Un centre de bien-être, c’est le meilleur endroit pour tomber sur des gens qui vont mal. Surtout en Thaïlande, «pays des hommes blancs et chauves», paradis de tout et de son contraire, où l’Occidental moyen adore se perdre, pour oublier qu’il ne se supporte plus. Rajoutez-y le verni du luxe et vous obtenez le parfait parc d’attractions des crises existentielles, des connards en chemisette et des larmes planquées sous des hectolitres d’alcool.
Bienvenue à White Lotus.
Après Hawaï et la Sicile, Mike White, heureux papa de cette formidable anthologie, a décidé d’envoyer une nouvelle collection d’humains pétés de thunes et de problèmes en Asie, dans un complexe baptisé «Sawadee kha».
Et tout y est pour que nos protagonistes puissent affronter leurs démons dans une overdose de sérénité factice. Des singes dans les arbres, des sourires en plastique, des varans qui effraient doucement les touristes, des cocktails abrutissants, suffisamment de moustiques pour oublier qu’on a grandi à Manchester, une propriétaire mystérieuse ou encore un «mentor santé» beau comme un Dieu, tout droit débarqué de Russie. Même ce qui manque fait partie du package: le wifi dans les baraquements.
Il s’agit de se détoxifier, de l’âme aux fesses.
Ceux d’entre vous qui ont adoré les deux premières saisons de White Lotus vont, eux aussi, manquer d’un détail pourtant indispensable à leur bonheur et à la réussite de cette série: la musique (géniale) du générique a changé et c’est suffisant pour effrayer quantité d’internautes, dès les premières secondes.
When the white lotus season 3 intro song hit pic.twitter.com/ShVT9enVqb
— William Holman (@WilliamFHolman) February 17, 2025
Parmi les clients de ce sournois petit havre de paix, on trouve par exemple cette famille d’un riche industriel. Une femme malheureuse, deux garçons contraints de ramper dans la réussite toxique du paternel et une gamine studieuse qui se réjouit de torcher sa thèse sur le bouddhisme, cette religion pour les «refoulés», dira l’aîné, déjà bien décidé à baiser tout ce qui gigote au bord de la piscine.
Un couple, aussi. British. Lui, il fume et ronchonne, quand sa blonde bien plus jeune rêve de se saouler et de le sauver de ses propres tourments.
Et puis il y a ces trois copines, dont l’une est une star de série TV. Ou cette femme seule ayant rejoint la Thaïlande pour combattre son burn-out et se former en médecine douce. Il faudra aussi compter sur des résidents à l’année, des voisins curieux et, bien sûr, le personnel du «Sawadee kha».
Pour ceux qui ont toujours un peu de peine à oublier les formidables Jennifer Coolidge ou Aubrey Plaza (pour ne citer qu’elles), vous allez pouvoir vous consoler avec Patrick Schwarzenegger (et son corps en ébullition) ou encore la rappeuse thaïlandaise Lisa Manobal, qui se glisse avec un certain panache dans le costume de l’employée modèle. Du moins, dans le premier épisode.
La recette, elle, ne change pas, mais reçoit un ingrédient supplémentaire: cette course absurde vers une meilleure version de nous-mêmes, que l’on est censé trouver dans un jacuzzi vaguement exotique. Sans dévoiler la moindre intrigue, le premier épisode de cette troisième saison nous fait lentement comprendre que personne n’échappera à son destin.
Une nouvelle belle bande d’Occidentaux qui vont devoir doser les armes à leur disposition, de l’alcool au sexe, et en croisant constamment d’autres humains au bout de leur propre vie. Jusqu’à ce que des coups de feu viennent déchirer le calme du luxe made in Thaïlande.
On s’en lèche déjà les babines.
White Lotus, saison 3, disponible sur MyCanal