Le Tribunal criminel de l'Est vaudois à Vevey a condamné mardi à 18 ans de prison un homme de 52 ans pour tentative d'assassinat et mutilation d'organes génitaux féminins. Il s'était acharné sur sa compagne un soir de mai 2021. Son avocat va faire appel.
La Cour s'est montrée plus sévère que le Ministère public qui avait requis lundi 15 ans de réclusion. Le prévenu, un Brésilien, sera aussi expulsé du territoire suisse pendant 15 ans. Les juges ont ainsi écarté la version de la défense qui appelait à ne retenir «que» des lésions corporelles graves.
Le supplice de la femme, elle aussi d'origine brésilienne, avait duré 3h30 dans leur studio de Villeneuve. Jaloux qu'elle ait revu un autre homme ce jour-là, le prévenu l'avait d'abord agressé à coups de poing et de pieds au visage et sur tout le corps, avant de lui entailler une oreille avec des ciseaux. Il avait ensuite essayé de la défenestrer, puis avait asséné de multiples coups de couteau à ses organes génitaux, avant de tenter de lui faire ingurgiter des sédatifs:
Pour la Cour, la culpabilité est «écrasante». Les juges ont acquis la conviction que «l'intention de tuer était bien là, au vu de la durée et de l'acharnement de l'agression». La présidente du tribunal a notamment cité les sept coups de couteau dans la région du vagin, tout près de l'artère fémorale. Le quinquagénaire avait la volonté de punir sa victime, notamment dans sa féminité, avant de lui ôter la vie.
Le prévenu «n'a cessé de se victimiser, se retranchant de manière lâche derrière son amnésie». «Sa responsabilité est pleine et entière», malgré l'alcool ingurgité. Ce dernier a joué le rôle de facilitateur, ont estimé les juges. Le prévenu a d'ailleurs été décrit comme calme, alors qu'il accomplissait ses gestes.
Les juges ont retenu principalement les chefs d'accusation de tentative d'assassinat, de lésions corporelles simples qualifiées, de séquestration et d'enlèvement, mais également l'article 124 du Code pénal introduit en 2012, qui condamne de façon spécifique la mutilation des organes génitaux féminins. Rarissime, ce dernier n’a été appliqué qu’une seule fois jusqu’ici.
Le prévenu, qui n'a pas bronché pendant la lecture du jugement, va faire appel. Notamment parce que le tribunal n'a pas pris en compte son degré d'alcoolisme et une responsabilité diminuée, a déclaré son avocat. (ats/jch)