Une task force c'est une «forme d'organisation temporaire créée pour exécuter une tâche ou activité donnée». Merci Wikipédia pour la définition ronflante et un peu barbare de l'un des termes les plus utilisés dans la lutte contre la pandémie! Derrière cet anglicisme hyper trendy se cache une multitude d'experts en tout genre, où chacun défend son opinion scientifique. Comment devient-on membre d'une task force? Quel est son véritable rôle? On vous aide à y voir plus clair en 5 points.
Les groupements d'experts se forment dans les moments de crise. Le but réside dans l'union des forces. Durant les années 90 par exemple, le Conseil fédéral avait décidé de créer une cellule spéciale, chargée des questions relatives au rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Cette cellule de crise portait le nom de «Task Force Suisse - Seconde guerre mondiale» et elle a été dissoute le 31 mars 1999.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, plusieurs «task force Covid-19» ont fait leur apparition. La plus médiatisée reste sans doute celle de la Confédération: la Swiss National COVID-19 Science task force.
Mais en réalité, n'importe qui peut créer un groupement d'experts. Ainsi, le Conseil d'Etat vaudois possède son propre Conseil scientifique depuis octobre 2020. De nombreuses institutions comme les écoles, les polices ou encore les hôpitaux détiennent leur task force interne. Elles sont partout et la liste exhaustive est impossible à dresser.
Un groupement d'experts conseille les acteurs politiques. Lorsqu'une situation particulière génère des incertitudes (comme c'est le cas dans la crise du coronavirus), «les task force doivent pouvoir prendre du recul et de la hauteur pour devenir une aide décisionnelle» rappelle Pierre Aubry, expert en gestion de crise. Ce rôle-là appartient par exemple à la task force Covid-19 nationale. Elle décide de recommander telle ou telle mesure.
En réalité, l'expression «task force» peut également signifier «groupe opérationnel». Le professeur Blaise Genton par exemple, chef de la Policlinique de médecine tropicale, voyages et vaccinations d'Unisanté à Lausanne, détient cette double casquette.
Il est à la fois membre du Conseil scientifique, qui renseigne le Conseil d'Etat vaudois, et responsable médical au sein de la task force vaccination COVID-19 du canton. «Nous, nous sommes sur le terrain, nous gérons l’organisation, nous développons les procédures et nous formons différentes personnes pour la vaccination» précise le chef du groupe.
«Une bonne task force devrait être pluridisciplinaire» explique l'expert en gestion de crise Pierre Aubry. Pour cette raison, environ 70 expertes et experts accompagnent les décisions du Conseil fédéral. Les médecins y côtoient des spécialistes de l'économie, de l'informatique ou encore de l'éthique, pour n'en citer qu'une partie.
Une réponse universelle n'existe pas. Voici celle de Blaise Genton: «Je me suis vite posé la question de la vaccination au début de la crise. J'ai pris contact avec l'adjoint du médecin cantonal l'été passé pour discuter de l'organisation. À partir de là, les choses se sont progressivement mises en place et le choix final a été effectué par le Conseil d'Etat». Ces experts sont-ils payés ou pas? Là aussi, une réponse universelle n'existe pas. Une assurance du moins: les experts fédéraux et ceux du canton de Vaud travaillent bénévolement.
«Une organisation de ce type doit pouvoir évoluer selon la progression de la situation» répond Pierre Aubry, avant d'ajouter que «l'adaptation et la flexibilité sont nécessaires».
Ainsi, depuis juin 2020, la «task force coronavirus» de l'université de Neuchâtel n'est plus en activité. Créée en mars, elle a cédé sa place à un plan de protection. À l'inverse, d'autres mandats se retrouvent prolongés comme la task force «Perspectives Apprentissage», mise en place par le conseiller fédéral Guy Parmelin au sein de son département.