Stray, c'est un jeu modeste de BlueTwelve Studio, une production française d'une petite équipe indépendante de Montpellier, composée d’anciens d’Ubisoft, qui a visiblement choisi l'audace pour leur premier bébé. Car proposer une odyssée féline dans une ville futuriste peuplée de robots, c'était un pari ambitieux.
Force est de constater que le défi a été relevé haut la main. Dès les premières minutes, on ne peut qu'avoir une sincère admiration pour sa splendeur visuelle: Stray est un jeu très beau, à l'ambiance unique. C'est malheureusement par son gameplay, plutôt minimaliste, que le jeu peut pêcher. Néanmoins, Stray propose différentes phases pour couper l'ennui, mêlant plates-formes, énigmes à résoudre et infiltration. Mais le jeu reste toujours relativement simpliste.
Le charme opère dès les premières minutes. Stray installe, en plus d’un décor imposant, un onirisme qui fait du bien. Tout commence par le réveil d'un chat roux niché au sommet d’un réservoir envahi par la verdure. Vous commencez par quelques étirements et quelques coups de patounes, ronrons et léchouilles sur vos congénères avant de partir faire le funambule sur les corniches alentours.
C'est un plaisir immédiat que de s’immiscer dans la peau d'un chat dont les mouvements sont parfaits de mimétisme. Oui, le chat de Stray ressemble vraiment à un chat, il peut se frotter aux jambes de certains personnages (et vous entendrez le ronronnement sortir du haut-parleur de la manette), peut faire ses griffes sur un tapis ou un tronc d'arbre, faire une sieste si un endroit douillet se présente à lui ou encore faire tomber des objets d'une étagère à coups de patte. Bref, un chat qui fait tout ce qu'on attend d'un chat.
La seule frustration viendra du fait que c'est le jeu qui vous autorise à sauter d'une plateforme à l'autre (une touche s’affiche à chaque bond possible) et non pas le joueur. Nous ne sommes donc pas dans un jeu de plate-forme classique où les sauts ratés sont possibles. Selon les développeurs, c'est parce qu'un chat ne rate jamais ses sauts. Sauf, bien évidemment, quand cela sert l'histoire. En effet, tout commence pour notre chat quand celui-ci quitte l'éden végétal dans lequel il vit avec les siens en chutant dans les bas-fonds de la ville après qu'une gouttière se soit effondrée.
Votre terrain de jeu sera une ville déshumanisée dont l'inspiration semble être Hong-Kong. Point d'êtres humains dans Stray, les seules «personnes» que vous rencontrerez sont des androïdes amicaux avec un écran en guise de visage. Alors que vous tenterez de retrouver la surface, vous serez amené à aider les autochtones en explorant la ville et en rendant de menus services.
Le terrain de jeu est relativement ludique, entre les nombreux points en hauteur, les petites entrées par lesquelles se faufiler ou encore les obstacles à déjouer, on prend beaucoup de plaisir à arpenter la ville dont la verticalité est vraiment mise en avant.
Néanmoins, explorer une ville à l'échelle d'un petit félin amène de nombreuses contraintes et une aubaine pour les développeurs. Celle d'imaginer quelques puzzles à résoudre, demandant d’enchaîner quelques actions dans un ordre précis pour avancer. Vous serez également amené à devoir être le plus discret possible durant des phases d'infiltrations pour échapper à des ennemis, ou encore subir quelques courses-poursuites. Les bas-fonds de la ville sont parfois remplis de gros cafards qui voudront vous faire la peau.
Si Stray ne pose aucune difficulté particulière, qu'il faille réfléchir ou s'infiltrer pour échapper à des ennemis, le challenge est loin d’être insurmontable et l'aventure relativement courte. Une aventure qui se finit en moins de 6h en ligne droite, un peu plus si vous explorez la ville dans ses moindres recoins.
Un petit jeu donc, modeste, mais avec un cœur gros comme ça. Là est vraiment la force de Stray. Ce jeu offre une ambiance et une expérience unique. Si, comme nous, vous êtes du genre à privilégier la direction artistique au gameplay et que vous aimez les pôtichats, alors Stray est une petite pépite qui saura vous rafraichir durant cet été caniculaire.
Stray est disponible sur PC, PlayStation 4 et 5 et coûte 30.-
(Il est gratuit pour les abonnées du Playstation Plus).