En Suisse romande, tout le monde connaît l'homme de radio Jean-Marc Richard et pilier de la vie alternative à Lausanne dans les années 80. En mai, il commentera pour la 34e et dernière fois l'Eurovision. Il détient pour l'instant le record de longévité.
Jean-Marc Richard termine en commentant l'Eurovision à Bâle après la victoire de la Suisse avec Nemo l'an dernier à Malmö. «Enfin!», s'exclame-t-il. En 1989 à Lausanne, il avait suivi la dernière Eurovision organisée en terres helvétiques pour la radio locale Radio Acidule: «je m'en souviens bien, car j'avais interviewé Céline Dion», explique-t-il. La boucle est bouclée.
«Il y a encore quelques années, personne ne voulait commenter le Concours Eurovision de la chanson. On trouvait ce truc nul, ringard. Et maintenant tout le monde s'y intéresse», poursuit celui qui commente le show pour la RTS depuis 1992.
Différentes tendances se dessinent parmi les candidats 2025 du concours, selon Jean-Marc Richard. «On verra si le public veut du romantique, de l'humour ou quelque chose de plus sombre», souligne-t-il.
Le Vaudois commence par citer la tendance des ballades romantiques. Il y place par exemple le titre «Voyage» de la candidate suisse Zoë Më ou «Maman» de Louane, qui chante pour la France.
Viennent ensuite des morceaux plus sombres: c'est le cas entre autres de «Wasted love» de l'Autrichien JJ, de «Katarsis» du Lituanien Tavo Akys ou, à cheval entre le romantique et le dark, de «Mila» du chanteur serbe Princ.
Troisième tendance, l'humour, incarné par des titres comme «Espresso Macchiato» de l'Estonien Tommy Cash, qui fait d'ailleurs grincer des dents en Italie. Ou encore la chanson suédoise «Bara bada bastu» du groupe finlandais KAJ, une des favorites pour l'instant, où trois chanteurs et joueur de bandonéon parlent d'un sauna, en pleine forêt.
Environ un mois avant la finale, ce sont les Suédois qui continuent de caracoler en tête.
Jean-Marc Richard, qui a commencé à la RTS en 1991, part officiellement à la retraite l'an prochain. Dès la fin de l'année, finis «Le Kiosque à Musiques» qu'il anime depuis 1992 et «La ligne de coeur» après 14 ans d'antenne. Un film est en préparation.
Le Lausannois, qui s'est installé à Berne avec sa famille il y a huit ans, reste dans la délégation suisse de l'Eurovision et conserve un mandat à la RTS jusqu'à fin 2027 pour la musique populaire. Et de rappeler les turbulences par lesquelles va passer le média de service public, soumis à la pression de plusieurs scrutins populaires majeurs.
A la retraite, il aimerait peut-être retourner dans une radio locale. «C'est mon ADN de départ, je suis toujours resté Radio Acidule, Dolce Vita et Cabaret Orwell». Car avant son entrée à la RTS, Jean-Marc Richard, libraire de formation, a été pilier de la vie alternative à Lausanne dans les années 80.
En plus des clubs de rock, liés à «Lôzane Bouge», le mouvement de contestation du début des années 80, l'agitateur, qui n'a pas fini l'école obligatoire, a participé avec le délégué de la Ville de Lausanne, Claude Joyet à la création du Parlement des Jeunes, «le premier en Suisse». Celui-ci tenait ses assemblées dans le club de la Dolce Vita.
Et de citer encore quelques projets auxquels il a participé: l'Association pour le logement des Jeunes en formation (ALJF), qui permet toujours, presque 40 ans après sa création (1988), à des étudiants de se loger à petit prix dans des squats légalisés, le Bus pyjama offrant la possibilité aux jeunes de se déplacer la nuit, les lieux de répétition pour les groupes de rock dans les locaux de la protection civile, le skate parc de la Chocolaterie, sans oublier la création de la Télévision de la région lausannoise (Tvrl) en 1993, sous l'ère du syndic Daniel Brélaz, ancêtre de la Télé, la Télévision régionale Vaud & Fribourg. (jzsats)