Suisse
Sciences

C'est quoi une «task force»?

La Swiss National Covid-19 Science task force est omniprésente depuis le début de la pandémie. À gauche, son président Martin Ackermann.
La Swiss National Covid-19 Science task force est omniprésente depuis le début de la pandémie. À gauche, son président Martin Ackermann. keystone / shutterstock / watson

C'est quoi une «task force»?

L'usage de certaines expressions s'est amplifié avec la pandémie de Covid-19. Parmi elles, celle de «task force» revient quotidiennement depuis un an. Ça mérite bien une mise au point.
03.03.2021, 06:0314.09.2021, 12:02
Plus de «Suisse»

Une task force c'est une «forme d'organisation temporaire créée pour exécuter une tâche ou activité donnée». Merci Wikipédia pour la définition ronflante et un peu barbare de l'un des termes les plus utilisés dans la lutte contre la pandémie! Derrière cet anglicisme hyper trendy se cache une multitude d'experts en tout genre, où chacun défend son opinion scientifique. Comment devient-on membre d'une task force? Quel est son véritable rôle? On vous aide à y voir plus clair en 5 points.

Pourquoi réunir des experts?

Les groupements d'experts se forment dans les moments de crise. Le but réside dans l'union des forces. Durant les années 90 par exemple, le Conseil fédéral avait décidé de créer une cellule spéciale, chargée des questions relatives au rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Cette cellule de crise portait le nom de «Task Force Suisse - Seconde guerre mondiale» et elle a été dissoute le 31 mars 1999.

«Le concept de task force repose sur une notion militaire. Lors d'une situation particulière, on va rassembler différentes armes sous un même commandement pour gagner en efficacité. »
Pierre Aubry, expert en gestion de crise.

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, plusieurs «task force Covid-19» ont fait leur apparition. La plus médiatisée reste sans doute celle de la Confédération: la Swiss National COVID-19 Science task force.

Mais en réalité, n'importe qui peut créer un groupement d'experts. Ainsi, le Conseil d'Etat vaudois possède son propre Conseil scientifique depuis octobre 2020. De nombreuses institutions comme les écoles, les polices ou encore les hôpitaux détiennent leur task force interne. Elles sont partout et la liste exhaustive est impossible à dresser.

Quel est leur rôle?

Un groupement d'experts conseille les acteurs politiques. Lorsqu'une situation particulière génère des incertitudes (comme c'est le cas dans la crise du coronavirus), «les task force doivent pouvoir prendre du recul et de la hauteur pour devenir une aide décisionnelle» rappelle Pierre Aubry, expert en gestion de crise. Ce rôle-là appartient par exemple à la task force Covid-19 nationale. Elle décide de recommander telle ou telle mesure.

«Il faut bien différencier les groupes d'experts qui conseillent les autorités publiques, des autres, qui travaillent sur le terrain»
Blaise Genton, Chef du groupe d’experts de la task force vaccination dans le canton de Vaud.

En réalité, l'expression «task force» peut également signifier «groupe opérationnel». Le professeur Blaise Genton par exemple, chef de la Policlinique de médecine tropicale, voyages et vaccinations d'Unisanté à Lausanne, détient cette double casquette.

Le professeur Blaise Genton a de l'expérience dans les études vaccinales. En 2014, il a contribué dans la lutte contre le virus Ebola, qui sévissait sur le continent africain.
En 2014, Blaise Genton contribuait déjà dans la lutte contre le virus Ebola, qui sévissait sur le continent africain.Image: KEYSTONE

Il est à la fois membre du Conseil scientifique, qui renseigne le Conseil d'Etat vaudois, et responsable médical au sein de la task force vaccination COVID-19 du canton. «Nous, nous sommes sur le terrain, nous gérons l’organisation, nous développons les procédures et nous formons différentes personnes pour la vaccination» précise le chef du groupe.

C'est quoi le profil type?

«Une bonne task force devrait être pluridisciplinaire» explique l'expert en gestion de crise Pierre Aubry. Pour cette raison, environ 70 expertes et experts accompagnent les décisions du Conseil fédéral. Les médecins y côtoient des spécialistes de l'économie, de l'informatique ou encore de l'éthique, pour n'en citer qu'une partie.

Comment devenir membre?

Une réponse universelle n'existe pas. Voici celle de Blaise Genton: «Je me suis vite posé la question de la vaccination au début de la crise. J'ai pris contact avec l'adjoint du médecin cantonal l'été passé pour discuter de l'organisation. À partir de là, les choses se sont progressivement mises en place et le choix final a été effectué par le Conseil d'Etat». Ces experts sont-ils payés ou pas? Là aussi, une réponse universelle n'existe pas. Une assurance du moins: les experts fédéraux et ceux du canton de Vaud travaillent bénévolement.

Et la durée de vie d'une task force?

«Une organisation de ce type doit pouvoir évoluer selon la progression de la situation» répond Pierre Aubry, avant d'ajouter que «l'adaptation et la flexibilité sont nécessaires».

Ainsi, depuis juin 2020, la «task force coronavirus» de l'université de Neuchâtel n'est plus en activité. Créée en mars, elle a cédé sa place à un plan de protection. À l'inverse, d'autres mandats se retrouvent prolongés comme la task force «Perspectives Apprentissage», mise en place par le conseiller fédéral Guy Parmelin au sein de son département.

Quelques Romands, membres de la task force nationale

1 / 8
Quelques Romands, membres de la task force nationale
Samia Hurst-Majno, experte en éthique biomédicale à l'université de Genève et vice-présidente de la task force de la Confédération
source: dr / dr
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
L'ex-secrétaire général de la Fondation Beaulieu blanchi par la justice
Bien que le Ministère public avait requis huit mois de prison avec sursis pour «gestion déloyale aggravée», l'ancien responsable est à nouveau blanchi, en appel.

Le Tribunal cantonal vaudois confirme l'acquittement de l'ancien secrétaire général de la Fondation Beaulieu à Lausanne. Comme en première instance, la Cour d'appel a estimé que Marc Porchet n'était pas coupable de gestion déloyale.

L’article