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Economie

Le bruit fait du mal à la société. Solutions? Zones 30 km/h et amendes

Une voiture roule de nuit sur l'avenue de Vinet dans la zone test 30km/h ce dimanche 4 juin 2017 a Lausanne. La Ville de Lausanne et le Canton de Vaud demarrent un projet pilote d'abaissemen ...
Image: KEYSTONE

La guerre contre le bruit est lancée à grands coups de zones 30 km/h

Genève, Lausanne, Morges… Ces derniers jours, les attaques frontales contre le bruit se multiplient. Le but: limiter ce fléau, source de stress, de diabète et à l’origine de 450 morts prématurées en Suisse.
27.05.2021, 11:4627.05.2021, 17:20
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Tous les moyens sont bons pour limiter le bruit du trafic routier. Dernière annonce récente: le plan «bruit» du canton de Genève, adopté mercredi, quelques semaines après la mise en consultation d’une généralisation des zones limitées 30 km/h, comme l’indique la Tribune de Genève.

Tout récemment, c’est Morges qui s’est dite séduite par une idée similaire. Avant elle, Lausanne avait aussi communiqué l’extension des limitations de vitesse sur son territoire.

Contexte mouvant

Toutes ces annonces ne tombent pas du ciel. Elles arrivent dans un contexte mouvant à tous les échelons sur le front de la lutte contre le bruit. Il y un mois, une pétition munie de 16 000 signatures avait été remise au Conseil fédéral à l’occasion de la Journée internationale contre le bruit. La demande: que les motos et voitures de sport fassent moins de vacarne.

Pour la conseillère nationale Gabriela Suter (PS/AG), nouvelle présidente de la Ligue suisse contre le bruit, tout le monde doit faire sa part. En plus des cantons et des villes, le Conseil fédéral et le Parlement doivent aussi mettre un terme à ces excès de bruit.

«Plus d'un million de personnes habitent aux abords de routes où le bruit est excessif. Ces personnes supportent les effets nuisibles pour la santé, pendant que certains chahuteurs s'amusent et friment bruyamment»
Gabriela Suter, conseillère nationale (PS/AG).

Autre angle d’attaque contre le boucan: le développement de radars. Lors de sa session de mars, le Conseil national a prié le Conseil fédéral de se mettre au travail pour aller de l’avant avec les radars de bruit. Le but: «sanctionner plus simplement et plus efficacement les émissions de bruit excessives liées à la circulation routière».

On traduit: mettre en place tout l’arsenal qui permettra aux polices cantonales de placer des radars de bruit. Et de flasher ceux qui en généreraient trop. C’est exactement la même chose que pour la vitesse, mais pour le boucan.

Le vote du Conseil national a été relativement net. Assez logique aussi, car on sent une prise de conscience politique, preuve en est les différents postulats et interpellations qui sont en discussions à Berne. Surtout, les preuves sont là: le bruit stresse, rend malade et agace un Suisse sur sept.

Aussi, à cause du bruit routier excessif, 450 personnes meurent prématurément chaque année en Suisse, 2500 déclarent un diabète et 2,7 milliards de francs de coûts externes sont générés (coût sur le système de santé et perte de valeur immobilière). Ça fait beaucoup…

«Il y a un paradoxe: d’un côté les voitures sont plus silencieuses au niveau du moteur, de l’autre, elles sont plus grosses et lourdes, leurs pneus sont plus larges. Dès lors, c’est davantage le bruit de roulement qui fait du bruit. Aussi, le problème vient des voitures qui ont des gadgets permettant, par exemple d’amplifier le bruit du véhicule. On estime qu’une voiture trop bruyante peut faire un pic de bruit équivalent à 24 véhicules roulant "normalement". Ces véhicules n’augmentent pas la moyenne du bruit routier que nous mesurons, il s’ajoute au bruit ambiant déjà trop élevé et, de fait, accentuent les problèmes de santé. De plus, les pics sonores, que ces véhicules génèrent, réduisent les efforts de protection sur l’infrastructure mise en place par l’investissement public pour rendre les routes plus silencieuses.»
Sophie Hoehn, cheffe de la section Bruit routier à l’Office fédéral de l'environnement.

Combien la prune?

Delphine Klopfenstein Broggini portait mercredi le texte devant le Conseil national. Pour elle, «la Suisse pourrait plus ou moins transposer l’échelle de sanctions en cas d’excès de vitesse pour les excès de bruit».

On peut ainsi imaginer devoir payer 40 francs pour un petit dépassement et se voir retirer le permis (avec une grosse amende) en cas d’abus important et/ou récidive. On n'en est pas là: rien n’est encore décidé et un important travail de réflexion devra être mené.

Le cas échéant, c’est le Conseil fédéral qui décide du montant des amendes d’ordre. Quant au Parlement, il choisit des seuils de décibels.

Est-ce une bonne idée de flasher les véhicules trop bruyants?

Les étapes avant les flashs

  1. Le vote du Conseil national doit être confirmé au Conseil des Etats (ça ne devrait pas être un problème vu le vote net de mercredi et le soutien affiché par le Conseil fédéral).
  2. Le Conseil fédéral doit s’occuper de l’élaboration des textes légaux et soumettre au Parlement une proposition de modifications des lois et ordonnances nécessaires.
  3. Le Parlement doit discuter de la proposition: la peaufiner, l’adapter ou l’approuver sans modification.
  4. Le parlement met en vigueur les textes modifiés ou non.

Le challenge technique

Reste quand même un problème technique: quel appareil est capable d’être suffisamment fiable pour éviter de mettre des prunes par erreur?

Les radars préventifs ont essaimé ici et là, mais ça reste du tâtonnement et ces appareils peinent à clairement différencier les sources sonores.

Un radar préventif à Lausanne
A Lausanne, ce camion a de la chance de croiser un radar uniquement préventif. Image: Keystone

On a discuté avec Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, une association française et un centre d’évaluation technique de l’environnement sonore basée en région parisienne. Elle nous a parlé de son dispositif Méduse, qui permet non seulement de mesurer le bruit lui-même, mais aussi sa provenance. Le tout avec précision.

Fanny Mietlicki avec son dispositif Méduse.
Fanny Mietlicki avec son dispositif Méduse. Image: RMC

Les photos montrent le dispositif comme il est à l’heure actuelle. Bruitparif est actuellement en train de le faire évoluer pour garantir la source du bruit et le captation des plaques d’immatriculation. Des tests devraient être réalisés en situation réelle dès le mois de septembre, avant de passer à l’homologation, puis à la mise sur le marché.

Le dispositif Méduse de Bruitparif

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Le dispositif Medusa de Bruitparif
Bruitparif
source: bruitparif
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Quelques informations:

  • En France, en plus de Bruitparif, deux autres organisations travaillent actuellement sur la mise au point de radar de bruit, homologué et utilisable, pour dresser des amendes.
  • En Suisse, un projet nommé «NORA: Noise Radar» a été lancé récemment. Il est soutenu notamment par l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES⁠-⁠SO). L’idée est de travailler avec l’intelligence artificielle pour détecter les bruits routiers qui dévient de la norme.
  • L’ordre de grandeur de coûts visé pour de tels radars se situe entre 20 000 et 40 000 francs.
  • Selon Bruitparif, une amende pourrait être envisagée si le véhicule génère un bruit supérieur à 83 décibels ou 85 décibels. Il pourrait en être de même en Suisse.
  • 83 décibels, c’est le double d’énergie sonore que 80 décibels, qui est le niveau maximal de bruit fixé pour les différents véhicules, lors de leur homologation en France. En Suisse, on considère ce niveau comme le bruit moyen d’une route.

L’échelle du bruit

Image
Image: Bruitparif

Bonus: la liste des effets négatifs de l’excès de bruit sur la santé, selon la Confédération:

  • Nervosité, agitation
  • Fatigue, abattement
  • Agressivité
  • Hypertension
  • Maladies cardio-vasculaires
  • Troubles de la concentration
  • Baisse des performances
  • Baisse de la compréhension de textes, de la mémoire à long terme et de la motivation chez les écoliers
  • Troubles de la communication
  • Tendance à l'isolement

Une partie de ce sujet a déjà été publié en mars.

En images, la chute d'une cabine à Stresa

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La chute d'une cabine à Stresa

source: sda
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