Plus de deux ans après l'élimination de son prédécesseur, l'armée américaine a «éliminé du champ de bataille» le dirigeant de l'EI lors d'une opération dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé jeudi le président Joe Biden à Washington.
Selon un haut responsable de la Maison Blanche, le chef de l'EI est mort dans une explosion qu'il a lui-même causée. «Au début de l'opération, [Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi] a fait exploser une bombe qui l'a tué ainsi que des membres de sa propre famille dont des femmes et des enfants.»
L'Etat islamique est responsable de nombreuses exactions et attentats au Moyen-Orient et dans plusieurs pays occidentaux. Son dernier chef en date, al-Qourachi, désormais mort, n'avait été formellement identifié qu'après plusieurs mois par les services secrets irakiens et américains. Washington avait promis une récompense de 10 millions de dollars pour toute information aidant à le trouver.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les militaires américains ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d'Atmé, une région de la province d'Idleb, et des affrontements ont ensuite éclaté.
Treize personnes ont été tuées, dont quatre femmes et trois enfants, a indiqué l'ONG sans aucune précision sur les victimes. Tous les soldats américains sont sains et saufs, a pour sa part ajouté Joe Biden en indiquant qu'il s'adresserait au peuple américain plus tard dans la journée.
Selon l'AFP à Atmé, l'opération qui l'a éliminé visait un bâtiment de deux étages dans une zone entourée d'arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le sol des pièces était couvert de sang. Des habitants ont indiqué avoir entendu le bruit des hélicoptères, puis des «explosions».
Dans un enregistrement audio attribué aux forces américaines et ayant circulé parmi la population, une personne parlant en arabe demande aux femmes et aux enfants d'évacuer les maisons dans la zone visée.
Les hélicoptères américains ont décollé d'une base militaire dans la ville syrienne à majorité kurde de Kobani (nord) et des membres des forces spéciales des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et formées par les Etats-Unis, ont participé à l'opération, d'après l'OSDH.
Avant l'annonce américaine, Farhad Shami, le porte-parole des FDS, a déclaré sur Twitter que l'opération avait «visé les terroristes internationaux les plus dangereux».
Selon des experts, des camps de déplacés surpeuplés de la région d'Atmé, située dans le nord de la province d'Idleb, servent de base aux chefs jihadistes qui s'y cachent.
Une grande partie de la province d'Idleb ainsi que des secteurs des provinces voisines de Hama, d'Alep et de Lattaquié sont dominés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Des groupes rebelles et d'autres factions djihadistes y sont également présents.
Ces factions ont déjà été la cible principalement de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale anti-djihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines.
Néanmoins les opérations héliportées restent très rares en Syrie, où des troupes américaines sont déployées dans le cadre de la coalition anti-djihadistes. L'opération de jeudi est intervenue après la fin d'un assaut lancé le 20 janvier par l'EI contre une prison tenue par les FDS, dans la région de Hassaké (nord-est).
Cet assaut a été la plus importante offensive du groupe jihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux FDS aidées par la coalition internationale. L'attaque de la prison et les combats ayant suivi, ont fait 373 morts, dont 268 djihadistes, 98 membres des forces kurdes et sept civils selon l'OSDH.
L'EI a été chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak. Toutefois, il continue de mener des attaques dans ces deux pays voisins à travers des cellules dormantes. (am/ats)