Lundi après-midi, un effrayant compte à rebours s'est enclenché. De ceux qui prédisent une cohue, des cris, des larmes, des déçus et le capitalisme.
Seize jours avant la sortie (très) attendue de son troisième album, Hit Me Hard And Soft, les fans peuvent officiellement prendre leur mal en patience: la tournée mondiale de Billie Eilish a été dévoilée. Si les billets ne seront en vente que jeudi matin, vous êtes déjà priés de vous inscrire sur une infâme liste d'attente, à la manière de l'Eras Tour d'une autre célèbre femme d'affaires. De quoi fourguer des crampes et quelques boutons aux moins réactifs d'entre nous.
Ceci dit, gardez vos meilleurs grognements pour jeudi, car on ne connait pas encore les tarifs pour être en mesure de manger une miette de son tour du monde.
Sans compter que le pire est à venir.
Après un décollage de la tournée à Québec, en septembre prochain, la meilleure copine de Lana Del Rey va bénir une trentaine de villes américaines, avant de traverser l'Atlantique pour une série de concerts qui donne littéralement le tournis: Paris (2x), Stockholm (2x), Copenhague (2x), Amsterdam (3x), Cracovie (2x), Barcelone (2x), Glasgow (2x), Dublin (2x), sans oublier Bologne, Prague ou encore Vienne. On a gardé les veinards pour la fin, puisque les Anglais auront l'embarra du choix, avec six (!) concerts à Londres et quatre à Manchester.
Avec un tel déballage scénique, on se dit que Zurich aura elle aussi droit à sa messe, en bonne et due forme. Si Taylor Swift a réussi à pointer notre pays sur une carte, il n'y a pas de raison que la jeune surdouée rate l'exercice. Hélas, en faisant défiler cette belle brochette de pays européens, la goutte au front, on va progressivement déchanter:
Autant vous dire qu'on n'est pas Happy than ever et qu'on dirait bien que All the good girls go to hell, mais pas in Switzerland. Que? Quoi? Pourquoi? Alors, certes, la Californie pourrait abriter dix fois la Suisse et les Romands sont considérés comme des Parisiens bottés en touche, mais tout de même. Zurich? Nan? Pas même un saut de puce dans notre petite New York à nous, spécialisée dans l'émincé de veau, le café à 8 balles et les gros concerts? En souvenir du bon temps et de ce fameux 2 juillet 2022, au Hallenstadion?
Que se passe-t-il Billie?
Pour l'heure, il semble que l'on soit contraint de sauter dans un TGV pour espérer apercevoir la superstar de 22 ans sur scène, le 10 ou le 11 juin 2025 à l'Accor Arena. Car on ne va tout de même pas rejoindre Londres en avion pour un simple concert. D'autant que l'auteure du dernier James Bond Theme n'arrête pas de nous assurer que ses concerts sont écofriendly, que ses vinyles aussi et qu'elle fricote avec une association pour réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre.
Suffisamment désappointés pour ne pas se laisser envahir par la tristesse, on décide alors d'envoyer un email au tour-opérateur de Billie Eilish, histoire de nous enquérir de cette fâcheuse lacune. Ou d'espérer un ajout de dernière minute, comme l'invité surprise que tout le monde attend secrètement. Une bouteille jetée à la mer lundi... qui n'a toujours pas trouvé de récipiendaire chez le géant Live Nation.
Jusqu'à nouvel ordre, on se contentera donc de relire son interview franche du poignet, dans Rolling Stone, où elle nous parle ouvertement de sa (nouvelle) passion pour elle-même, après avoir été en guerre contre son corps, dans des séances de masturbation «face au miroir» qui lui ont «sauvé la vie».
Maigre consolation, une fois dans l'univers impitoyable des réseaux sociaux, on réalise que, de par le monde, les déçus sont légion. De l'Afrique du Sud à La Nouvelle-Orléans, en passant par Zurich, les escales considérées comme accessoires n'ont plus qu'à se serrer les coudes et... découvrir Cracovie?