The last of us a été le chant du cygne d'une PlayStation 3 en fin de vie à sa sortie en 2013. Le jeu a mis une claque gigantesque aux joueurs en apportant au médium vidéoludique une histoire sombre et intimiste et une réalisation si maîtrisée qu'elle n'a rien à envier au cinéma.
Si le jeu a eu le droit à une version «remaster» une année plus tard sur PlayStation 4, apportant quelques améliorations, comme une meilleure fluidité et des textures plus fines, l'annonce d'un remake pour PS5 facturé 80 francs sans la moindre ristourne pour les nombreux possesseurs du jeu original a d’emblée divisé les joueurs voyant surtout qu’une énième itération opportuniste pour un jeu qui n'est pas «si vieux».
Mais s’il y a bien un médium qui évolue très (trop) vite en comparaison de la musique ou des films, c'est bien les jeux vidéo. La décennie précédente a vu trois générations de consoles se succéder et les joueurs de 2022 ne sont pas forcément les mêmes qu'en 2013. Les graphismes, l'intelligence artificielle et le gameplay évoluent également très vite et il est souvent difficile, à moins d'être adepte du retrogaming, de rejouer à d'anciens jeux et de retrouver les mêmes sensations qu'à leur époque. Ce qui était grandiose il y a dix ans ne l’est plus forcément aujourd'hui. De plus, la sortie PC du jeu et la future série TV made in HBO qui sortira en 2023 amèneront tout un pan de nouveaux joueurs à découvrir l'univers de The last of us dans des conditions optimales.
Mais si ce remake intitulé désormais The last of us part 1 a du sens, c'est surtout parce qu'il vient compléter sa suite pour en faire une œuvre unique. La sortie du deuxième opus The last of us part 2 en 2020 avait fait couler beaucoup d’encre et si certains joueurs ayant du mal à sortir des sentiers battus avaient très mal vécu certains choix, le jeu a été reçu de manière extrêmement positive par une majorité de joueurs avec une suite repoussant encore une fois la frontière de l'écriture et des émotions suscitées par un médium narratif, avec la particularité ici, d'être interactif et donc d'impliquer le joueur encore plus émotionnellement grâce à son immersion.
Car oui, The last of us est une œuvre majeure qui doit se vivre dans son ensemble. La technologie étant ce qu'elle était en 2013, refaire le jeu avec les prouesses techniques d'aujourd'hui permet de retrouver tous les détails de la motion capture effectuée sur les acteurs. Une palette d'émotions supplémentaire qui renforce la crédibilité et l'humanité des personnages, toujours au service de son histoire.
Parce que ce qui fait la force de The last of us, ce n'est pas son gameplay qui est un jeu d'action/infiltration classique, mais bien son immersion dans un univers crédible et horrifique où chaque détail contribue à son réalisme. C'est pourquoi retrouver des personnages avec des morphologies plus convaincantes et des animations faciales à couper le souffle fait toute la différence.
Il est pourtant fréquent de voir des films ayant subi les outrages du temps ressortir en 4k avec une image restaurée et pourvue d'un supplément HDR pour une qualité optimale, le tout vendu bien plus cher que les éditions précédentes. En quoi, le jeu vidéo serait moins légitime que le cinéma?
Un des points forts dans cette refonte complète, c'est l'effort mis par les développeurs de Naughty Dog afin que le jeu soit accessible à tout le monde, y compris les personnes atteintes de handicap. Le studio californien a repris tous les travaux appliqués à The last of us 2, en allant encore plus loin jusqu'à utiliser le retour haptique de la manette PS5 pour permettre aux joueurs sourds ou malentendants, en complément des sous-titres, de ressentir l’intention d’une réplique et son intensité. L'inclusivité des personnes malvoyantes, malentendantes ou en situation de handicap moteur est à saluer.
Que l’on connaisse l'œuvre originale sur le bout des doigts où qu'on la découvre pour la première fois, il est impossible de passer à côté d'une expérience jouissive aussi familière soit elle, au même titre que de voir un classique restauré dans les meilleures conditions possibles.
Le seul vrai point négatif de ce remake reste son prix pour les joueurs qui possèdent l'original. Car bien que l'expérience soit ici sublimée, tous ceux qui ont déjà profité de l'aventure devraient avoir la possibilité de la réitérer à un prix plus léger. Néanmoins, The last of us part 1 reste un chef-d'œuvre qui trouve ici son plus bel écrin et constitue désormais avec sa deuxième partie une des œuvres majeures du jeu vidéo à la hauteur des standards actuels.
«The last of us part 1» est disponible à partir du 2 septembre sur PlayStation 5 et plus tard sur PC. Le jeu, par sa violence, convient aux plus de 18 ans.