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Sunrise: voici la publicité que les Suisses romands ne verront jamais

Voici la publicité que les Suisses romands ne verront jamais

Depuis quelques jours, impossible de ne pas tomber sur des panneaux qui laissent penser qu'un concert de Metallica, Abba ou encore Kiss se prépare. Puis, en se rapprochant, on constate que c'est une parodie orchestrée par l'opérateur Sunrise. Et c'est plutôt malin. Hélas, les Romands vont devoir se passer d'un artiste pourtant... francophone.
12.07.2024, 06:0212.07.2024, 07:42
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Comme c'est plutôt rare qu'une affiche publicitaire plantée dans la rue nous intrigue au point d'y penser après l'avoir largement dépassé, on s'est dit qu'il fallait creuser. Un peu seulement. Ce n'est pas non plus l'affaire Takieddine.

Que trouve-t-on sur ces excroissances marketing? Un logo. Sur fond noir. Et pas n'importe quel logo. Un truc bien familier. De ceux qui réveillent de bons souvenirs. Au point de tomber à chaque fois dans le panneau, lorsqu'on est encore à plus de vingt mètres du crime.

Pour vous permettre de vous y croire, voici un petit bricolage maison:

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Ceux qui n'ont pas immédiatement pensé à Metallica ont de sérieuses lacunes musicales à combler.

On se rapproche un peu?

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Encore?

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Un autre?

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Rhoo, allez....

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Megabyte pour Metallica, Wi-Fi pour AC/DC. Simple, basique. Derrière cette petite astuce graphique se cache la société Sunrise et son offre de fidélité baptisée Moments. En Suisse romande, quatre artistes légendaires se retrouvent ainsi parodiés dans les rues des grandes villes.

Kiss, Metallica, AC/DC et Abba.
Kiss, Metallica, AC/DC et Abba.

Et dans les rues de Lausanne...

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Pourquoi eux et pas les autres? Pourquoi de vieux groupes? Pourquoi trois pourvoyeurs de rock? Où est passée Taylor Swift? DJ Bobo? L'opérateur suisse avait-il l'autorisation de plagier ainsi le blase de telles sommités de la musique? Ont-ils contacté Angus Young pour s'en assurer? Petit coup de fil au porte-parole, avec qui on commence logiquement par énumérer les artistes parodiés, histoire de s'assurer d'en n'avoir raté aucun.

«Oui, quatre, c'est bien juste. En Suisse alémanique, nous en avons un cinquième, mais je ne sais plus lequel, je vais aller me renseigner»
Rolf Ziebold, senior director public relations chez Sunrise

Nous apprendrons donc le nom du cinquième larron quelques heures plus tard. Dans l'intervalle, on comprend que les artistes placardés en ville ne sont pas forcément en concert prochainement et qu'ils n'ont pas tous été inclus dans le programme fidélité de l'opérateur suisse.

«Moments», c'est le petit sucre culturel et sportif offert aux clients de Sunrise et UPC, histoire qu'ils ne filent pas chez la concurrence. Sur son blog, le journaliste spécialisé Xavier Studer, lui aussi interloqué par cette campagne massive dans les grandes villes du pays, rappelle que c'est un secteur où le taux de désabonnement est élevé».

Tarifs préférentiels, zones VIP, primeur au moment d'acheter un billet, files spécifiques devant les salles de concert, tout est bon pour rassasier le détenteur d'un abonnement Sunrise. Au point de risquer un procès des groupes parodiés?

«Le mot n'est pas le même, la police d'écriture non plus. Nos équipes juridiques se sont bien sûr assurées qu'il n'y avait aucun risque de violation de la propriété intellectuelle»
Rolf Ziebold

Sunrise impose une présence de plus en plus agressive dans le domaine du divertissement et boutique ses sucres culturels en partenariat avec Ticketcorner. Rolf Ziebold nous n'en dira pas plus sur les modalités de ce mariage.

Vendre des abonnements, ce n'est plus assez rentable? «Le programme Moments n'a pas été lancé pour gagner de l'argent. C'est du marketing et une autre forme de sponsoring. Par l'intermédiaire de cette campagne d'affichage, nous voulions faire ressentir des émotions à nos clients. Avec des références musicales des années 1980 qui parlent à toutes les générations», nous explique le porte-parole de l'opérateur.

Bon, c'est qui ce 5e groupe?

Trente minutes plus tard, Rolf Ziebold nous rappelle enfin avec les informations qui manquent. On trépigne. Il faut dire que lorsqu'une société décide d'appliquer un traitement différent des deux côtés de la barrière de roesti, les francophones tremblent. Souvent à raison. (Coucou les CFF.)

Au bout du fil, le porte-parole avoue à moitié qu'il ne connait pas le groupe en question. Et notre échange vaut son pesant d'or. Le voici:

  • Alors, Monsieur Valet, l'artiste qui est présent en Suisse alémanique, c'est Death Punk.
  • Daft Punk?
  • Oui, Death Punk. (Notre interlocuteur tapote sur son clavier.)
  • D. A. F. T? (On insiste et on épèle la bestiole.)
  • Death, comme la mort, en français.
  • Sérieusement?
  • Oui, Death Punk.
  • Je ne connais pas. (On doute fortement de l'existence d'un groupe qui s'appelle Death Punk, mais avec les Alémaniques, on peut s'attendre à tout, non?)
  • Oh, je ne connais pas non plus!
  • Death Punk, vraiment? (Sur Google, rien.)
  • (Il tapote une nouvelle fois sur son clavier.)
  • Attendez...Vous avez raison! C'est Daft. Daft Punk.
  • Ah, mais vous me rassurez!
  • Oui, voilà, c'est Daft Punk.
  • Mais... c'est un groupe... français.
  • Ah oui?
  • Bon, ils ont un succès mondial mais, oui, ce sont des francophones.
  • Ah d'accord.
  • Dites, pourquoi vous privez les Suisses romands du seul groupe francophone de l'équipe?
  • C'est une bonne question. (Il tapote une nouvelle fois sur son clavier.)
  • Vous allez fâcher pas mal de clients, vous savez!
  • Ah, je sais pourquoi. C'est à cause des mots choisis.
  • Et qu'est-ce qui remplace Daft Punk?
  • Daten Paket.
  • C'est vrai que «paquet de données» fonctionnerait moins bien du coup.
  • Voilà, c'est ça.
  • Mmh.

Les Romands, roulements de tambour... voici Daft Punk en exclu!

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Une énième preuve du casse-tête que l'on vit dans un pays qui abrite plusieurs langues nationales. On vous laisse juge de résultat final et on prend congé du porte-parole qui... lui aussi, aura appris plein de choses ce jour-là.

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