Suisse
végane

Cette start-up suisse veut remplacer le lait par la levure

Fromage: cette start-up suisse veut remplacer le lait par la levure

Cultivated Biosciences l'assure: «On ne veut pas remplacer totalement les produits laitiers». (image d'illustration)
Cultivated Biosciences l'assure: «On ne veut pas remplacer totalement les produits laitiers». (image d'illustration)Image: KEYSTONE
La start-up suisse Cultivated Biosciences a développé un ingrédient crémeux à base de levure pour remplacer la crème laitière classique. Elle veut aider à créer un système alimentaire plus durable et vient de lever 1,4 million de francs.
06.09.2022, 11:5306.09.2022, 12:32
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Dimitri Zogg l'assure d'emblée: «On ne veut pas remplacer totalement les produits laitiers. Nous n'avons rien contre le Gruyère fait avec des vaches en montagne». La start-up Cultivated Biosciences, que le vaudois a co-fondée, a un autre objectif, pas moins ambitieux: fabriquer des aliments éthiques qui se passent de l'élevage industriel.

«Trop de produits laitiers proviennent d'élevages industriels. Dans ces environnements stressants, les vaches vivent généralement entre 4 et 6 ans, soit un quart de leur durée de vie naturelle», explique l'entreprise basée à Wädenswil (ZH). De plus, les émissions de gaz à effet de serre de cette industrie représentent «3 à 4% des émissions mondiales».

Cultivated Biosciences vient de lever 1,4 million de francs pour poursuivre son objectif de «détacher l'exploitation industrielle des animaux de la production laitière». Pour ce faire, elle a développé un ingrédient crémeux obtenu à partir de la fermentation de levure, qui peut être utilisé comme remplacement de la crème laitière classique.

«Notre ingrédient n'est pas un produit fini. L'idée n'est pas de le vendre directement aux consommateurs, mais de le proposer à des entreprises qui vont produire quelque chose à partir de ça», explique Dimitri Zogg.

«Au début, il s'agira surtout de fromage frais, comme le Philadelphia. Ensuite, il pourra être utilisé pour faire du chocolat, des pâtisseries et du yogourt»
Dimitri Zogg, Cultivated Biosciences

Ce que le Vaudois décrit comme une «nouvelle brique végane pour faire des produits d'origine végétale» présente la même texture et la même couleur que les produits laitiers classiques, tout en contenant moins de graisses saturées, pas de cholestérol et pas de lactose. Visuellement parlant, il ressemble à ça:

L'ingrédient crémeux développé par Cultivated Biosciences.
L'ingrédient crémeux développé par Cultivated Biosciences.Image: Cultivated Biosciences

Un marché qui explose

L'ingrédient développé par la start-up suisse s'inscrit dans la catégorie d'aliments appelés «plant-based», terme qui désigne la nourriture à base de plantes substituant des produits d'origine animale tels que la viande, le lait, le fromage et les œufs.

Il s'agit d'un marché en rapide expansion. Selon un rapport européen, la valeur des ventes de ce type d'aliments a augmenté de 49% entre 2018 et 2020 en Europe.

En Suisse aussi, «la demande ne cesse d’augmenter», rapportait récemment Coop. En juin 2021, le géant orange a vendu plus de produits de substitution à base de plantes que jamais auparavant. A titre d'exemple, 17% du chiffre d’affaires du lait était généré par des produits de substitution végétaux, contre 10% en 2018.

A l'échelle du marché suisse, le chiffre d'affaires des produits «plant-based» se montait à quelque 209 millions de francs en 2021. Les fromages, les yogourts et la crème, catégories visées par Cultivated Biosciences, ont généré 56,1 millions de francs.

La nourriture végane est donc en plein essor. «Notre public cible est tout un chacun», renchérit Dimitri Vogg. «On aimerait que n'importe quelle personne puisse consommer des aliments végans plus éthiques et plus durables, sans renoncer au goût de la nourriture d'origine animale.»

«L'idéal serait de pousser les gens qui consomment des produits animaux à faire ce switch»
Dimitri Zogg, Cultivated Biosciences

De ce point de vue, les habitudes des consommateurs semblent encourageantes pour Cultivated Biosciences. Toujours selon le rapport de Coop, pas moins de 60% de la population suisse s’abstient volontairement plusieurs fois par mois de consommer des aliments d’origine animale.

Une autre évaluation réalisée par Swissveg chiffre à 24% la part de véganes, végétariens et fléxitariens au sein de la population suisse.

Discussions avec Migros

Avec l'argent récolté, la jeune entreprise compte d'abord élargir son équipe, qui devrait passer de quatre à huit personnes. «La prochaine étape sera de passer du laboratoire à une échelle pré-industrielle et, à terme, industrielle», poursuit Dimitri Zogg.

Les fondateurs de Cultivated Biosciences: Tomas Turner (gauche) et Dimitri Zogg (droite).
Les fondateurs de Cultivated Biosciences: Tomas Turner (gauche) et Dimitri Zogg (droite).Image: Cultivated Biosciences

Cultivated Biosciences est actuellement en contact avec de nombreuses compagnies, assure son co-fondateur. «Notre objectif est de collaborer avec des entreprises qui veulent créer de nouveaux produits laitiers végans», illustre-t-il. «On a discuté avec plusieurs entreprises, comme Migros ou Hochland, en Allemagne.»

Il faudra pourtant encore du temps avant de voir les produits développés avec l'ingrédient crémeux sur les étalages: s'agissant d'une nouvelle levure, celle-ci doit d'abord obtenir une certification au niveau européen. «Cela va prendre environ deux ans», conclut Dimitri Zogg. «Dans la plupart des cas, la Suisse reprend la réglementation européenne.»

Voici les solutions de la rédaction pour éviter le gaspillage alimentaire
Video: watson
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
La poste de Penthalaz (VD) victime d'un braquage armé
L’auteur du braquage est toujours recherché et une enquête a été ouverte par le Ministère public vaudois.

Jeudi, peu avant midi, un brigandage a été commis dans l’office postal de Penthalaz. L’auteur a menacé l’employée présente, au moyen d’une arme blanche et a exigé le contenu du coffre.

L’article