Tous les moyens sont bons pour limiter le bruit du trafic routier. Dernière annonce récente: le plan «bruit» du canton de Genève, adopté mercredi, quelques semaines après la mise en consultation d’une généralisation des zones limitées 30 km/h, comme l’indique la Tribune de Genève.
Tout récemment, c’est Morges qui s’est dite séduite par une idée similaire. Avant elle, Lausanne avait aussi communiqué l’extension des limitations de vitesse sur son territoire.
Toutes ces annonces ne tombent pas du ciel. Elles arrivent dans un contexte mouvant à tous les échelons sur le front de la lutte contre le bruit. Il y un mois, une pétition munie de 16 000 signatures avait été remise au Conseil fédéral à l’occasion de la Journée internationale contre le bruit. La demande: que les motos et voitures de sport fassent moins de vacarne.
Pour la conseillère nationale Gabriela Suter (PS/AG), nouvelle présidente de la Ligue suisse contre le bruit, tout le monde doit faire sa part. En plus des cantons et des villes, le Conseil fédéral et le Parlement doivent aussi mettre un terme à ces excès de bruit.
Autre angle d’attaque contre le boucan: le développement de radars. Lors de sa session de mars, le Conseil national a prié le Conseil fédéral de se mettre au travail pour aller de l’avant avec les radars de bruit. Le but: «sanctionner plus simplement et plus efficacement les émissions de bruit excessives liées à la circulation routière».
On traduit: mettre en place tout l’arsenal qui permettra aux polices cantonales de placer des radars de bruit. Et de flasher ceux qui en généreraient trop. C’est exactement la même chose que pour la vitesse, mais pour le boucan.
Le vote du Conseil national a été relativement net. Assez logique aussi, car on sent une prise de conscience politique, preuve en est les différents postulats et interpellations qui sont en discussions à Berne. Surtout, les preuves sont là: le bruit stresse, rend malade et agace un Suisse sur sept.
Aussi, à cause du bruit routier excessif, 450 personnes meurent prématurément chaque année en Suisse, 2500 déclarent un diabète et 2,7 milliards de francs de coûts externes sont générés (coût sur le système de santé et perte de valeur immobilière). Ça fait beaucoup…
Les problèmes de bruit pris en compte par le Conseil national qui vient de voter le développement de radars antibruit par 119 voix contre 65. C'est un 1er pas! L'installation de radars anti-bruits et les sanctions seront les seuls moyens de lutter vraiment contre cette nuisance.
— Delphine Klopfenstein Broggini (@dklopfensteinb) March 10, 2021
Delphine Klopfenstein Broggini portait mercredi le texte devant le Conseil national. Pour elle, «la Suisse pourrait plus ou moins transposer l’échelle de sanctions en cas d’excès de vitesse pour les excès de bruit».
On peut ainsi imaginer devoir payer 40 francs pour un petit dépassement et se voir retirer le permis (avec une grosse amende) en cas d’abus important et/ou récidive. On n'en est pas là: rien n’est encore décidé et un important travail de réflexion devra être mené.
Le cas échéant, c’est le Conseil fédéral qui décide du montant des amendes d’ordre. Quant au Parlement, il choisit des seuils de décibels.
Reste quand même un problème technique: quel appareil est capable d’être suffisamment fiable pour éviter de mettre des prunes par erreur?
Les radars préventifs ont essaimé ici et là, mais ça reste du tâtonnement et ces appareils peinent à clairement différencier les sources sonores.
On a discuté avec Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, une association française et un centre d’évaluation technique de l’environnement sonore basée en région parisienne. Elle nous a parlé de son dispositif Méduse, qui permet non seulement de mesurer le bruit lui-même, mais aussi sa provenance. Le tout avec précision.
Les photos montrent le dispositif comme il est à l’heure actuelle. Bruitparif est actuellement en train de le faire évoluer pour garantir la source du bruit et le captation des plaques d’immatriculation. Des tests devraient être réalisés en situation réelle dès le mois de septembre, avant de passer à l’homologation, puis à la mise sur le marché.
Quelques informations:
Bonus: la liste des effets négatifs de l’excès de bruit sur la santé, selon la Confédération:
Une partie de ce sujet a déjà été publié en mars.