Des centaines de psychologues-psychothérapeutes en formation, plus de 700 rien qu'en Suisse romande, risquent de se retrouver bientôt au chômage et de laisser jusqu'à 12 000 patients sans suivi. C'est le constat alarmant récemment formulé par les professionnels du secteur.
La faute à la nouvelle réglementation de la psychothérapie décidée en mars de l'année passée par le Conseil fédéral. Si elle permet aux professionnels du secteur de facturer leurs prestations à l’assurance de base, elle laisse les jeunes en formation dans le flou.
Face à cette situation, les principaux intéressés ont décidé d'agir. Le 25 octobre, ils ont lancé une pétition adressée à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et au conseiller fédéral Alain Berset.
«Il s'agit d'éviter une catastrophe annoncée, les psychologues-psychothérapeutes en formation risquent de sortir du système parce qu'ils ne peuvent plus facturer», réagit Camille Ulmann, l'une des pétitionnaires et qui vient par ailleurs d'obtenir son titre post-gradué.
La pétition a reçu le soutien de la Fédération suisse des Psychologues (FSP) et des associations cantonales romandes, «qui ont jusqu'à présent été nos interlocutrices privilégiées», poursuit Camille Ulmann, qui tient à préciser:
Les demandes des initiants ont été relayées par la FSP auprès des autorités fédérales, qui ont été informées du début de la récolte des signatures, explique la jeune psychologue. La fédération nationale entend ainsi «adapter les dispositions transitoires à la réalité du terrain», peut-on lire dans un document envoyé à ses membres.
Mais de quelles demandes parle-t-on? «Nous souhaitons que les autorités clarifient le statut des psychologues-psychothérapeutes en formation dans la loi, ainsi que leur droit de facturation», explique Camille Ulmann. Certaines assurances maladie profitent en effet d'un flou juridique pour ne pas les payer.
Deuxième problème: pour pouvoir facturer à leur compte, les jeunes en formation doivent remplir des conditions jugées irréalistes par les intéressés. La pétition demande donc de changer les choses, «afin de pallier le manque criant de postes de formation pour les psychologues dans les institutions psychiatriques reconnues», complète Camille Ulmann.
L'action de Camille Ulmann et de ses collègues a également une visée informative: informer les psychologues-psychothérapeutes en formation de la situation. «Enormément d'entre eux ne sont pas au courant de ces difficultés et pourraient bientôt avoir de mauvaises surprises», assure-t-elle.
Dernièrement, les initiants veulent envoyer un signal et montrer aux autorités que cette préoccupation est partagée par tout le milieu des psychologues.
La pétition, avant tout adressée aux professionnels du secteur, a récolté quelque 3500 signatures à ce jour. Un résultat jugé «très satisfaisant» par Camille Ulmann, qui développe: «Nous avons obtenu plus de 2000 signatures en 48 heures, et cela continue de monter. Leur nombre augmente régulièrement et, tant qu'on a du succès, nous allons continuer.»
Et la suite, justement? La jeune psychologue indique attendre le retour des discussions entre la FSP et l'OFSP, avant de conclure: