Beaucoup d’entre nous l’attendaient de pied ferme. Treize ans après une première saison qui avait marqué toute une génération, la série française bref. dévoilait enfin ce vendredi une deuxième saison événement. Né sur Canal+, le bébé du duo Kyan Khojandi et Navo est désormais hébergé chez Disney+. Qu’importe, nous direz-vous, tant qu’on y a accès.
Et c’est précisément là que ça se complique.
Alors que les Français ont bien pu bouffer les six épisodes en une seule bouchée, les Suisses sont restés désespérément orphelins de Bref 2. Sur la plateforme Disney+, rien. Le désert absolu. On a eu beau rafraîchir la page toutes les demi-heures, pas la moindre trace de cette sortie francophone tant attendue.
Vivant dans un pays plurilingue, la barre de recherche nous affiche une obscure comédie allemande baptisée Schlussmacher au moment de taper naïvement «bref», le cœur déjà en miettes.
Bien décidé à choper la série coûte que coûte, on décide alors de passer par Google, qui a l’agaçant, mais très endurant talent d’afficher n’importe quel lien, même s’il n’aboutit nulle part. Et ça n’a pas manqué. En cherchant «Bref, Disney+ regarder», on atterrit sur un avertissement que les internautes connaissent trop bien. Pour faire court, votre pays ne dispose pas des droits nécessaires pour vous laisser mater le truc dont vous rêvez.
Si on vous en parle avec un tel trémolo dans le verbe, c’est que l’on pensait bêtement qu’une sortie française très attendue allait naturellement pisser de l’autre côté la frontière. Chez la petite sœur. Cette chère Suisse romande, qui est culturellement blottie contre l’Hexagone. (Même si on adore détester notre voisin.)
Et nous ne sommes pas les seuls. Sur les réseaux sociaux, la grogne et l’incompréhension sont aussi franches que bruyantes. Notamment sur la plateforme X, où les Suisses privés de la deuxième saison de bref. semblent parfaitement inconsolables.
Pour être tout à fait honnête, chez watson, on bénéficie d’un certain privilège. En l’occurrence, nous avons pu visionner la deuxième saison avant tout le monde, à l’instar de tout média qui en fait la demande. Une pratique courante quand il s’agit d’offrir un peu de promo aux plateformes et d’informer nos lecteurs, au passage, de l’arrivée imminente d’un nouveau produit.
Mais au moment de requérir un lien de visionnage, à aucun moment le service de presse français n’a daigné nous avertir d’une éventuelle sortie différée en terres helvétiques. Nous avons donc naïvement pensé que bref.2 allait se déployer en Suisse comme une rose le jour de la Saint-Valentin.
Surtout que nous avons aimé très fort ce retour en force de la série de Kyan et Navo, au point de lui envoyer des fleurs dans une critique plutôt dithyrambique.
Vendredi, bien décidé à élucider ce problème (récurrent sur les plateformes de streaming), on décide alors d’adresser une série d’emails à plusieurs responsables de la communication de Disney, en France, pour en avoir le cœur net.
Pour l’heure, nous n’aurons droit à aucune réponse.
Précisons aussi que les médias suisses ont tous annoncé la sortie de cette deuxième saison pour le 14 février, de la RTS au quotidien 24 Heures. Mais la Suisse n’étant qu’une petite miette floue dans l’immensité du marché de la fiction mondialisée, impossible de mettre (facilement) la main sur un calendrier.
En désespoir de cause, on décide alors de dégainer le help-chat de Disney, en Suisse et comme n’importe quel internaute, pour tenter d’obtenir un début d’explication.
A-t-on eu affaire à un humain ou à un bot? En 2025, difficile à dire. Quoi qu’il en soit, nous avons bien pu parler à quelqu’un (ou quelque chose).
Nous voilà bien avancés. On le sait, les sorties sur les plateformes sont régies par des droits de diffusion opaques et carnivores, gorgés d’exclusivités territoriales qui se négocient à prix d’or. D’ordinaire, les fictions produites spécifiquement par Disney, ce qui est le cas de Bref.2, se déploient d’un seul coup une fois disponibles. Pour être encore plus précis, la série en question est proposée sur l’extension Star, qui propose des contenus pour adulte.
D’ailleurs, à ce sujet, certains internautes français ont réalisé grâce à la sortie de bref.2, vendredi, qu’ils utilisaient sans le savoir un compte pour mineurs les empêchant de regarder certains contenus destinés aux + de 18 ans. (Profitez-en pour vérifier de votre côté, en allant «modifier les profils».)
Tout comme la fantastique série The Bear, diffusée d’abord d’abord sur Hulu aux Etats-Unis (propriété de Disney), il arrive parfois que la Suisse doive patienter plusieurs semaines avant d’avoir droit à sa part du gâteau.
Vous l’aurez compris (ou pas), le labyrinthe légal est très complexe pour aboutir, au final, sur une fiction que vous n’avez pas l’autorisation de visionner en même temps que les voisins. Frustrant? Absolument.
Le gros problème, c’est que notre pays n’est pas un marché en soi pour ces plateformes gargantuesques. Si bien que la Suisse romande, tributaire en plus d’un territoire alémanique un poil plus dodu, se retrouve isolée au beau milieu de la jungle du streaming, où il est quasiment impossible pour le public de connaître les dates précises de sortie. Si ce labyrinthe peut sans doute se justifier financièrement, il n’a, en Suisse romande du moins, culturellement pas beaucoup de sens.
Bref, d’ici l’arrivée de la deuxième saison sur nos écrans, «possiblement dans les prochains jours» comme nous l’affirmait mollement la helpline, on vous promet de vous en dire davantage très vite.
Maigre consolation, la plateforme «offre» le premier épisode sur YouTube.