Suisse
Reportage

Lignes TPG en travaux: les Genevois sont furieux

«Je dois partir plus tôt de chez moi, c'est vraiment chiant», nous dit un usager.
«Je dois partir plus tôt de chez moi, c'est vraiment chiant», nous dit un usager.Image: watson

«Putain, on paie un abo pour rien»: on a testé le tram de la mort à Genève

A Genève, des travaux sont en cours sur les lignes 12 et 17 des transports publics genevois (TPG), perturbant la connexion entre le centre-ville et la frontière française jusqu'au 28 novembre. En cause, la pose d'un nouvel aiguillage. Reportage lors d'un trajet.
24.10.2024, 06:05
Léa Allié
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Le périple débute à Annemasse, du côté français. Il est 7h et la ville s'éveille lentement. Dans ce calme matinal, seul le bruit des bus qui s'affairent à transporter les premiers lève-tôt résonne. Les rues, encore peu fréquentées à cette heure, s'animent progressivement sous le pas pressé des frontaliers.

L'écran de l'angoisse

A l'arrêt de tramway «Croix d'Ambilly», les usagers attendent patiemment, téléphone à la main et écouteur dans les oreilles. Alors qu'ils se préparent à entamer leur trajet quotidien vers Genève, un message apparaît à l'écran d'information des transports publics genevois (TPG): «circule uniquement entre Parc Montessuit et Grange-Canal».

Panneau d'affichage TPG à l'arrêt "Croix d'Ambilly"
Le panneau d'affichage TPG à l'arrêt «Croix d'Ambilly».Image: watson

Bien que les travaux sur la ligne 17 aient débuté depuis quelques jours et doivent se terminer le 28 novembre prochain, l'agacement se fait ressentir, ponctué par des soupirs ici et là. Un homme s'exclame à haute voix:

«Putain, on paie un abonnement pour rien»

Cet individu, c'est Mathis, un ouvrier du bâtiment. Il confie: «Je dois partir plus tôt de chez moi, c'est vraiment chiant». Avant que les travaux ne commencent, le trajet domicile-travail lui prenait à peine 30 minutes. Maintenant, il doit ajouter vingt minutes à son temps de trajet initial.

L'homme au gilet fluo

Les mines endormies, les passagers montent dans le tram et s'installent. Les plus chanceux parviennent à s'asseoir, tandis que les autres doivent rester debout. Certains sont plongés dans un livre ou scotchés à leur téléphone, pendant que d'autres discutent avec leurs collègues du «tram de la mort».

Soudain, les conversations et les pensées sont interrompues par un message sonore diffusé à plein volume dans les haut-parleurs:

«Avis de perturbation - la ligne 17 circule seulement entre Parc Montessuit et l’arrêt provisoire de Grange-Canal. Puis, marcher 500m et emprunter la ligne 12 entre Grange-Canal et Lancy-Bachet, gare. Merci de votre attention.»

Cela ne semble pas le chemin le plus court.

Une dizaine de minutes de trajet plus tard, le tram ralentit puis s'arrête brusquement. Tout à coup, un homme vêtu d'un gilet fluo, avec le logo TPG devant et le sigle «info» inscrit dans le dos, monte dans le tram et hurle:

«Terminus s’il vous plaît»
Un homme chargé d'informer les voyageurs pendant les travaux.

Le parcours du combattant

Après avoir quitté le confort relatif du tramway, les usagers s'élancent en direction de l'arrêt provisoire, situé 500 mètres plus loin, en slalomant entre les poussettes et les trottinettes électriques. Une fois le parcours d'obstacles franchi, ils se placent dans la file indienne qui s'est formée sur le trottoir, comme un troupeau de moutons.

Des passagers du tramway 17 qui changent de tram lors des travaux.
En chemin avec les passagers du tramway 17 se dirigeant vers l'arrêt provisoire pour attraper la ligne 12, le temps des travaux. Image: watson

L'allure de marche des passagers varie. Certains avancent sereinement, car ils ont prévu le coup, tandis que d'autres, comme Clara, semblent pressés. En chemin, elle s'interroge sur les panneaux d'information qui jalonnent son trajet: «J'ai remarqué ces panneaux ces derniers jours, mais je n'ai pas pris le temps de les lire», confie-t-elle, l'air inquiet.

Dans l'espoir de gagner du temps, la jeune fille se décale sur la route, tentant d'éviter la foule qui s'est agglutinée sur le trottoir. Nous la suivons, mais nous sommes rapidement rappelés à l'ordre par un homme, armé de bâtons lumineux qui s'agitent dans tous les sens:

«Mesdames, trottoir s’il vous plaît»
Un homme chargé de la circulation pendant les travaux.

Clara, malgré son élan, lève les yeux et stoppe net sa course pour remonter sur le trottoir. Face à elle, un homme tout en jaune fluo est chargé de faire la circulation le temps des travaux.

Dérouler le tapis bleu

Essoufflée par cette accélération, l'étudiante poursuit: «Je n'étais pas au courant des travaux, je vais arriver en retard». Alors qu'on se rapproche de l'arrêt provisoire, un panneau lumineux affiche en grand le numéro «12», signalant la présence du véhicule.

A notre arrivée, c'est l'étonnement: on découve une plateforme en bois, dissimulée sous des balisages de signalisation rouge et blanc et recouverte d'une moquette en velours bleu. A côté de nous, une femme qui emprunte ce chemin chaque matin, nous explique:

«C'est un aménagement temporaire qui reste en place tous les jours, pendant les travaux»
Une usagère régulière des transports publics genevois.

Autour de nous, des passants intrigués font traîner leurs pieds sur la moquette, quand d'autres s'engouffrent dans le tram, déjà à quai.

La dernière ligne droite

Ça y est, on y est! Enfin installés dans le tram 12, les passagers trépignent lorsqu'un nouveau message apparaît à l'écran:

«Départ dans 4 min»

La cause? Les trams circulent uniquement par tronçons, nous obligeant à attendre les personnes qui arrivent au compte-gouttes. Les passagers déjà à bord ne cessent de tourner les yeux vers l'écran. Tout à coup, le bruit des freins qui se relâchent se fait entendre, et le tram démarre. Un soupir collectif s’élève dans la rame.

Le périple touche à sa fin. Encore quelques minutes de courage et chacun pourra reprendre son trajet habituel.

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Vidéo: watson
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