explique le plus la différence de prix:
Le but de l'opération est d'aider les foyers à continuer à consommer. En France, 15 centimes par litre sont financés par l'Etat pendant 4 mois. En Italie jusqu’à 30 centimes par litre durant un mois et en Allemagne, entre 15 et 30 centimes selon le type de carburant. Ceci n’est pas le cas pour la Suisse ou le gouvernement a décidé de ne pas considérer une telle solution.»
«Une normalisation, voir une baisse vers les niveaux précédents est difficilement prévisible. En quatre ans, à titre d'exemple, les prix ont fortement varié. En 2018, le prix moyen pour le baril de pétrole était d’environ 71 dollars, en 2019 de 64 dollars. En 2020, avec la baisse de production suite à la pandémie de Covid, le prix moyen était descendu à 42 dollars, pour remonter en 2021 à environ 70 dollars.
En juin de cette année, les experts de Goldman Sachs ont estimé le prix moyen de 135 dollars le baril pour la période du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.
Cette situation peut évidemment très vite changer en fonction de l’évolution du climat international.»