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Critique «Elvis»: Butler, réincarnation sublime d'un Presley en déclin

Austin Butler brille de mille feux dans le rôle d'Elvis Presley.
La mèche bien peignée, le style et la grâce de Presley ont trouvé leur acteur dans Elvis. Image: Copyright 2022 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Austin Butler, réincarnation sublime d'un Elvis Presley sur le déclin

Dans ce nouveau biopic consacré à Elvis Presley, signé Baz Luhrman, Austin Butler se glisse magnifiquement sous les traits de la rockstar américaine.
21.06.2022, 16:5522.06.2022, 18:46
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Ses déhanchés lui ont valu les foudres des politiques et même un aller simple, en uniforme, en Allemagne pour défendre la bannière étoilée. Mais il en fallait plus pour calmer les ardeurs du «King of Rock», laissant entrer colère, labeur, aigreur, mais surtout grandeur dans son existence.

Si l'histoire est pensée comme un biopic basé sur Elvis Presley, il est surtout question du regard de son imprésario de toujours: le Colonel Tom Parker. Le cigare coincé entre les lèvres, bonimenteur en chef, «enfumeur» comme il aimait se qualifier. Un gros patapouf au passé trouble – on lui prête le meurtre d'une femme aux Pays-Bas – qui réussira à faire entrer Elvis dans tous les foyers américains et surtout au panthéon du quatrième art.

Parker, campé par un bon Tom Hanks, est l'agent qui lui permettra de faire scintiller Elvis. Détail plutôt intriguant et subtilement travaillé par Luhrman: la place accordée au «colonel» et sa mouvance durant les séquences, comme cet invité imposé et imposant, la bouche toujours ouverte.

Sa grande silhouette se faufile dans le paysage et écrase un artiste tributaire de son manager. La relation entre «EP» et le colonel Tom Parker, un poison de tous les instants, est mise en exergue, radiographiée pour comprendre que les deux ont profité l'un de l'autre.

Habité, scintillant

Un troublant jeu de posture, étonnant quand le film lance les hostilités dans une première heure énergique, presque trop, basculant du Mississippi des années 40, entrecoupée d'envolées gospel, où les premiers mouvements erratiques d'Elvis Presley sont capturés par une caméra virevoltante. Un sens du spectacle et du rythme, des élans artistiques propres à son auteur australien, réalisateur derrière Gatsby le magnifique, Moulin Rouge ou encore Roméo + Juliette. L'histoire s'en imprègne, Austin Butler aussi, saisissant quand il apparaît à l'écran, comme habité, scintillant et effacé derrière le mythe Presley. Fou.

La première partie du film est travaillée sur des lumières omniprésentes, alors que la seconde est plus sombre, comme son acteur principal, dans les méandres d'une scène et d'une chambre d'hôtel où les lumières s'éteignent et les rideaux se baissent.

L'artiste qui a couplé le rhythm & blues avec la country, icône rock'n'roll en délicatesse avec une paranoïa et des pilules plein le gosier. Elvis Presley est un spécimen qui ne pouvait qu'être sublimé par la patte de Baz Luhrman: le talent, l'aura, le mystère et l'union toxique qui lient le chanteur et son manager, les facteurs ne sont qu'amplifiés dans une Amérique bouleversée par les tremblements de terre sociologiques, en constante transformation. La pellicule fonctionne comme une leçon culturelle de l'Amérique en hypoxie. Les événements s'entrechoquent et Presley se perd dans ses tourments. Les démons du gamin de Tupelo sont ramenés à la surface.

Tom Hanks, dans la peau du Colonel Tom Parker.
Méconnaissable, Tom Hanks donne la réplique au talentueux Austin Butler. Image: Copyright 2022 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved

Précurseur génial et esclave de son ange gardien

La performance de Butler laisse béat à bien des égards. Il est étonnant de profondeur dans les instants dramatiques. Le film s'engage sur le terrain des addictions, d'une star terrifiée de paraître has been. Luhrman explore la face sombre d'une icône qui a vu ses ailes fatiguer.

A force d'empiler les shows et d'engourdir la douleur à grands coups de cachets et de boisson à répétition, ses exubérances d'ivrogne s'envolaient au moment de divertir la grande salle de Vegas. Mais le «King» était brisé. Elvis, perché dans sa tour d'ivoire (cadenassée et fermée à double tour), dérivant vers les rives de la paranoïa, s'est dévoué totalement à ses fans. En témoigne cette scène finale, émouvante, où Elvis donne le meilleur de lui-même au piano, bien qu'accablé par le poids de la célébrité et la tristesse tenace. Un dernier baiser – Kiss Me Quick qu'il chantait – avant le baisser de rideau.

Elvis, à partir du 22 juin dans les salles.

Sans filtre, extrait du film de Ruben Östlund
Video: watson
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