Blogs
check-up

D’où vient la motivation au travail?

check-up

D’où vient la motivation au travail?

S’échiner jusqu’à n’en plus pouvoir pour qu’en fin de compte, tout le mérite revienne à une grande gueule de collègue? A la longue, le manque de reconnaissance nuit à la santé. Le fait de se voir témoigner de l’estime, en revanche, pousse à se surpasser. Pourquoi la reconnaissance est-elle aussi essentielle à la satisfaction au travail et de quoi dépend-elle?
20.09.2022, 10:5722.09.2022, 17:39
sidonia küpfer
Plus de «Blogs»

Rien ne pèse davantage sur le personnel que le manque de reconnaissance. Cela peut même mener à un burn-out. Devant ce constat sans appel de la récente étude sur la santé de la CSS, nous nous sommes posés la question suivante: concrètement, qu’est-ce qui fait que les choses tournent mal? Quels aspects sont appréciés par les collaboratrices et collaborateurs et sont particulièrement source de motivation?

Partenariat de contenu avec CSS
Partenariat de contenu avec CSS. Ce blog est un partenariat de contenu avec la CSS Assurance.

Dans le cadre de ce blog, différents aspects de la nouvelle étude sur l'état de santé de la population suisse sont mis en lumière.

Il ne s'agit pas d'un contenu payant.

Florian (36 ans)

Il travaillait auparavant comme assistant de recherche et doctorant, et occupe aujourd’hui un poste de Digital Analytics Consultant.

«Lorsque je compare mon emploi fixe actuel dans une entreprise industrielle de taille moyenne à mes années de doctorat à l’université, je dois dire qu’en termes de reconnaissance, ma situation a changé du tout au tout. Bien souvent, j’ai entendu mon directeur de thèse me dire: si tu es perdu, viens me voir, nous en discuterons. Or, il est apparu qu’il ne se préparait jamais correctement à nos rencontres. Cela m’énervait beaucoup. Il me prodiguait certes des conseils utiles et judicieux, mais je trouvais qu’il me manquait de respect en ne consacrant au préalable aucun temps à mon travail.

Pour moi, la reconnaissance se traduit par le fait d’être valorisé pour ce que l’on fait. A mon poste actuel dans l’économie privée, je vis une situation en tous points différente: mon expertise est appréciée, et ma supérieure me donne ainsi l’impression que je ne pourrais pas être remplacé en un claquement de doigts. A l’uni, j’ai trouvé très peu d’écho autour de moi.

En principe, la reconnaissance vient en premier lieu de la manière dont on est perçu et écouté ainsi que de la capacité à faire avancer les choses par son travail. Cela concerne également les personnes qui réalisent des tâches laborieuses puisqu’elles posent les bases pour que d’autres puissent accomplir leur travail avec une expertise spécifique.»

Au final, témoigner de la reconnaissance, c’est prendre acte de la personne qui assure la prestation. Cela sous-entend que les responsables hiérarchiques savent à quoi s’emploient leurs collaboratrices et collaborateurs et de quelle manière ceux-ci réalisent leur travail. L’exemple de Florian montre bien qu’il ne suffit pas de louer le travail accompli pour créer un climat de travail valorisant. D’ailleurs, les compliments présentent aussi certains inconvénients, comme le souligne le témoignage de Ramona:

Ramona (41 ans)

Elle travaille comme indépendante dans le domaine du marketing de contenu.

«Ma situation est particulière, car je travaille comme externe et ne dois pas lutter en permanence pour ma position à l’interne. Cela présente, toutefois, l’inconvénient que je ne reçois souvent aucun retour sur mon travail. Au début, j’ai dû m’y habituer. Mais depuis, je suis arrivée à la conclusion que pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

Les titulaires de postes fixes devraient tout de même garder à l’esprit que les personnes indépendantes aiment aussi savoir à quoi s’en tenir. De temps à autre, je suis ravie que quelqu’un me félicite pour l’une ou l’autre de mes contributions. Cela m’encourage, surtout lorsqu’un tel compliment est inattendu. Je trouve également valorisant de me voir confier certaines thématiques parce que ma donneuse ou mon donneur d’ordre se dit: donnons cela à Ramona. C’est son rayon! Bien entendu, il s’agit d’un terrain glissant. Si l’on caresse quelqu’un dans le sens du poil, c’est parfois qu’on cherche à lui déléguer une tâche désagréable. Il faut apprendre à faire la différence!»

Les compliments sont une arme à double tranchant, dont le potentiel manipulateur est évident. Les cadres dirigeants seraient généralement bien avisés de recourir de manière parcimonieuse aux éloges, qui ont, sur le personnel, l’effet d’une drogue dont on réclame toujours davantage. Lorsque l’on est brusquement privé de ces louanges, le mécontentement est à coup sûr au rendez-vous. Par ailleurs, témoigner de l’estime est bien plus complexe que simplement complimenter quelqu’un. Ainsi, la critique peut également être une forme de reconnaissance. Ou encore le fait de pouvoir faire confiance à sa cheffe ou à son chef. L’un des plus grands malentendus liés à la question de la reconnaissance réside, en effet, dans la croyance que tout tourne exclusivement autour de l’éloge et des compliments. Et dans bien des cas, seules les situations critiques permettent de déterminer dans quelle mesure une entreprise cultive une attitude valorisante. Christoph (53 ans), informaticien, a la chance de savoir que son supérieur reste derrière lui même en cas de difficultés:

Christoph (53 ans)

Il est gestionnaire de projet dans le secteur informatique.

«Je suis régulièrement confronté à une clientèle difficile, qui change, par exemple, d’avis à la dernière minute, bien que nous soyons sur le point de lancer le produit souhaité. Si nous accédons à une demande spéciale, quand bien même nous la désapprouvons et que cela s’avère être une erreur, c’est sur nous que la faute fini quand même par retomber.

Pour moi, la reconnaissance passe donc également par l’assurance que mon chef me témoignera son soutien en cas de problème. Autrement dit qu’il prendra mon parti si quelqu’un m’attaque et, dans le pire des cas, qu’il menacera de faire appel à un avocat ou se montrera agressif de quelque manière que ce soit. Cela me procure une sécurité dont profite en définitive également ma cliente ou mon client, dans la mesure où je n’hésite pas à lui recommander la meilleure solution possible de mon point de vue d’expert au lieu de toujours me laisser marcher dessus.

Je reste par ailleurs ouvert à toute critique objective et justifiée. A proprement parler, la critique est aussi valorisante qu’un compliment sincère puisqu’elle signifie que quelqu’un a pris le temps de se pencher sur mon travail.»

Précisément dans les professions de service, la reconnaissance ne repose jamais uniquement sur l’esprit d’équipe ou l’attitude de la cheffe ou du chef. Elle provient surtout de la manière dont la clientèle se comporte à notre égard. Hannah (26 ans) est bien placée pour le savoir. Son récit montre que lorsque l’on a affaire à une clientèle grossière, il est particulièrement important de pouvoir s’appuyer sur une équipe solidaire et un bon environnement de travail:

Hannah (26 ans)

Elle travaille comme toiletteuse pour chiens.

«Nous sommes une toute petite équipe: ma cheffe, moi-même et Liz, qui prendra prochainement sa retraite. Pour moi, il s’agit d’une configuration idéale: les rapports entre nous sont très respectueux. Nous sommes là les unes pour les autres et ne nous considérons pas comme des rivales. Nous partageons même les pourboires entre nous.

En notre qualité de prestataires de services, nous accordons évidemment une grande importance à la manière dont nos clientes et clients nous traitent. A mes débuts, j’ai eu un jour affaire à une cliente, qui était le parfait cliché de la propriétaire de chien âgée, guindée et très arrogante. Elle m’a traitée avec condescendance et, comme j’étais encore très jeune et inexpérimentée, cela m’a totalement déstabilisée. De telles situations sont heureusement exceptionnelles.

Etant donné que beaucoup de gens nous rendent visite régulièrement, cela a même fait naître des amitiés. Le travail me procure ainsi d’autant plus de plaisir. Gardienne d’animaux diplômée, j’ai la chance de pouvoir vivre mon amour pour les animaux dans mon travail également. Je peux même dire que j’accorde moins d’importance à la reconnaissance et à l’estime que l’on me porte, car j’ai pu faire de ma passion mon métier.»

Cette dernière phrase est un leurre. Même si notre travail anime en nous une flamme intérieure, nous avons besoin d’être valorisés sur le long terme. Lorsque l’on se heurte sans cesse à des revendications sans jamais jouir d’une certaine reconnaissance, on finit tôt ou tard à bout de souffle. Les situations dans lesquelles quelqu’un d’autre se vante de mérites qui reviennent à autrui et se pavane alors qu’il n’a rien fait sont particulièrement démotivantes.

Image

Certains sondages soulignent déjà depuis des dizaines d’années le rôle central de la reconnaissance dans la satisfaction et la volonté de performance. Pourquoi ce constat ne s’est-il pas encore imposé dans le monde du travail? Notamment parce que l’on pense encore à tort que des salaires et des bonus élevés constituent le meilleur appât pour les membres du personnel. Les responsables hiérarchiques sont même bien trop souvent convaincus qu’une rémunération versée mensuellement à date fixe est une marque d’estime suffisante ou que le bonus annuel donne un élan de motivation. Pourtant, la reconnaissance financière est moins importante pour la satisfaction générale que la reconnaissance sociale. La raison est évidente: quand le salaire répond aux besoins fondamentaux et qu’il n’est donc plus question de survie, d’autres valeurs gagnent en importance.

A cela s’ajoute le fait que le stress et la surcharge de travail ont plutôt tendance à augmenter qu’à diminuer, notamment pour les cadres dirigeants. Ainsi, certains responsables hiérarchiques sont trop pris par leurs séances et leurs multiples engagements pour savoir ce qu’accomplissent les membres de leur équipe. Enfin, bon nombre d’entreprises ne pratiquent pas de culture du feed-back: pour le personnel, une réprimande ne prend à présent plus que la forme d’un licenciement, et un geste d’appréciation celle d’un bonus.

Dans toutes les discussions sur la reconnaissance, l’estime, les compliments et les bonus, il ne faut pas oublier les plus jeunes sur le marché du travail, à savoir les apprenties et apprentis, qui font régulièrement face à l’ennui et au manque de stimulation lorsqu’ils ne sont pas correctement encadrés.

Leandro (17 ans)

Il effectue son apprentissage d’employé de commerce dans une entreprise de transport.

«Je suis plutôt frustré et me suis déjà demandé si je ne devais pas interrompre mon apprentissage et si je ne serais pas mieux pris en charge dans une profession artisanale. Je suis souvent laissé à moi-même et compte les heures jusqu’à ce que je puisse rentrer chez moi. Le travail de bureau n’est certainement pas ennuyeux en soi. J’en ai la preuve sous les yeux avec mes collègues expérimentés qui travaillent dans le même bureau.

Mais en tant qu’apprenti, on me fait tout simplement trop peu confiance. Mon responsable n’a jamais le temps, et bon nombre de mes activités sont monotones et ennuyantes. On me fait même plier du papier. Cela pourrait aussi venir de la taille de l’entreprise: il y a trop de travail pour trop peu de personnes. Je suis d’autant plus étonné de me retrouver forcé à ne rien faire. Et cela ne m’empêche pas de me sentir vide et épuisé le soir. Je pense donc que le fait d’accomplir quelque chose d’utile et d’être valorisé pour cela relève d’un besoin fondamental. Au moins, les cours m’apportent une grande diversité.

J’irai donc au bout de ce que j’ai entrepris, car j’entends aussi beaucoup de choses positives de la part d’amis qui suivent aussi des apprentissages d’employés de commerce. Et je préfère encore obtenir mon diplôme que devoir à présent tout recommencer à zéro.»

Bilan

Quel que soit leur âge, qu’elles soient indépendantes ou salariées, expérimentées ou encore en apprentissage, toutes ces personnes sont unies par la volonté d’accomplir quelque chose d’utile et d’être reconnues pour cela.

World of watson: si on se comportait au bureau comme en festival
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Quand des avocats vaudois gouvernaient la Suisse
Sept des 36 premiers conseillers fédéraux étaient vaudois. Et tous étaient avocats. Ce qui n'a rien d'étonnant, car la jurisprudence avait une grande importance dans l'ouest de la Suisse.

Le développement de la puissance savoyarde sur les terres du Pays de Vaud, à partir de 1247, et la mise en place par les comtes d’une administration faite de baillis, de châtellenies et de procureurs-fiscaux fonctionnant sur des instructions souvent écrites est venu se mêler d’une justice orale déjà complexe relevant de multiples seigneurs détenant des droits fort différents et bien souvent concurrents.

L’article